Entre Sony et Netflix, tout n'est pas rose. C'est ce qu'indiquent des emails publiés jeudi par Wikileaks : issus du piratage massif de Sony Pictures survenu fin 2014, ils mettent notamment en avant des messages de Keith Le Goy, président de la partie distribution du studio. Daté de novembre 2013, l'un des messages exprime la colère de Le Goy contre Netflix, qui n'agit pas pour empêcher les internautes des pays où le service n'est pas disponible, d'y accéder par l'intermédiaire d'un VPN. Pour mémoire, un VPN, ou réseau privé virtuel, permet de faire croire à des sites ou services que l'internaute se trouve dans un autre pays, pour accéder à du contenu localisé.
« Nous avons demandé à Netflix de prendre des mesures pour surveiller de plus près des sites Web permettant de contourner les restrictions, et de restreindre les méthodes de paiement pour éliminer les abonnés s'inscrivant illégalement sur le service. C'est, en effet, une autre forme de piratage, en partie validée par Netflix à partir du moment où ils acceptent les abonnés venant de pays dans lesquels ils n'ont pas le droit de vendre notre contenu » explique le mail. Sony et les autres distributeurs qui concluent des partenariats avec Netflix, délimitent la diffusion de leurs contenus dans certains catalogues locaux. On comprend donc en quoi la démarche du service de SVOD pose problème, puisqu'il ne paie pas les droits dans les pays où les internautes utilisent un VPN.
L'Australie pointée du doigt
A l'époque, l'un des pays ciblés par les critiques de Sony était l'Australie, dans lequel le nombre d'abonnés « détournés » à Netflix a toujours été important. Le service est officiellement disponible sur le territoire depuis le mois de mars 2015. Pour le ministre de la Communication australien, Malcolm Turnbull, l'usage d'un VPN ne constitue pas une violation du droit d'auteur en vigueur dans le pays.L'Afrique du Sud et l'Islande étaient également cités par Keith Le Goy. Dans ces pays, Netflix n'est pas encore présent. « Bien évidemment, Netflix continue de percevoir des revenus, ce qui dynamise son action en bourse. Ils ont toutes les raisons de continuer, même si c'est illégal ».
Reed Hastings, le patron de Netflix, s'est récemment exprimé sur l'utilisation des VPN. « L'usage d'un VPN, c'est un peu le petit astérisque par rapport au piratage. Le piratage reste le vrai problème à travers le monde. » En somme, pour lui, mieux vaut utiliser un moyen de contournement que de pirater : dans le premier cas, l'utilisateur paie l'abonnement.
Un catalogue sans frontières
La solution pour Netflix : mettre en place un catalogue international. En proposant la même chose partout, pas besoin d'utiliser un VPN. Une situation relativement complexe à mettre en place puisqu'elle nécessite que chaque partenaire de la plateforme propose le même contenu partout. De plus, une telle démarche ne règlera pas les problèmes dans les territoires où Netflix n'est pas (encore) accessible.Sony Pictures est-il le seul studio à critiquer le laxisme de Netflix concernant l'usage des VPN ? Compte tenu des réflexions publiques de Reed Hastings et de la recherche de solutions, probablement pas. Ce qui semble acquis, cependant, c'est que Netflix ne compte pas mettre en place de mesures visant à empêcher les habitants d'un pays dans lequel le service n'est pas accessible de s'y abonner.
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