Smash : le transfert de fichiers "made in France et plus performant que WeTransfer" (Interview)

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 06 octobre 2019 à 20h23
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Logo Smash (© Smash)

Les frères Goudard-Comte détaillent, pour Clubic, les contours de leur outil de transfert de fichiers français, Smash, conçu comme étant une véritable alternative à WeTransfer. Interview

Smash, c'est un peu une histoire de famille. Le service de transfert de fichiers volumineux est né en 2016 d'un projet familial mené par deux frères, Rémi (32 ans) et Romaric (39 ans), et leur père, Olivier Gouedard-Comte. Depuis sa mise en ligne, Smash a convaincu plus de 500 000 utilisateurs. L'offre premium, lancée fin 2018, a séduit 3 000 abonnés. C'est d'ailleurs le cœur de cette start-up lyonnaise basée au H7, le QG régional de la French Tech. Smash, qui ne diffuse aucune publicité sur sa plateforme, est en train de se faire un nom face au grand WeTransfer, et compte parmi ses plus gros clients des entreprises comme Universal Music, Disney ou bien la mairie de Paris, dont les collaborateurs utilisent le service. Rémi et Romaric Gouedard-Comte ont répondu aux (nombreuses) questions de Clubic.

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Une grande partie de l'équipe de Smash (© Smash)

L'interview de Rémi et Romaric Gouedard-Comte

Clubic : Comment est venue l'idée de créer Smash ?

Rémi et Romaric Gouedard-Comte : L'idée vient de nos précédentes expériences, où nous avions pu identifier des frustrations, de réelles problématiques sur le marché et nous rendre compte qu'il y avait un vrai décalage entre ce que les collaborateurs faisaient et ce que la direction général ou la DSI préconisait de faire. À partir de là, nous avons décidé de créer un outil destiné à réconcilier un peu tout le monde, c'est-à-dire qui donne la possibilité aux collaborateurs d'envoyer extrêmement simplement leurs fichiers, et y ajouter des fonctionnalités qui vont répondre aux besoins de ces DSI ou de ces directions générales, pour qu'ils puissent reprendre le contrôle du respect de la confidentialité. On envoie de plus en plus de fichiers, de plus en plus lourds. On s'était dit qu'il pouvait être intéressant de faire bénéficier les professionnels d'un nouveau canal de communication. Cela marche super bien chez les indépendants, notamment chez les créatifs, dont le cœur de métier est de vendre la production de leurs contenus (photos, vidéos, musiques). Ils ont peu de moyens et ne peuvent pas s'acheter du média pour faire connaître leur site internet. On leur donne la possibilité de faire connaître les produits qu'ils diffusent tous les jours. L'engagement, le taux de clics à travers tous les outils que l'on met à disposition, est assez fort, notamment sur les boutons d'appel à l'action, diffusés à côté des contenus.

Pour nous, il n'était pas concevable d'envoyer, en 2019, un fichier avec une limite de poids. C'était un de nos pré-requis. Ce que nous voulions, c'était avoir le moins de friction possible, pour éviter de pousser les utilisateurs à faire autrement.

« Plus de 95 % de nos transferts sont liés à une activité professionnelle »


Clubic : Le service est-il essentiellement destiné aux professionnels ?

Rémi et Romaric Gouedard-Comte : Tout à fait, peu importe la taille des entreprises d'ailleurs. Beaucoup de nos clients sont en fait des collaborateurs ou des agents de grandes organisations, qu'elles soient publiques ou privées. lls contournent les solutions existantes pour utiliser notre offre gratuite. Plus de 95 % de nos transferts sont liés à une activité professionnelle. Il y a peu de particuliers en réalité. Leur usage est vraiment ponctuel, ça peut être une fois dans l'année par exemple, pour envoyer des photos d'anniversaire ou de mariage.

Clubic : Le but est-il de séduire de plus en plus de particuliers, ou vous restez focus sur le B2B ?

Rémi et Romaric Gouedard-Comte : Nous non, nous ne cherchons pas particulièrement à développer ce canal. Ce que l'on sait, c'est qu'à partir du moment où les gens commencent à connaître le service et qu'ils le trouvent simple, pratique et efficace, que ce soit dans un contexte pro ou particulier, ils peuvent être amenés à l'utiliser. C'est intéressant qu'il y ait un maximum de viralité.

« Avec WeTransfer ? Nous ne sommes pas complètement positionnés sur le même marché »



Clubic : Avoir un concurrent comme WeTransfer, ça booste ou ça contient un peu votre progression ?

Rémi et Romaric Gouedard-Comte : Ça nous booste, oui, car WeTransfer propose un service performant. C'est un vrai challenge tech d'essayer de faire mieux. Mais nous ne sommes pas complètement positionnés sur le même marché. On s'adresse davantage aux entreprises qu'eux. Ils ont un business model média, contrairement à nous. Nous sommes en concurrence avec eux sur le gratuit.

