Arianegroup dévoilait ce 18 septembre à l'IAC son nouveau projet Susie (Smart Upper Stage for Innovative Exploration), un véritable « mini Starship » adaptable avec Ariane 6 et capable d'évoluer avec la prochaine génération. Un couteau suisse impressionnant et capable… S'il est financé.
L'appel du pied aux ministres européens avant la réunion de l'ESA est clair !
Ambitieuse Susie
Pour le premier jour de l'IAC (International Astronautical Congress) à Paris cette année, ArianeGroup a décidé de frapper fort d'entrée. Avec rien de moins qu'une navette… dont le maître-mot est sans doute l'adaptabilité ! Elle s'appelle Susie (pour Smart Upper Stage for Innovative Exploration) et il s'agit avant tout d'un étage supérieur de fusée, entièrement réutilisable et automatisé, de 12 mètres de long pour 5 mètres de diamètre.
Pensée pour décoller avec Ariane 6 en remplaçant tout le composite supérieur (coiffe + satellite), Susie sera conçue dans une perspective d'utilisation future avec la prochaine génération réutilisable… Ce qui, à l'image de ce que SpaceX développe avec Starship, devrait aboutir à un ensemble quasi-totalement réutilisable. Car Susie, une fois séparée du lanceur en orbite, pourra y accomplir toute une gamme de missions avant de traverser l'atmosphère dans l'autre sens et de venir se poser à la verticale grâce à une propulsion adaptée.
Des moyens inédits
La vidéo de présentation de l'industriel lève le voile sur une capacité de vols habités avec cinq astronautes (avec la fameuse adaptation du site de lancement d'Ariane 6) à bord de Susie, que ce soit en solo, au service d'un satellite ou sous-ensemble, ou bien vers une future station spatiale en orbite basse… Voire au-delà. Car, avantage d'être pensée pour la génération « actuelle » comme pour le futur lanceur lourd européen, Susie pourrait également être propulsée jusqu'à des objectifs lunaires (il faudrait pour cela lui ajouter un étage de propulsion supplémentaire).
Avec 25 tonnes affichées sur la balance et 7 tonnes de charge utile, c'est en tout cas un véhicule avec d'impressionnantes capacités qui est présenté au public. Le projet est visiblement le résultat de travaux conséquents en amont, effectués avec Airbus Defence & Space ainsi que Thales Alenia Space, dans le cadre de l'initiative NESTS (New European Space Transportation Solutions) de l'ESA.
Il faudra sortir le chéquier
Reste que Susie aujourd'hui n'est pas un projet qui a l'assurance d'être concrétisé. Il s'agit en effet d'un concept qui doit encore être financé et approuvé par l'ESA pour avoir une chance de voir le jour. Car ArianeGroup ne s'engagera pas seule dans l'aventure, que les européens ne pourraient financer sur fonds propres.
Il s'agit donc de convaincre (un mois et demi avant la ministérielle de l'ESA) les différentes instances politiques qu'il est possible de rêver, en Europe, d'un véhicule orbital ingénieux, versatile et ambitieux. À condition toutefois qu'il ne cannibalise pas par ses coûts l'ensemble de la filière. Derrière les visuels, les industriels n'ont pas chiffré publiquement leur proposition, ni donné d'horizon précis pour qu'elle se concrétise.
Source : ArianeGroup