S’il n’est plus autant mis sur le devant de la scène qu’à la sortie de l’Oculus Quest ou d’Half-Life Alyx, le marché de la réalité virtuelle poursuit son petit bonhomme de chemin. Nous testons aujourd’hui le fer-de-lance d’un constructeur pas très connu en Europe, Pimax, et sa promesse d’angles de vision bien au-delà de ce que propose la concurrence.
Disponible depuis déjà quelques semaines le Pimax Vision 5K Super est, comme son nom l’indique assez clairement, une nouvelle version du Pimax Vision 5K. Le fabricant chinois a tendance à faire évoluer ses gammes en douceur afin de capitaliser sur ce qui fait le succès de ses précédentes versions. Pour ce casque de réalité virtuelle 5K Super, on peut ainsi compter sur une définition d’image de grande qualité à 2 560 x 1 440 pixels par œil, soit un total de 7,5 millions de pixels. Plus important encore, Pimax insiste sur deux traits caractéristiques : une fréquence de rafraîchissement de 180 Hz et un champ de vision portant jusqu’à 200° à l’horizontal. Du jamais vu sur un casque VR.
Fiche technique du Pimax Vision 5K Super
D’approvisionnement pas toujours évident en Europe, le Pimax Vision 5K Super souffre encore de la relative confidentialité de son fabricant. Les choses évoluent cependant petit à petit et des revendeurs comme Amazon le proposent régulièrement à leur catalogue à des tarifs élevés et sans forcément trop distinguer les différentes versions – anciennes ou nouvelles – attention donc au moment de passer votre commande.
Le Pimax Vision 5K Super, c’est :
- Casque autonome : non, compatible SteamVR
- Définition d’image : 2 560 x 1 440 par œil (soit 5 120 x 1 440 combinés)
- Fréquence de rafraîchissement : 90, 120, 144, 160 et 180 Hz
- Champ de vision : 150 à 200° maximum
- Audio : écouteurs stéréo, microphone intégré
- Connectique : DisplayPort + USB-A 2.0 (alimentation) + USB-C 3.0 (données) via un petit boîtier
- Capteurs intégrés : accéléromètre, gyroscope, réglage du confort oculaire (IPD, 60-72 mm)
- Batterie intégrée : non
- Contrôleurs : non, en option
- Dimensions : 280,1 x 108,2 x 135,9 mm
- Poids : 500 grammes environ
- Prix et disponibilité : déjà disponible, à partir de 799,99 euros (sans contrôleur)
Notez bien que comme la plupart des cartes de réalité virtuelle, les modèles de Pimax sont absolument incapables de fonctionner de manière autonome : ils doivent être reliés à un ordinateur et cela ne permet tout de même pas au fabricant de réduire le poids du bébé qui reste dans la moyenne des autres produits disponibles sur le marché. Côté tarification en revanche, Pimax place la barre relativement haut, plus haut que la concurrence pour un produit qui peut avoir certains atouts techniques, mais doit aussi faire avec quantités d’accessoires à prendre en plus… comme les contrôleurs ! Dommage.
Un casque pas si lourd, mais mal équilibré
Plutôt bien rangé dans un carton qui manque peut-être un peu de « compartiments » pour agencer au mieux les divers éléments, le Pimax Vision 5K Super est un modèle imposant, surtout sa partie avant. Celle-ci arbore une robe uniformément bleu marine, assez proche du noir. Le plastique est recouvert d’un sympathique revêtement soft touch qui ne semble pas devoir trop s’user dans le temps, mais il est évidemment difficile d’en juger sur un test aussi court. Nous évoquions un modèle imposant, mais c’est surtout l’avant du casque qui l’est.
La « visière » est particulièrement large et épaisse, sans doute le seul moyen de nous proposer un angle de vision allant jusqu’à 200° comme le promet Pimax. Sans que l’on sache très bien pourquoi, le fabricant a disposé une espèce de chevron sur l’avant du casque. Celui-ci s’illumine de vert lorsque le casque est en marche et peut, selon les réglages, clignoter. On ne voit pas bien l’intérêt de la chose dans la mesure où une fois le casque posé sur le nez, on ne voit absolument pas ce chevron, sa lumière ou même les reflets de cette dernière dans la pièce. Étrange.
