Un récent sondage s'est penché sur l'acceptabilité d'une application mobile qui indiquerait à ses utilisateurs s'ils ont été en contact avec des individus testés positifs au Covid-19. En France, près de 80 % des personnes interrogées seraient prêtes à l'installer, afin de lutter contre la pandémie.
Pour enrayer l'épidémie de maladie à coronavirus, la majorité des gouvernements a opté pour le confinement, partiel ou total. Mais pourrait-on envisager d'autres pistes ? Des chercheurs de l'université d'Oxford travaillent sur une application mobile qui aiderait à détecter les personnes susceptibles d'être contaminées, afin de prendre les mesures nécessaires rapidement.
Une idée venue de Chine ?
Son principe : grâce au Bluetooth, le smartphone peut repérer s'il a été à proximité immédiate d'un autre appareil possédant l'application, durant au moins 15 minutes. Cela permet alors d'enregistrer une liste de personnes avec lesquelles l'utilisateur a été en contact, et ce, pendant une durée suffisante pour présenter un risque d'infection si l'une d'entre elles était porteuse du virus.Ensuite, si l'un de ces individus est effectivement testé positif au COVID-19, toutes les personnes l'ayant côtoyé sont prévenues via une notification et incitées à se placer en quarantaine par les autorités sanitaires. Un fonctionnement qui n'est pas sans rappeler de précédentes initiatives, aux États-Unis, à Singapour ou encore en Chine, il a deux mois. Mais à l'époque, des voix s'étaient élevées pour dénoncer la menace qu'une telle application faisait peser sur la vie privée...
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Un plébiscite à nuancer
C'est pourquoi les chercheurs britanniques ont d'abord préféré connaître l'opinion des citoyens européens quant à un dispositif de ce type. En France, parmi les 1 000 personnes interrogées, une très nette majorité se dessine : 48 % d'entre elles seraient « sans aucun doute » prêtes à télécharger l'application et 31 % le feraient « probablement ». De plus, près de deux tiers des sondés souhaiteraient que l'installation soit automatiquement réalisée par les opérateurs (ce qui semble néanmoins difficilement réalisable). Et les résultats de l'enquête seraient « très similaires » au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie.Cependant, les scientifiques ne fanfaronnent pas et appellent à prendre du recul : « Nous n'avons pu discuter le mode de fonctionnement et l'installation de l'application qu'en termes très généraux, alors que les détails précis de mise en œuvre pourraient grandement affecter les décisions d'installation ». Dans le même ordre d'idées, le panel n'a été interrogé que sur un dispositif précis, ne faisant appel qu'au Bluetooth. Il n'est pas certain que l'enthousiasme serait identique pour une application recueillant davantage de données personnelles.
Par ailleurs, les chercheurs en ont conscience : il ne s'agit là que d'une volonté exprimée sur un projet théorique. Si l'application était mise en place, les utilisateurs ne se montreraient-ils pas plus hésitants au moment de la télécharger ? Ne craindraient-ils pas l'apparition de bugs ? Certains ne se montreraient-ils pas méfiants à l'égard des « autorités sanitaires », qui ne sont pas clairement identifiées à ce stade ? En fin de compte, ce sondage nous apprend surtout que les Français (et leurs voisins) sont favorables à l'idée d'une solution permettant de lutter efficacement contre la pandémie.
Source : Le Monde