Très sérieusement secouée par la pandémie, qui a montré les limites de son modèle économique, la société espère désormais convaincre le gendarme américain de la Bourse.
Ces derniers mois et encore aujourd'hui, la crise sanitaire provoquée par le coronavirus a fait plonger les acteurs du tourisme dans une crise sans précédent, plombés par un trafic aérien à l'arrêt et de nombreuses interdictions ou procédures de quarantaine instaurées ici et là. Airbnb fait partie de ces sociétés meurtries sur le plan économique par la pandémie. Pour faire repartir la machine, la firme californienne estime que le moment est venu de se lancer en Bourse.
Une valorisation théorique qui a fondu en quelques mois
La rumeur, relancée il y a quelques jours, était bien réelle. L'entreprise Airbnb a publié, mercredi, un court communiqué dans lequel elle indique avoir soumis un dossier confidentiel d'enregistrement en Bourse auprès de l'exigeante Securities and Exchange Commission (SEC), qui n'est autre que l'autorité fédérale américaine régulant et contrôlant les marchés financiers, donc les introductions en Bourse.
La firme de San Francisco, qui pesait entre 30 et 35 milliards de dollars avant cette année et la crise, précise ne pas avoir encore déterminé le nombre d'actions qui seraient mises sur le marché ni la fourchette de prix de l'offre, mais pour l'heure, c'est au gendarme américain de la Bourse de mener son examen puis de rendre son verdict, très attendu au sein d'une entreprise touchée.
Au début du mois de mai, Airbnb avait annoncé se séparer du quart de ses effectifs, soit 1 900 des 7 500 employés. Peu de temps avant, au mois d'avril et alors que plusieurs marchés majeurs du service de location d'hébergement avaient à affronter un confinement, l'entreprise ne valait plus, selon les spécialistes économiques américains, que 18 milliards de dollars.
Airbnb, le bon moment pour se lancer
Alors pourquoi cette tentative d'introduction en Bourse « confidentielle » (qui n'impose pas à Airbnb de dévoiler des éléments financiers la concernant) au moment où l'entreprise connaît une crise majeure ? Il y a d'abord la volonté de renflouer les caisses et de se donner de l'air. L'évidence. Mais ce n'est pas tout. L'activité reprend, et pour la première fois depuis le 3 mars 2020, Airbnb a enregistré un million de nuitées en une seule journée. C'était en juillet. Les séjours courts, eux, ont commencé à repartir à la hausse dès le mois de juin.
Le timing est loin d'être anodin donc, d'autant plus qu'Apple vient tout juste de devenir la première entreprise à être valorisée à plus de 2 000 milliards de dollars en Bourse. Plus globalement, la demande d'Airbnb intervient dans un contexte où le marché a repris confiance, et où les investisseurs bombent à nouveau le torse.
Comment sera accueilli le dossier déposé par Airbnb par le gendarme US de la Bourse ? Et comment une hypothétique introduction serait ensuite perçue par le marché ? Il est trop tôt pour le dire. Car si le moment semble opportun, Airbnb fait toujours face à une défiance de nombreuses grandes villes. Plus récemment, le site a mis en place une restriction contraignant sérieusement la réservation de séjours via la plateforme par les jeunes de moins de 25 ans issus de France, d'Espagne et d'Angleterre, toujours dans le contexte pandémique. La partie n'est pas encore gagnée pour Airbnb.
Source : WSJ