Deux boutons de réglage du volume, mais des écouteurs peu convaincants © Nerces
Sur le dessus du casque, on repère un bouton de mise sous tension et deux petites « flèches » pour gérer le volume des écouteurs intégrés. En effet, le Pimax Vision 5K Super dispose d’écouteurs que l’on ne peut hélas pas rabattre / ouvrir comme chez que certains concurrents : cela nuit clairement à la mise en place du produit sur la tête, mais si cela reste surmontable. Comme pour compenser, Pimax a effectivement intégré un système de serrage sur la nuque très pratique : il s’agit d’une vis que l’on tourne pour serrer / desserrer l’appareil et c’est ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle.
Ici sans le maque facial, le casque pèse un peu sur le nez alors que la vis de serrage arrière est impeccable © Nerces
Il n’est pas difficile d’ouvrir « en grand » le Pimax pour le poser sur la tête et ensuite resserrer l’ensemble de manière très juste. Sous le casque, on découvre une petite molette, relativement accessible qui permet d’ajuster l’écart inter pupillaire afin, là encore, de bien personnaliser les choses. Hélas, malgré toutes ces précautions, le Vision 5K Super n’est pas le plus confortable des casques passés entre nos mains. Il a ainsi tendance appuyer sur le devant du visage si on sert un peu trop, mais si on ne sert pas assez, il « tombe » sur le nez et se montre désagréable.
Le Vision 5K Super n’est, sur le papier, pas le plus lourd des modèles de réalité virtuelle. Il tourne autour des 500 grammes ce qui le rend bien plus léger que le Valve Index et ses 800 grammes par exemple. Pourtant, la répartition de ce poids n’est pas exemplaire et le Pimax est finalement le casque qui nous a le plus vite « fatigué » à l’usage. Attention, il s’agit là d’un commentaire tout ce qu’il y a de plus subjectif, mais le fait est que nous avons ressenti le besoin de faire bien plus de pauses « fatigue » qu’avec n’importe quel autre casque testé par le passé.
Installation et configuration
Au sortir du carton, nous apprécions que Pimax ait déjà préparé tout le câblage, tous les branchements. On prend le casque en main, on déroule les fils et on est prêt à brancher les trois interfaces nécessaires : un DisplayPort à relier à la carte graphique, un USB-A 2.0 pour l’alimentation et un USB-A 3.0 pour les données. Aucun adaptateur ni aucune rallonge ne sont fournis, mais avec plus de 5 mètres de câble, vous ne devriez rencontrer aucun problème… à moins de ne plus avoir assez de ports USB disponibles sur votre PC, mais là c’est un peu de votre faute.
Notez que les écouteurs livrés en standard par Pimax sont eux aussi déjà branchés. Il suffit d’ajouter la petite mousse protectrice sur chaque oreillette et le tour est joué. La sangle présente sur le dessus du casque constitue en quelque sorte la dernière étape avant la mise en place effective du produit : le Vision 5K Super sur la tête et les câbles branchés – notons qu’il n’y a aucune brique d’alimentation, aucun boîtier supplémentaire – la configuration peut débuter.
Là, nous avons été agréablement surpris par l’environnement logiciel proposé par Pimax. Souvent les marques « de seconde zone » ont tendance à négliger l’aspect logiciel, mais ça ne semble pas devoir être le cas ici. Un seul soft est à télécharger et à installer. Ensuite, il nous prend par la main afin de configurer notre Vision 5K Super en fonction des accessoires dont on dispose. Il faut effectivement savoir que Pimax a rendu son produit compatible avec les bases de positionnement de Valve, mais nous n’avions pas la chance de disposer de cet accessoire.
Bon point, au premier lancement, le logiciel d’installation vérifie et met à jour le micrologiciel du Vision 5K Super sans le moindre problème. Il nous propose ensuite de déterminer notre configuration : sans bases de positionnement de Valve, il s’agit de calibrer la position du casque dans l’espace en le tenant d’abord bien droit en face de l’écran. La méthode peut sembler un peu rustre et sans doute la chose fonctionne-t-elle mieux avec les bases Valve, mais nous n’avons pas rencontré de problème particulier. En tout cas, pas à ce moment-là.
Ensuite, le logiciel PiTool nous propose toutes les options de configuration et, regret de taille, la chose n’est pas disponible en français. Au mieux, il faudra faire avec la langue de Shakespeare pour vous sortir des très nombreuses options disponibles : on peut raccorder des bases de positionnement, ajouter un tracker ou bien configurer les contrôleurs… autant d’accessoires que Pimax peut effectivement nous vendre, mais à chaque fois cela vient en supplément du prix – déjà relativement élevé – du Vision 5K Super. L’addition peut très vite grimper.
