Depuis Nassau, aux Bahamas, où il réside, Sam Bankman-Fried s'est résolu à accepter quelques interviews après avoir longtemps limité sa communication à des tweets.
À encore croire « SBF », il n'y aurait pas eu de département dédié au management du risque chez FTX (!).
Sam Bankman-Fried ne se voit pas tel un escroc
Lorsque George Stephanopoulos, le présentateur de la matinale d'ABC « Good Morning America », commence son interview du fondateur, et désormais ex-P.-D.G. de FTX, Sam Bankman-Fried, avec la formule selon laquelle « de nombreuses personnes vous regardent et voient Bernard Madoff », le ton est pour le moins donné. Pour autant, celui que l'on surnomme « SBF » se refuse à être comparé à l'escroc américain, connu pour avoir employé un système de Ponzi ayant conduit au détournement de 65 milliards de dollars.
Sam Bankman-Fried, qui a quitté la tête de FTX le 11 novembre 2022, esquive plusieurs fois les questions relatives à sa connaissance potentielle du fait que des fonds déposés sur FTX aient été employés pour financer les créditeurs d'Alameda Research, une filiale de FTX. À la troisième tentative de George Stephanopoulos, SBF commence par admettre qu'il n'avait pas connaissance de cela, malgré les affirmations contraires de Caroline Ellison, la désormais ex-P.-D.G. d'Alameda Research.
Au cours de l'interview, peu convaincu par les longues secondes d'hésitation de SBF, George Stephanopoulos revient une énième fois sur la question de ce financement d'Alameda Research. Mais cette fois, Sam Bankman-Fried ne nie pas tant sa connaissance que la légalité de l'action, affirmant qu' il « ne savait pas qu'il y avait un quelconque usage illégal des fonds des clients de FTX ».
Une interview fortement centrée sur sa personne
Au cours des 10 minutes d'interview, l'un des points les plus gênants est qu'à aucun moment, ou presque, le sort des millions de clientes et clients de FTX n'est évoqué. Au contraire, dans un pays friand de ce type d'interview « vérité », les questions ont majoritairement été tournées vers la personne de Sam Bankman-Fried (cela, notamment du fait qu'il puisse être condamné à une peine de prison) ou encore vers la fortune personnelle de SBF, estimée cet été encore à plus de 30 milliards de dollars. Dans cet interview, l'entrepreneur affirme qu'il ne lui restait plus « que » 100 000 dollars sur ses comptes, contre environ 20 milliards de dollars cet été.
Et pour expliquer notamment cette chute vertigineuse, qui conclut d'ailleurs l'interview, Sam Bankman-Fried estime que cela est dû à son absence de plan de gestion des risques. « Si je n'avais consacré ne serait-ce qu'une heure par jour à la gestion des risques au sein de FTX, je ne pense pas que tout cela serait arrivé », affirme-t-il à George Stephanopoulos. Une concession, si elle s'avère, qui semble particulièrement invraisemblable pour une entreprise de cette envergure.
Source : ABC