© Binance
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Une enquête de l'agence Reuters du 21 janvier ne va pas contribuer à redorer le blason de Binance, le plus gros exchange de crypto-monnaies. Parmi les talons d’Achille de l’entreprise, de grosses lacunes dans les procédures de compliance et de fortes suspicions de blanchiment d’argent.

Dans un milieu ayant connu une expansion folle depuis 2020, Binance collectionne les mauvais points, même si son P.-D.G. fait des efforts pour séduire les autorités financières mondiales. La plateforme aurait notamment des liens avec une affaire de terrorisme islamique survenue en Autriche en 2020.

Des suspicions de blanchiment d’argent par dizaines

La liste des faits reprochés à la plateforme d’exchange est longue. En 2018, les avocats de 30 victimes de fraudes en Allemagne ont demandé des explications à Binance, mais la société n'a pas donné de réponse. Dans la même année, une plateforme d'exchange japonaise a subi un vol de 63 millions d’euros. Alors que 10 millions de BTC ont été transférés sur des centaines de comptes Binance, les poursuites judiciaires à l’encontre de l'entreprise n’ont mené à rien.

Binance aurait également hébergé des comptes de personnes en lien avec un terroriste qui a ouvert le feu dans des établissements de nuit à Vienne, en 2020. La réponse de la plateforme sur ce point est restée parfaitement laconique, faute de preuves tangibles. La société est aussi accusée d'héberger les nombreux pays à risque que comptent la planète, en faisant l’impasse sur la régulation. Au Pakistan, au Myanmar et au Cambodge, il est très facile d’ouvrir un compte Binance, malgré les risques élevés de criminalité dans ces pays.

Tout pour l’argent, le KYC en second plan

En 2017, la régulation n’était visiblement pas la priorité de Changpeng Zhao, le P.-D.G. de Binance, et de ses collaborateurs. La situation ne semblerait guère mieux aujourd’hui. La philosophie de l’entreprise est cristallisée dans un message Telegram d’un ponte de Binance : « Réduire le KYC [la connaissance du client, ndlr], lever les limites [de transactions], voilà le meilleur combo. » Il règne chez Binance un culte du fric à tout prix, au mépris des régulations internationales, ce qui lui ont donné mauvaise presse chez ses collaborateurs et chez les autorités financières mondiales.

« Tout le monde est terrifié par CZ », raconte un ancien employé, qui décrit son ancien patron comme un homme extrêmement puissant et peu enclin à entendre les critiques. Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir fait les yeux doux aux autorités financières des États européens. En 2018, Binance voulait s'installer durablement à Malte et obtenir une licence, avant d'être rabrouée après des enquêtes. Mais ce contrecoup n'a pas ralenti la marque dans sa volonté de domination du marché crypto.

Source : Reuters