Précurseur sur le marché du maxi scooter électrique avec le C Evolution, BMW lance le CE 04. Un modèle qui semble tout droit sorti d'un manga et que nous avons pu essayer en amont de son lancement.
Si le marché du scooter électrique est en plein essor, il se concentre essentiellement sur les petites cylindrées. Toutefois, en affichant une autonomie et des performances limitées, ils sont cantonnés à une utilisation dans les centres-villes. Face à cet état de fait, BMW est un vrai cas à part. En effet, le constructeur allemand fut le tout premier à proposer un maxi-scooter électrique avec le C Evolution en 2014. Avec une autonomie annoncée de 160 km et une vitesse de pointe de 129 km pour la version LR (Long range), il permet de s'aventurer sereinement sur autoroute et d'envisager des trajets plus longs.
Un scooter électrique silencieux… mais qui ne passe pas inaperçu
Face à l'accueil positif du BMW C Evolution, BMW a poussé les curseurs au maximum pour son successeur. Avec un design très proche du BMW Motorrad Concept Link, le nouveau BMW CE 04 concrétise les fantasmes de tous les amateurs de manga. L'avant sembler directement repris de la moto de Shotaro Kaneda dans Akira, avec la partie arrière qui évoque l'Arcadia d'Albator. D'autres diront que le BMW CE 04 s'apparente à un scooter des mers, notamment le Sea-Doo RXP-X 300. Dans tous les cas, l'engin ne ressemble à aucun autre sur le marché de la mobilité urbaine, et il fait évidemment tourner les têtes à défaut de plaire à tout le monde.
Outre son look atypique, c'est aussi la longueur du BMW CE 04 qui étonne quand on l'approche pour la première fois. La roue arrière semble avoir été poussée aussi loin que possible et l'empattement de 1 675 mm est plus grand que celui d'une Ducati Xdiavel, par exemple (1 615 mm).
Quoi qu'il en soit, BMW a soigné sa copie avec une qualité de fabrication irréprochable. En témoignent notamment les clignotants LED du BMW CE 04 qui sont solidement arrimés, ou encore les trappes d'accès au rangement du smartphone et à la prise de recharge Type 2. Pour autant, certains choix esthétiques posent question, comme cette selle étroite et plate que d'aucun qualifieront de « planche de fakir », ou encore le minuscule saut de vent. Mais nous y reviendront plus loin.
La batterie haute tension non extractible (55 kilos tout de même !) est logée sous le plancher comme il se doit afin de rabaisser le centre de gravité. Le moteur prend place juste derrière, laissant ainsi suffisamment d'espace sous la planche... pardon, la selle qui semble flotter au-dessus du scooter. Le BMW CE 04 dispose ainsi d'un espace de rangement éclairé auquel on accède grâce à un piston que l'on actionne via un bouton qui est discrètement intégré dans le carénage.
Nous avons pu y ranger différents types de casques, du jet au modulable en passant par l'intégral. Tous ont pu rentrer même en taille L, à l'exception notable d'un casque Nolan intégral qui était trop haut. En fait, tout dépendra de la forme de la coque de votre casque. Outre ce dernier, il est également possible de glisser des gants une fois arrivé à destination.
Le tablier accueil une trappe pour smartphone qui se verrouille automatiquement. Celle-ci a la particularité d'être ventilée pour éviter la surchauffe en été. De plus, le berceau est équipé d'une butée avec un système de ressort. Le téléphone est ainsi maintenu en place et nous avons pu loger un iPhone Max de 6,7 pouces. Attention toutefois aux coques trop épaisses qui peuvent compliquer la tâche. Autre détail pratique appréciable : le logement dispose d'un port USB type C pour éviter de laisser traîner le câble de recharge. En fait il ne manque que Apple CarPlay et Android Auto comme sur la Honda Goldwing par exemple.
Un tableau de bord digne d'une voiture
Le BMW CE 04 marque encore plus sa différence au niveau de son instrumentation. Cette dernière s'apparente à ce qu'on peut trouver dans une voiture moderne avec un écran couleur de 10,25 pouces qui est proposé de série. Parfaitement lisible même sous le soleil radieux de Barcelone où se déroule notre essai, il se montre particulièrement complet.
