Deux étages d'Ariane 6 arriveront ce mois-ci au Centre Spatial guyanais, pour former une fois assemblés la première Ariane 6, qui sera dédiée aux essais combinés. En attendant le vol inaugural, Arianespace va opérer ses trois autres lanceurs lors de campagnes étalées sur toute l'année.
Les nouveaux contrats viennent supporter les cadences futures.
Arianespace, opérateur solide !
Huit satellites Galileo répartis sur trois lancements d'Ariane 6 et un Soyouz, ainsi que deux satellites légers de l'Agence Spatiale italienne à envoyer avec Vega et Vega C. Voici les nouveaux contrats majeurs dévoilés hier par Arianespace lors des traditionnels « vœux à la presse », animés par le P.-D.G. de l'entreprise basée à Évry, Stéphane Israël.
Des satellites institutionnels, au service d'agences étatiques ou de l'Union européenne, qui représentent une part croissante du carnet de commandes d'Arianespace aujourd'hui, même si l'opérateur revendique le plus grand nombre de charges utiles commerciales envoyées en 2021 (son adversaire SpaceX a principalement envoyé ses propres satellites et des charges utiles du gouvernement américain).
L'opérateur européen vend les décollages de Soyouz (en Guyane, mais pas seulement), du petit lanceur Vega, de Vega C et bien sûr d'Ariane. Et la dynamique actuelle, qui suit le décollage réussi du télescope James Webb, est encourageante. Le carnet de commandes atteint actuellement 36 lancements pour 2022 et les années à venir !
2022 s'annonce sinueuse
Arianespace attend une année chargée en termes de lancements, après 15 tirs en 2021 (dont une majorité menée en Russie pour le compte de son client privé principal, la constellation OneWeb). En étant optimiste, l'entreprise espère même jusqu'à 17 tirs en 2022… Un chiffre qui ne sera probablement pas atteint, la faute à d'inévitables retards sur certaines campagnes emblématiques, en particulier au Centre Spatial guyanais.
Sur place, les équipes s'affairent actuellement aux deux premiers décollages de Soyouz, une fois de plus pour OneWeb, ainsi que pour une paire de satellites Galileo. Du « déjà vu » ? Aucune campagne ne ressemble exactement à une autre… Surtout, il y a des transitions en vue cette année. Celle qui va mener au décollage inaugural de Vega C, prévu en mai (pour l'instant) est importante. Pourtant, pour une part importante du public, c'est le passage d'Ariane 5 à 6 qui reste le jalon le plus attendu.
Il ne reste en effet « que » cinq tirs d'Ariane 5, dont quatre sont officiellement prévus cette année. Le départ à la retraite du lanceur emblématique est prévu après un dernier tir en apothéose au service de l'Agence Spatiale européenne en 2023, pour envoyer la sonde JUICE vers les lunes glacées de Jupiter. Mais Ariane 6 sera-t-elle en service d'ici là ? Stéphane Israël et Arianespace affirment que le vol est toujours prévu cette année, au second semestre. Malgré tout, le programme sera chargé pour y parvenir. Il reste en effet la grande campagne des essais combinés, la « répétition générale » pour Ariane 6 et son site de lancement… avant de pouvoir passer au tir inaugural.
En route pour les essais combinés
Pour les essais combinés, il fallait une première Ariane 6 « complète » en Guyane, et ce sera bientôt chose faite, puisqu'un premier et un deuxième étage sont actuellement en bateau en direction du site pour être assemblés à l'horizontale. Une première pour un lanceur européen.
Une fois sorti du BAL (bâtiment d'assemblage lanceur), le corps central sera verticalisé sous son nouveau portique, puis on lui attachera quatre boosters (factices, mais représentatifs pour la campagne d'essais combinés) et une coiffe pour simuler un assemblage complet. Après quoi, une suite de cinq mises à feu est attendue.
Le programme vise le printemps, mais l'ensemble complet lié aux essais combinés pourrait atteindre, voire dépasser les six mois s'il reste des ajustements à faire sur les étages avant leur assemblage une fois au Centre Spatial guyanais. C'était le cas en 2021 avec l'étage supérieur d'Ariane 6 parti pour ses essais en Allemagne à Lampoldshausen fin janvier. Onze mois après son départ, l'essai principal de mise à feu n'a pas encore eu lieu… mais il est attendu dans les semaines à venir.
D'autres travaux au CSG
Quoi qu'il arrive, les équipes guyanaises auront fort à faire cette année, d'autant qu'il s'agit en plus de préparer l'arrivée de futurs acteurs avec les petits lanceurs (le démonstrateur Callisto, dont le développement ne fait plus l'objet de communications, mais aussi son cousin Themis à partir de 2025).
Les travaux menés par Eiffage, et supervisés par le CNES, sur l'ancien site de lancement des fusées Diamant devraient en faire une base « multi-usages ». De belles perspectives !
Source : Arianespace