L'entreprise parisienne GreenTropism, désormais basée en Normandie, a peut-être mis au point un outil qui pourrait donner un coup de vieux aux tests PCR et antigénique.
Alors que la France est frappée par une cinquième vague pandémique et que la Covid-19 semble désormais faire partie intégrante de nos vies, GreenTropism est en train de mettre au point un kit d'analyse qui pourrait améliorer le diagnostic de la maladie et faire gagner un temps précieux dans le processus de prélèvement nasopharyngé, avec une mise sur le marché attendue l'an prochain. L'entreprise, qui s'installe à Rouen désormais, fait reposer son outil sur l'intelligence artificielle, la spectrométrie et… l'or.
Des microparticules d'or qui amplifient les signaux de présence du virus
La technologie de détection de la Covid-19 (SARS-CoV-2) que GreenTropism est en train de déployer repose sur la spectrométrie, assimilée à l'analyse de la matière par faisceau lumineux et combinée à l'intelligence artificielle.
Roland Carbonnel, le patron de GreenTropism, explique à nos confrères des Echos que le spectromètre « projette un flash laser sur une goutte de prélèvement nasopharyngé » et que l'intelligence artificielle, elle, « analyse les données issues du spectre ». Avec son outil de diagnostic, GreenTropism est ainsi capable de donner en à peine trente secondes une réponse sur la présence ou non du virus.
L'originalité de la technique spectrale utilisée par la start-up repose sur le simple ajout d'une goutte de liquide, à l'aide d'une pipette, contenant des microparticules d'or. Roland Carbonnel précise que les microparticules agissent comme des milliers de micro-miroirs multiplicateurs de lumière, qui ont pour conséquence d'amplifier les signaux de présence du virus, alors qu'avec des techniques basiques, ils étaient invisibles du fait de leur petite taille ou de leur petite quantité, surtout dans le cas où le patient se retrouve au début de l'infection.
Un résultat livré en 3 minutes, avec une fiabilité comprise entre celle du PCR et celle de l'antigénique
La technique avait une limite, car les données spectrales étant générées en très grande quantité, il était impératif de donner un coup de fouet à la puissance d'analyse. GreenTropism a donc développé une suite logicielle qui mêle différentes IA qui, combinées entre elles, octroient la puissance nécessaire.
Après des tests concluants menés à Singapour, la start-up a aussi éprouvé son dispositif avec succès, cette fois à l'hôpital Saint-Joseph à Paris, et sur des échantillons humains. « La performance de notre diagnostic est proche du test PCR de référence et supérieure à celle du test antigénique », affirme Roland Carbonnel. Si la technique du PCR (amplification de l'ADN du virus) nécessite la livraison d'un résultat en 24 heures, celle fournie par GreenTropism fournit un résultat en trois minutes, et cela comprend le temps de préparation de l'échantillon. Le gain de temps est colossal.
La société GreenTropism, fondée en 2014 et spécialisée dans l'édition de logiciels et de composants logiciels pour la spectroscopie grand publique et industrielle, est aujourd'hui soutenue par des business angels et des family offices, qui ont jusque-là investi 3 millions d'euros. Pour 2022, elle espère une importante levée de fonds pour gagner en épaisseur et attaquer le marché avec des armes un peu plus robustes. Elle devrait, sur le plan technique, aboutir à la mise au point d'un kit de diagnostic à destination des laboratoires d'analyses médicales, commercialisé en 2022. Elle vient d'intégrer la pépinière d'entreprises de la Métropole de Rouen, Seine Biopolis.
Source : Les Echos