Touchant les limites du système d'enchères publicitaires de son moteur de recherche, le géant Google fait, malgré lui, la promotion d'arnaques financières.
Relayés par le magazine 60 Millions de consommateurs, les témoignages d'arnaques en ligne se multiplient, et Google n'y est pas étranger. Pire, le plus célèbre des moteurs de recherche est l'instrument d'escrocs qui utilisent sa régie publicitaire pour faire la promotion de sites frauduleux ayant déjà piégé (et ruiné) plusieurs victimes, aujourd'hui en détresse.
Des escrocs qui parviennent à placer leurs sites pirates tout en haut des résultats Google
La situation peut émouvoir, certains ayant perdu les économies d'une vie, après avoir tapé une banale requête sur Google. À la recherche d'un meilleur placement pour leur épargne, plusieurs victimes ont cru ouvrir un livret au taux avantageux, avec un gros capital garanti, avant de se rendre compte, hélas trop tardivement, qu'elles ne reverraient pas la couleur de leur argent.
Pour appâter leurs cibles, les escrocs utilisent la régie publicitaire de la firme de Mountain View, Google Ads. On rappelle que la plateforme permet, via un système d'enchères automatisées, de mettre en valeur son site, produit ou service sur certains mots, expressions et marques, et de le positionner tout en haut des résultats, bien visibles donc pour les consommateurs.
C'est de cette façon que les victimes ont été piégées : en cliquant d'abord sur ces fameux liens « sponsorisés », qui renvoient à chaque fois vers un site internet pirate mais conçu pour paraître le plus crédible et alléchant possible aux yeux des visiteurs, avec des offres de placement particulièrement intéressantes, surtout dans un tel contexte inflationniste.
L'inertie de Google pointée du doigt
Généralement, la victime est contactée par un soi-disant conseiller, qui n'hésite pas à user de l'argument temporel pour laisser peu de temps à la réflexion et ainsi accélérer la prise de décision du consommateur. Par exemple, l'arnaqueur peut presser sa cible en lui faisant miroiter une prime, qu'elle obtiendrait dans le cas où elle placerait son argent avant la fin du mois. Il lui fait alors rapidement signer un contrat, récupère les sommes versées et disparaît dans la nature.
Tous les liens sponsorisés et positionnés en haut des résultats ne sont pas des arnaques, heureusement. Sauf que le reproche aujourd'hui fait à Google est que rien n'est véritablement mis en œuvre pour débusquer les arnaques afin de ne promouvoir que les annonces légitimes.
D'autant plus que les victimes sont rassurées par la présence de cette mention « Sponsorisé », mais aussi car elles observent que le lien sur lequel elles cliquent est entouré de résultats de grandes banques ou d'organismes bien connus. Et les escrocs l'ont bien compris. Rien qu'en 2021, on estimait à 500 millions d'euros (sur une année seulement) le préjudice global des victimes d'escroqueries financières liées à ces publicités, avec une moyenne atteignant 72 000 euros déposés sur un faux livret d'épargne.
Pour pousser Google à sortir de cette inertie (même si 9 000 publicités par seconde étaient retirées en 2022), une action collective contre l'entreprise pourrait être lancée. À moins que la firme au moteur de recherche ne décide de serrer définitivement la vis sur ce sujet.
Sources : 60 Millions de consommateurs, TF1