David Marcus, le patron du projet Libra, promet que la cryptomonnaie de Facebook ne sera pas lancée avant que tous les doutes à son sujet ne soient levés. La Suisse devrait en assurer la surveillance
Depuis l'annonce le mois dernier de l'arrivée prochaine du Libra, il est évident que la cryptomonnaie de Facebook ne fait pas consensus. De l'inquiétude et des craintes, voilà ce qu'elle suscite au sein des grandes puissances et du lobbying de la finance. Alors, de nombreux États ou régions, comme l'Europe, les États-Unis, la Chine et dernièrement le Japon, demandent des comptes à Facebook au sujet de sa monnaie virtuelle. David Marcus, patron de la filiale Calibra, qui gère le projet, s'est expliqué devant le Congrès américain, en faisant une annonce étonnante.
La surveillance du Libra confiée à la Suisse, où se trouve son siège
Avant son passage devant les élus américains, mardi et mercredi, David Marcus a souhaité publier son témoignage afin que ce dernier soit relayé dans le monde entier et puisse parvenir aux oreilles des puissants. L'ancien président de PayPal s'est dit soucieux de lancer la cryptomonnaie Libra dans de bonnes conditions. Le dirigeant indique qu'il « prendra le temps de faire les choses bien ».S'agissant de la réglementation, Facebook a décidé de se tourner vers la Suisse et la Finma, l'autorité des marchés financiers, pour encadrer et surveiller la future cryptomonnaie du réseau social et de ses partenaires. C'est le préposé fédéral à la protection des données qui aura la charge de la gestion des données personnelles. L'Association Libra ayant son siège basé à Genève, David Marcus, américain d'origine franco-suisse, jouera donc à domicile.
Concernant les revenus de l'Association, qui est censée être un organisme à but non lucratif, le dirigeant, interrogé par le Comité sénatorial des banques mardi, a répondu vouloir éclaircir cette question avec le législateur.
Facebook n'a pas l'intention de conduire une politique monétaire
Avant le lancement prévu du Libra au premier semestre 2020, Marcus se veut donc rassurant, au nom de Facebook. « L'Association Libra n'a aucune intention de faire concurrence à des monnaies ni de mener une politique monétaire, qui est le monopole des banques centrales », a-t-il déclaré, répondant ainsi aux inquiétudes des différentes institutions, qui redoutent que la monnaie virtuelle ne perturbe la stabilité financière mondiale.Fait cocasse, le sénateur Brown a interpellé David Marcus, au début de son audition, en lui demandant s'il était prêt à percevoir son salaire en Libra. D'abord hésitant, il a fini par se lancer : « Je le ferais, mais notre objectif n'est pas de concurrencer les services bancaires », a-t-il répondu une nouvelle fois.
Calibra dissociera ses données récoltées de Facebook
La machine Libra collectera des données en masse, et ce dans le monde entier. Alors forcément, les sénateurs américains ont fait preuve de curiosité s'agissant des liens que va entretenir Calibra avec Facebook. David Marcus garantit que les informations personnelles et financières collectées dans le cadre du Libra seront entièrement séparées de Facebook. « Pour gagner la confiance des gens, nous devrons respecter les normes les plus strictes en matière de confidentialité », assure le dirigeant.Sur le plan sécuritaire, Calibra s'engage, en cas de vol de Libra, à protéger et à rembourser le consommateur, comme l'a aussi confirmé Marcus mardi. En ce sens, le chef du projet Libra promet une sécurisation des services, avec l'obligation, pour toute personne qui ouvre un portefeuille Libra, de télécharger un identifiant délivré par le gouvernement, qui renforcera aussi la lutte contre le blanchiment d'argent.
Source : Sénat US