De multiples réglages, divers bugs logiciels
Les autres options du logiciel PiTool concernent évidemment les réglages très précis de la bête. On pense notamment au mode de tracking en fonction de l’utilisation – ou non – des fameuses bases de positionnement, mais aussi à la fréquence de rafraîchissement et au champ de vision. En réalité, on ne règle pas ce second élément qui dépend directement du premier. Ainsi, dès lors que l’on part sur une fréquence de 180 Hz, le champ de vision sera au mieux de 150° à l’horizontal. Pour garder le meilleur (200°), il faut se limiter à 90 ou 120 Hz de rafraîchissement. Pas si mal déjà d’autant que même les 150° du 180 Hz vont au-delà de ce que propose la concurrence.
Le logiciel PiTool est également capable de détecter tous les jeux déjà présents sur le système et, dans notre cas, il a par exemple parfaitement identifié Half-Life ALyx ou Microsoft Flight Simulator, il a vu Elite Dangeous autant que The Elder Scrolls : Skyrim VR et nos deux simulations automobiles : Assetto Corsa Competizione et Project CARS - Pagani Edition. Un panel plutôt intéressant pour vérifier le bon fonctionnement de ce casque ambitieux en toutes circonstances. Notons en revanche quelques petits soucis dans le rafraîchissement de cette liste : à moins d’importer manuellement de nouveaux jeux, il fallait quitter / redémarrer PiTool pour que la mise à jour se fasse automatiquement.
Puisque nous en sommes à parler des soucis logiciels, il nous faut maintenant évoquer des problèmes plus importants dans la gestion même des interfaces utilisateurs livrées par Pimax. Deux « environnements » sont ainsi proposés : Pimax Home et Experience Home. Le premier est installé par défaut, mais c’est aussi le plus minimaliste, le moins intéressant. Experience Home nécessite un téléchargement supplémentaire (gratuit) et offre quelque chose de bien plus engageant avec une véritable interface graphique et la possibilité d’interagir avec l’environnement comme on peut le faire sur les systèmes de concurrents comme HP, Oculus ou Steam.
Hélas, la chose était – au moins au cours de nos sessions – boguée. Au premier lancement, cela allait bien. L’interface est réactive, les options bel et bien disponibles et le tout agréable. Problème, si le lancement d’un jeu ne pose aucun problème, dès lors que l’on quitte et revient à Experience Home, plus rien ne fonctionnait correctement. Une fois sur deux, nous étions obligés de relancer le soft. Bizarre. De plus, il avait tendance à se décentrer de manière bien trop fréquente à notre goût : nous étions alors en VR bien placé, mais en réalité décentré par rapport à notre bureau. Très gênant en pleine partie.
Et le jeu vidéo dans tout ça ?
Pour contourner nos problèmes de plantages réguliers, nous avons surtout utilisé le mode Steam VR – parfaitement compatible, merci M. Pimax – et ainsi pu profiter du Vision 5K Super plus « normalement ». Les mises à jour du PiTool sont régulières, on peut donc espérer que cela s’arrange, mais ça n’est tout de même pas très sérieux. Comme sur tous ses autres casques, Pimax utilise ici les mêmes lentilles qui, de l’avis de certains testeurs, entraînent une légère distorsion sur les bords de l’image. C’est vrai, mais nous n’avons pas été gênés outre mesure.
En revanche, dès nos premiers essais en jeu vidéo, nous avons tout simplement été bluffés par la largeur du champ de vision. Quiconque a déjà mis un casque de réalité virtuelle sur le crâne a forcément expérimenté le phénomène de « hublot » qui donne l’impression de regarder à travers une fenêtre et confère à la scène un côté étriqué. C’est bien simple, pas un seul des casques actuellement sur le marché n’échappe à ce phénomène, pas même les très bons Oculus Quest 2 ou HP Reverb G2. Eh bien, le Pimax Vision 5k Super en est complètement exempt.
Nos premiers essais ont été réalisés sur The Elder Scrolls Skyrim VR. Alors bien sûr, esthétiquement, le jeu date nettement : les modèles de personnages sont grossiers, les textures bien fades… mais que l’environnement est impressionnant quand on peut tourner la tête dans tous les sens sans jamais avoir cette espèce de « limite » complètement artificielle. Sans même bouger la tête, on peut regarder aux extrémités de notre champ de vision sans avoir l’impression d’atteindre un quelconque blocage technique qui – je ne sais pas pour vous – a vite tendance à me faire sortir du jeu.