Un bouton dédié sur la gauche du guidon permet de basculer d'une fenêtre à l'autre. Ceci étant, il faudra s'habituer à l'ergonomie des commandes avec certaines actions qui s'effectuent à l'aide dudit bouton, tandis que d'autres requièrent d'utiliser la molette située à côté de la poignée gauche.
À l'inverse, l'interface est très facile à appréhender malgré les très nombreuses informations qui peuvent s'afficher à l'écran. Données liées à la conduite, modes, musique et téléphonie (si un casque audio Bluetooth est connecté) et même navigation : tout y est.
À propos du GPS, le BMW CE 04 propose le système le plus évolué sur une deux-roues motorisé à date. La carte peut occuper pratiquement toute la dalle de 10,25 pouces, et des informations complémentaires, comme la file à prendre et la distance avant le prochain changement de direction, sont clairement affichées.
L'écran principal permet de voir clairement la vitesse actuelle, le niveau de puissance ou de récupération d'énergie au freinage, le niveau de charge de la batterie, l'autonomie restante ou encore le mode de conduite. Complet et efficace.
Au guidon du BMW CE-04
Une fois assis au guidon du BMW, la position de conduite est naturelle et on dispose de suffisamment de place pour les jambes. La selle étroite située à 780 mm permet de poser les deux pieds par terre, mais l'accueil de l'assise est ferme. C'est d'ailleurs le principal reproche que l'on peut faire au BMW CE 04. En effet, si le style est réussi, notre fessier a l'impression d'avoir parcouru 300 km alors que le compteur affiche 50 km seulement. La faute à cette selle trop étroite avec des bords légèrement biseautés. BMW propose d'autres modèles en option dont une version plus rembourrée (et une selle chauffante pour les frileux), mais toutes affichent la même étroitesse.
De la même façon, la protection offerte par le saut de vent est anecdotique. Là encore, on pourra aller fouiller dans le catalogue des options pour le remplacer par un pare-brise haut moyennant 95 euros.
À l'inverse le large tablier protège bien les jambes, tandis que les rétroviseurs offrent une bonne visibilité arrière. Relativement petits, ils sont positionnés suffisamment haut pour remonter l'inter-file sans trop de difficulté. En revanche, l'empattement n'est pas idéal pour se faufiler entre les voitures ce qui réduit légèrement les capacités de mobilité de l'engin.
Sans surprise avec un pack de batteries de 55 kg, le BMW CE 04 affiche un poids de 230 kg. C'est plus que l'autre 400 cm3 au catalogue du constructeur, le BMW C 400 X (206 kg tous pleins faits), ou que les 218 kg du Yamaha T-Max 560 auquel nous serons forcément amenés à comparer le BMW CE 04. Pour faciliter les manœuvres, BMW propose une marche arrière à l'instar de la plupart des scooters électriques aujourd'hui. Celle-ci s'active en gardant le doigt appuyé sur le bouton dédié sur la gauche du guidon, et en accélérant.
Des accélérations canons
Clef dans la poche, reste à appuyer sur le bouton situé sur le tablier pour allumer le scooter. Mais il n'est pas question de prendre la route pour autant. En effet, il faut ensuite appuyer sur le bouton du démarreur tout en pressant la poignée de freins.
Trois modes de conduite (Eco, Rain et Road) sont proposés de série. Nous faisons nos premiers tours de roues en mode Eco qui s'avère parfaitement adapté au quotidien. Les accélérations sont déjà très impressionnantes avec le couple qui est tout de suite disponible. Notre version d'essai disposant d'un mode Dynamic optionnel, nous l'avons activé via le bouton Mode situé sur la droite du guidon.
On dispose alors de toute la puissance du BMW CE 04 qui nous catapulte littéralement. Les reprises sont incroyables et les maxi scooters concurrents resteront dans le rétroviseur. Le tout dans un silence presque complet (on perçoit le bruit de la transmission par courroie) qui ravira les oreilles des citadins. Dans tous les cas, avec un 0 à 50 km/h en 2,5 secondes seulement, le BMW CE 04 est impressionnant. Certes une moto électrique telle que la Harley-Davidson LiveWire bien plus violente dans ses accélérations et ses reprises, mais le BMW CE 04 se montre plus accessible dans tous les sens du terme.