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Vous pouvez apercevoir les différentes options de personnalisation, très pratiques (© Smash)

Clubic : Concernant les fonctionnalités, on en relève plusieurs intéressantes, comme l'aperçu des fichiers envoyés ou l'envoi au-delà des 2 Go. Il n'y a donc pas de limite d'envoi, mais vous indiquez qu'au-delà des 2 Go pour Smash Free, le transfert est "non prioritaire." Qu'est-ce que ça signifie concrètement ?

Rémi et Romaric Gouedard-Comte : Cela veut dire qu'en fonction du nombre de personnes qui à un moment T envoient des fichiers au-delà de 2 Go, nous priorisons le traitement des transferts de plus de 2 Go effectués par des abonnés payants. Le transfert ne démarre pas en temps réel, il est légèrement décalé. L'utilisateur est alors placé dans une file d'attente qu'il peut surveiller, avec le temps indiqué qu'il lui reste à attendre avant que le lien ne soit disponible.

« L'application mobile devrait être disponible courant octobre »


Clubic : La personnalisation des envois (design, images, logo, durée de disponibilité du lien, mot de passe...) est-elle beaucoup sollicitée ?

Rémi et Romaric Gouedard-Comte : Les pros abonnés apprécient énormément la personnalisation. Le fait de pouvoir tout brander aux couleurs de leur entreprise pour valoriser leur activité est très apprécié.

Clubic : Quand proposerez-vous une version mobile aux utilisateurs ?

Rémi et Romaric Gouedard-Comte : Pour l'instant, on ne peut que consulter un smash avec son mobile. Mais nous sommes en train de finaliser l'application, qui devrait être disponible courant octobre sur Android puis iOS. Les pros souhaitaient cette application. Vous avez beaucoup d'agents de terrain par exemple qui ont besoin de rapidement envoyer tel ou tel fichier. Avec Smash, ils ne sont pas limités pas WhatsApp ni par les messageries électroniques, qui leur imposent des limites de poids et d'envoi.

Clubic : Où hébergez-vous vos données ?

Rémi et Romaric Gouedard-Comte : Nous stockons les données et fichiers de nos utilisateurs au plus près d'eux, où qu'ils se situent dans le monde. En France, nous stockons par exemple sur trois data centers d'Île-de-France. Et plus on stocke près des utilisateurs, mais on consomme d'énergie. Et on consomme moins d'énergie qu'une boite mail par exemple, à partir de laquelle on ne pense pas nécessairement à supprimer nos pièces-jointes, alors que nos fichiers Smash sont automatiquement supprimés au bout d'un certain temps.

Clubic : Avec quel hébergeur travaillez-vous ?

Rémi et Romaric Gouedard-Comte : Nous avons choisi Amazon Web Services. Il a fallu plusieurs mois de réflexion, pour étudier toutes les offres du marché. Par rapport à notre ambition et aux performances recherchées, AWS s'imposait naturellement.

« L'objectif, c'est d'être à l'équilibre fin 2021 »


Clubic : Vous avez annoncé il y a quelques jours avoir levé 1,5 million d'euros. À quoi va servir cette somme et qui se cache derrière les investisseurs ?

Rémi et Romaric Gouedard-Comte : La levée va nous permettre d'accélérer le développement de Smash, d'abord sur un aspect technologie, grâce à des recrutements, pour développer tout un tas de fonctionnalités qui vont répondre aux besoins spécifiques de nos utilisateurs. Elle va servir à développer un écosystème autour de Smash. L'idéal est de pouvoir se fondre dans l'environnement de travail de l'utilisateur. Commercialement parlant, nous pourrons allouer plus de ressources pour transformer plus de membres gratuits en abonnés payants.

Nous avons une dizaine d'investisseurs. Huit business angels sont Américains, un est Français. Le family office, lui, est Français. Ils ont tous une fibre digitale/numérique.

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La page d'accueil du service. Simple, sobre, efficace (© Smash)

Clubic : Quel est votre business model ? Combien êtes-vous chez Smash ?

Rémi et Romaric Gouedard-Comte : Nous sommes neuf aujourd'hui. Notre business model, c'est notre système d'abonnement, mensuel ou annuel. Nous facturons, notamment pour les grandes entreprises, en fonction du nombre de collaborateurs amenés à utiliser le service. L'objectif, c'est d'être à l'équilibre fin 2021.

Clubic : Est-ce que la France est le terrain de jeu idéal pour développer une start-up du numérique ?

Rémi et Romaric Gouedard-Comte : Nous sommes accompagnés et avons fait le choix d'être "accélérés" par le B612 (NDLR : un incubateur accélérateur de start-up tech propulsé par La Caisse d'Epargne Rhône Alpes) et par le H7 à Lyon, qui veut être le lieu principal de la French Tech au niveau régional. Nous sommes aussi accompagnés pa la BPI, qui joue un rôle important dans le développement des start-up et des projets innovants.

Clubic : Un dernier mot pour la fin ?

Rémi et Romaric Gouedard-Comte : Nous invitons tous les lecteurs de Clubic à essayer Smash, un service made in France plus performant que WeTransfer !
Alexandre Boero
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