Tous les autres jeux ont permis cette même « liberté de mouvement ». Sur Assetto Corsa Competizione et Project CARS - Pagani Edition, il n’y a pas grande différence. Nous nous demandions si en essayant deux simulations automobiles, nous pourrions percevoir quelques changements, mais dans les faits, c’est vraiment mineur et tient surtout à la réalisation technique de l’un et l’autre des deux jeux. Là encore, le champ de vision offre un réel plus pour voir les autres voitures sur les côtés sans même avoir à tourner la tête. Bien sûr, en tournant, on voit encore plus loin sur notre droite ou notre gauche et la gestion des virages prend une tout autre dimension.
Paradoxalement, Half-Life Alyx et Elite Dangerous ont été un peu moins convaincants. Déjà, il faut reconnaître que passant en dernier dans notre liste de tests, l’effet « waouh » du champ de vision très large commençait à s’estomper : c’est qu’on s’habitue vite à un tel confort ! Il faut aussi signaler que ce sont des jeux particulièrement bien pensés pour la VR et pour ses limitations au moment de leur sortie. Valve et Frontier Developments ont fait le maximum pour que leur titre n’ait pas à trop subir cet effet hublot et le changement est peut-être un peu moins notable. Encore que se poser sur une planète et lever les yeux vers l’immensité intersidérale fait son petit effet !
Vous l’aurez compris, l’aspect champ de vision étendu est une réussite qui, nous l’espérons, finira par inspirer la concurrence. Reste un problème : nos tests ont été réalisés sur une GeForce RTX 3080 Ti. Dans ce cas de figure, aucun problème de fluidité, mais il y a fort à parier qu’il faudra plus que jamais envisager une machine puissante pour tirer le meilleur du casque. Autre remarque, les lentilles nous ont semblé manquer d’un peu de netteté par rapport à l’Oculus Quest 2 : nous ne l’avions hélas plus sous la main pour en avoir le cœur net. De plus, l’effet de grille, très limité, était un peu plus sensible que sur le HP Reverb G2, le meilleur à ce niveau.
Reste que le plus gênant ne concerne pas le cœur du Pimax, mais les « à-côtés ». Ainsi, en jeu, nous devions faire avec les écouteurs livrés par Pimax, loin d’être des modèles de qualité avec de légers chuintements / crachotements. De plus, leur positionnement n’est pas très précis et si certains joueurs les auront pile sur les oreilles d’autres connaîtront un décalage un peu pénible. Enfin et c’est peut-être le plus gênant alors que la concurrence a fait d’énormes progrès : on ne joue pas au Pimax durant de très longues sessions.
Qu’il s’agisse de l’équilibrage très discutable du casque, du serrage peu confortable sur le visage ou de l’impression d’avoir une gêne au niveau du nez, tout cela nuit au bien-être du joueur. Nous ne parlons même pas ici des nez un peu « gros » ou un peu « longs » : c’est limite s’ils pourront ajuster le casque dont les lentilles tombent bien trop près. Vous vous en doutez, les porteurs de lunettes ne seront pas non plus à la fête : la plupart des montures ne permettent pas de porter le Pimax convenablement et jouer sans les lunettes n’est que rarement viable. Dommage.
Pimax 5K Super : l’avis de Clubic
En visant un champ de vision aussi large que possible, Pimax parvient clairement à se démarquer de la concurrence. C’est d’ailleurs une excellente idée tant les autres casques disponibles sur le marché sont finalement proches les uns des autres, au moins sur un strict plan technique.
L’idée de Pimax est d’autant plus intéressante que l’effet de hublot est un vrai problème sur les casques d’aujourd’hui et que sa réponse est redoutablement convaincante. On redécouvre littéralement les univers que nous avions l’habitude de visiter avec les précédents casques HP, Oculus ou Vive et on profite à plein de ces immenses mondes en réalité virtuelle.
Hélas, c’est sur les « détails » que Pimax se loupe encore trop nettement. Notre emballement est ainsi très vite douché par une interface logicielle encore trop capricieuse qui bogue ou plante de manière assez aléatoire. On peste également contre ce besoin de recentrer régulièrement la vue ou ce confort en demi-teinte la faute à trop de pression sur le visage, un poids mal équilibré et des contraintes – pas chez tout le monde – au niveau du nez ou des lunettes notamment.
À l’heure actuelle, nous ne pouvons vous conseiller un Pimax Vision 5K Super encore trop cher, trop imparfait et proposant en option trop d’accessoires utiles. En revanche, Pimax tient là un produit en devenir qui a de quoi tenir tête aux meilleurs.