Le mode Road offre la même accélération que le mode Dynamic. Principale différence, la réponse à l'accélérateur est un tantinet moins vive. Dans tous les cas, on se régale au guidon de ce BMW CE 04 qui n'a pas que son style pour lui. Mieux, le scooter autorise même une conduite sans pratiquement jamais toucher les freins afin d'optimiser la consommation.
En effet, la récupération de l'énergie au freinage va jusqu'à l'arrêt complet du véhicule. La durée de vie des plaquettes de frein devraient donc s'en trouver prolongée comme jamais sur un scooter. D'ailleurs, les doubles disque de 265 mm avec étrier fixe à quatre pistons à l'avant, et monodisque à étrier flottant monopiston à l'arrière, sont presque de trop.
Bien aidé par son empattement pour garantir la stabilité dans les virages, le BMW CE 04 se montre aussi très agile malgré son poids. Le centre de gravité y est pour beaucoup, mais la garde au sol reste bonne. Gare toutefois à ne pas relâcher l'accélérateur quand on augmente le rythme sur les parties sinueuses. En effet, le scooter cherche alors à se relever sous l'effet du freinage, au risque de « tirer tout droit » dans le virage. La récupération est au maximum dans les modes Eco et Dynamic, et un peu moindre en mode Road, ce qui permet notamment de profiter d'un petit effet roue libre.
Le moteur synchrone à refroidissement liquide et aimant permanent est bridé électroniquement à 120 km/h. Mais nous avons tout de même pu atteindre 129 km/h sur autoroute.
Une autonomie de pratiquement 130 km pour le BMW CE 04
Deux versions du scooter électrique sont commercialisées. La première, que nous avons pu tester, est réservée aux titulaire du permis A avec ses 15 kW/20 ch de puissance nominale (31 kW / 42 ch en pic). Elle est annoncée comme capable de parcourir 130 km grâce à la batterie de 8,9/8,5 kWh (brut/net). La seconde est bridée à 11 kW/15 ch (23 kW/31 ch en pic) et accessible aux permis A1, et affiche 100 km d'autonomie.
Notre essai s'est déroulé dans les rues de Barcelone par une température comprise entre 9 et 16 degrés. Le parcours nous a emmené sur les hauteurs à proximité de l'observatoire Fabra ainsi que sur des voies rapides. Un trajet de plus de 60 km au total qui nous a permis d'évaluer l'autonomie du BMW CE 04.
Alors que BMW annonce une consommation moyenne de 7,7 kWh/100 km, nous avons relevé 7,3 kWh/100 km, non sans utiliser principalement le freinage régénératif. De quoi approcher les 130 km d'autonomie annoncés dans des conditions optimales. En hiver et sur autoroute, il faudra probablement tabler autour des 100 km. Sur ce point, l'ancien BMW C Evolution faisait mieux en approchant les 160 km, et 120 km sur voies rapides.
La recharge rapide en option
Le BMW CE 04 est équipé d'un chargeur embarqué de 2,3 kW. Le câble fourni de 5 mètres permet de le brancher sur une prise domestique pour passer de 0 à 80% en 3h30, et de retrouver 100% de capacité en 4h20. La version bridée du scooter fait mieux avec 2h25 pour passer de 0 à 80%, et 3h20 pour 0 à 100%.
Mais comme toujours chez BMW, il faut piocher dans le catalogue des options pour aller plus loin. À ce titre, le chargeur embarqué permet de brancher le BMW CE 04 sur une wallbox en acceptant une puissance de charge jusqu’à 6,9 kW. Une charge complète demande alors 1h40 tandis que le 0 à 80% passe à 65 minutes. Ces valeurs passent respectivement à 1h10 et 50 minutes pour la déclinaison bridée.
BMW CE 04 : un prix qui décoiffe
Sans surprise, le BMW CE 04 est bien plus cher qu'un 400 cm3 thermique. Le scooter électrique est proposé à partir de 12 150 € en version standard ou bridée. Un tarif auquel il convient d'ajouter les options dont certaines sont très couteuses comme le chargeur rapide à 1 240 €.
Le BMW CE 04 est néanmoins éligible au bonus écologique, qui est plafonné à 900 €. À cela peuvent s'ajouter des aides de la région comme par exemple en Ile-de-France où il est possible de profiter d'une prime de 1 500 € pour les artisans et les petites entreprises franciliennes.