A l'heure actuelle, les présentations, les animations ou les cours restent assez unilatéraux. Le plus souvent, une seule personne est face à un groupe de gens. Dans le meilleur des cas, une poignée d'individus rend la session dynamique via plusieurs échanges. Mais les autres restent en retrait, les yeux rivés sur leur smartphone. La société Klaxoon souhaite repenser ces interactions et précisément faire usage de ces téléphones.
Klaxoon propose ainsi un service permettant de mettre en forme un contenu pédagogique pour le déployer sur le Web au sein d'un réseau local et l'afficher directement dans le navigateur mobile des participants. Pour ce faire la société met en location un petit boitier faisant office de routeur et sur lequel chacun devra se connecter. A l'occasion du Blend Web Mix, nous avons rencontré Matthieu Beucher, fondateur et PDG de Klaxoon.
Comment a commencé le projet Klaxoon ?
Matthieu Beucher : Nous sommes issus d'une autre société qui s'appelle Regards. Au début nous faisions du coaching, le problème c'est qu'il s'agit d'un service sur-mesure assez cher. Nous souhaitions simplifier l'apprentissage en général et pas seulement pour les grands comptes. Klaxoon est né d'un projet interne en 2013 visant à optimiser les interactions. En session les gens aiment bien faire du social, voter ou partager leurs scores mais il n'y avait pas d'outils simples pour faire ce type de modules.
Le formateur dispose d'un studio très simple et peut alors créer un quiz, une petite séquence ou valider les acquis de la salle. C'est un peu comme un PowerPoint de nouvelle génération. On arrive a bien capitaliser l'information pour la diffuser auprès de tout le monde. Au début la diffusion était sur le Web mais parfois ça posait problème, notamment à cause de certaines restrictions techniques. C'est la raison pour laquelle on a décidé de fonctionner également hors Internet avec une petite box qui crée un réseau Wi-Fi local sur laquelle chacun peut se connecter. La box est autonome et passe donc outre les restrictions du DSI.
Sur quelles technologies reposent vos contenus ?
M.B : Tout est développé en HTML5 pour être compatible avec tous les smarphones.
Comment se passe la création de contenus. Faut-il se baser sur certains modèles de mise en forme ?
M.B : On contraint très peu l'utilisateur. On fait des chose simples. L'outil a pour vocation de créer des idées favorisant les interactions plutôt que de l'information descendante. Pour les transferts d'informations se sont des choses basiques. On voit d'ailleurs que c'est la tendance actuelle des présentations. L'interface n'est pas séquentielle avec un rythme précis. Aussi on peut préparer un contenu avant la session mais également pendant cette dernière. On peut lancer un vote, un défi via une question, un brainstorm en direct...
Quels sont les usages les plus fréquents chez vos clients ?
M.B : Chez Schneider par exemple, ils l'utilisent en parallèle de WebEx. Ca leur permet notamment de poser des questions en direct et d'obtenir des réponses de tout le monde rapidement lors d'une visio-conférence.
Combien de clients avez-vous aujourd'hui ?
M.B : Il y a 10 000 utilisateurs de la solution lesquels ont créé 100 000 objets Klaxoon. Il y a 200 entreprises différentes avec 50% de grands comptes et 50% d'organismes de formation.
Quel est le tarif de votre boitier ?
M.B : Il se loue à partir de 99 euros par mois. Sinon c'est un service en ligne à 49 euros par mois et par personne.
Pourquoi s'orienter vers le marché professionnel et pas celui de l'éducation ?
M.B : En fait nous avons testé Klaxoon dans une université à Rennes. On a évalué la solution dans des amphithéâtres parce qu'on avait besoin de 100-150 personnes pour valider la qualité des box. Ca nous a permis de répondre à une question concernant l'équipement des étudiants. On a été très surpris. Nous avions loué des iPad mais personne n'en a voulu, ils avaient tous - 97% - un smartphone et/ou un ordinateur.
Et en ce qui concerne les élèves de collège par exemple ?
M.B : C'est un marché plus compliqué parce qu'il y a une triptyque à prendre en compte : l'élève, le professeur et le parent d'élève. Dans le monde de l'éducation, les sociétés spécialisées répondront mieux à ces besoins. On vient vraiment du monde de l'entreprise. Mais, on le fait, il y a quelques classes qui commencent à jouer avec Klaxoon. Il y a d'autres acteurs comme Bic qui ont fait des choses sympas sur ce milieu avec une tablette pour les enfants. Dans le monde de l'éducation les logiques sont différentes, il y a beaucoup de normes.
Mais quand le parent d'élève disparaît, après le Bac, ça fonctionne très bien.
Et quid du jeu vidéo ? Parce qu'au final on pourrait se dire que vous ré-inventer les sessions LAN sur smartphones.
M.B : On est vraiment branchés gamification. Notre ADN c'est quand même de faire des choses utiles, donc si on trouve un axe sympa pour créer de nouvelles possibilités et faire naître des interactions, alors pourquoi pas.
Et disposez-vous d'interfaces de programmation que vous pourriez éventuellement distribuer à des éditeurs tiers ?
M.B : Pas encore mais on réfléchit à s'ouvrir tout en gardant un certain contrôle. Mais nous en sommes encore au stade de l'évangélisation. On a des codes similaires au jeu vidéo, notamment en ce qui concerne la simplicité de prise en main dès le démarrage.
Avez-vous déjà levé des fonds pour Klaxoon ?
M.B : Oui, il y a eu un premier tour de table d'à peu près un million d'euros il y a un an. On a été suivi par BPI, par nos partenaires bancaires et par Regards qui a également financé ce projet. Aujourd'hui nous sommes mûrs pour parler d'une nouvelle levée de fonds même si nous n'y sommes pas contraints. On devrait faire 1 million d'euros de chiffre d'affaires cette année et nous visons 10 millions d'ici deux ans.
De combien de salariés dispose Klaxoon ?
M.B : Aujourd'hui, nous sommes 20 et en fin d'année on sera 25. Pour être bien il nous faudrait être deux fois plus nombreux. Notre équipe commerciale est jeune. On est en train d'en recruter une dizaine de plus pour l'année prochaine.
Je vous remercie