La Quadrature du Net s'oppose fermement à l'application StopCovid

Bastien Contreras
Publié le 15 avril 2020 à 18h20
Arguments contre StopCovid LQDN
© La Quadrature du Net

Lundi, le président de la République a appelé à un débat parlementaire sur le recours à une application pour enrayer la propagation du coronavirus. Mais cette idée n'est pas du tout du goût de l'association La Quadrature du Net, qui craint de voir les libertés individuelles piétinées par un dispositif qui ne serait pas forcément efficace.

Dans son allocution de lundi dernier, Emmanuel Macron a évoqué la possibilité de lancer une application de traçage numérique, afin de lutter contre la pandémie actuelle. Baptisée StopCovid, elle s'appuierait sur la technologie Bluetooth et le volontariat, pour indiquer à l'utilisateur s'il a été en contact avec une personne infectée par le coronavirus. Le chef de l'État a également exprimé sa volonté de voir cette solution faire l'objet d'un débat parlementaire, dans le but de protéger les libertés individuelles.


Une efficacité remise en question

C'est justement ce dont doute La Quadrature du Net (LQDN). L'association de défense des citoyens a en effet manifesté son hostilité à l'application sur son site. Elle y détaille ses arguments, qu'elle déclare avoir envoyés aux députés et aux sénateurs.

En premier lieu, selon LQDN, l'utilité de StopCovid est loin d'être prouvée. Pour être véritablement efficace, il faudrait ainsi que l'application soit installée par au moins 60 % de la population. Un chiffre qui paraît utopique à l'organisation, citant notamment l'exemple de Singapour, dont l'équivalent n'avait été utilisé que par 16 % des habitants.

De plus, l'association dénonce des « résultats trop vagues ». Ceux-ci dépendraient en effet des déclarations des utilisateurs, ainsi que de la portée du Bluetooth, qui varierait selon les appareils. Des imprécisions qui pourraient « faire exploser le nombre de faux positifs ».

Et LQDN va plus loin : l'application ne serait pas seulement inefficace, elle pourrait même être contre-productive. En rassurant maladroitement les utilisateurs, elle serait ainsi susceptible de conduire ces derniers à faire fi des gestes barrières.


Le premier pas vers une surveillance de masse ?

Par ailleurs, malgré des résultats incertains, StopCovid ferait peser de graves menaces sur les droits fondamentaux des individus. La Quadrature du Net craint, par exemple, que son utilisation ne devienne obligatoire, ne serait-ce que pour accéder à certains lieux publics. Ce qui remettrait donc largement en cause la notion de volontariat.

Enfin, l'association s'inquiète de voir la surveillance massive et durable devenir la norme. « Personne n'est capable de dire à l'avance pendant combien de temps l'application serait déployée », déplore-t-elle. Le dispositif pourrait alors être prolongé indéfiniment et ouvrir la porte à d'autres technologies, telles que la vidéosurveillance automatisée ou la reconnaissance faciale.

En conséquence, LQDN appelle le gouvernement à renoncer à son projet. Et à rediriger les moyens investis vers d'autres pistes pour protéger la population, telles que la production de masques, de matériel médical ou la mise à disposition de tests.

Source : La Quadrature du Net
Bastien Contreras
Par Bastien Contreras

Ingénieur télécom reconverti en rédacteur web. J'écris sur les high tech, les jeux vidéo, l'innovation... J'ai d'ailleurs été responsable d'accélérateur de startups ! Mais je vous réserve aussi d'autres surprises, que vous pourrez découvrir à travers mes articles... Et je suis là aussi si vous voulez parler actu sportive, notamment foot. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est comme du FIFA, mais ça fait plus mal aux jambes.

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ChristianBoxe

c’est pas compliqué, si cela devient obligatoire mon smartphone restera à la maison

jls2211

C’est bien une idée de la Statup Nation, une appli pour lutter contre un virus ?? Et puis quel est l’intérêt de savoir que nous avons été proche d’une personne ayant été infecté, puisque pour être testé, il faut avoir les premiers symptômes. Dans un autre temps on marquait d’un truc jaune pour différencier les bons et mauvais français.

buitonio

L’idée est a priori bonne si, une fois qu’on a détecté qu’une personne a été infectée, on teste systématiquement toutes les personnes qui ont approché la personne infectée afin de savoir si elles ont été aussi infectées et, si oui, de les confiner. Si le test systématique n’est pas fait, l’idée ne sert à rien.
Quant aux données personnelles récoltées par l’appli, je ne me fais pas d’illusion, elles seront conservées et utilisées ad vitam æternam. Les autorités jureront les avoir effacées de leurs serveurs, après les avoir archivées sur d’autres serveurs.

TotO

Je vais prendre la version papier !

KlingonBrain

La quadrature du net à raison. J’avais déjà parlé de mes doutes sur l’efficacité technique d’une telle l’application.
Et pour ma part, je pense qu’en plus d’être inefficace, cela risque de banaliser le concept de tracking. Et donc de faciliter l’émergence future d’applications autrement plus dangereuses (Edit : ils le disent aussi https://www.laquadrature.net/2020/04/14/nos-arguments-pour-rejeter-stopcovid/ )

@anon16165080

l’inverse ceux qui profitent des marchés noirs et qui se font beaucoup d’argent seront plus intéressés à ne pas avoir de puce, ce sera le lieux des mafias en tout genre. Chacun sa vision des choses.

Dans les dictatures, les mafia prospèrent allègrement au sein de l’état, même jusqu’à la tête. Dans les démocratie, le contrôle du peuple limite le phénomène.
Le jour ou le peuple sera « pucé », ceux qui auront le pouvoir pourront faire toutes les magouilles qu’ils veulent. Personne ne pourra plus rien y redire.

Bombing_Basta

Par ailleurs, malgré des résultats incertains, StopCovid ferait peser de graves menaces sur les droits fondamentaux des individus. La Quadrature du Net craint, par exemple, que son utilisation ne devienne obligatoire, ne serait-ce que pour accéder à certains lieux publics.

C’est clair que quand on voit les réactions de certains « faut enfermer ceux qui refusent de l’installer », y’a de quoi être réticent.

Bombing_Basta

Exactement, la vraie mafia s’installera au niveau de ceux qui pourront manipuler le système.

GRITI

Je ne peux qu’aller dans le sens de LQDN!!! Ce qui ne sera une surprise pour personne.
Si cela devient obligatoire:

  • mon téléphone sera quasi toujours éteint
  • je bloquerai en plus l’appli via le pare-feu
  • et puis j’ai pas de compte Google donc je peux pas l’installer
  • je passe sur une tél incompatible avec les app android/IOS

Donc sans façon !!!

raymondp

La quadrature du net, je les aimais bien il y a un certains temps, quand ils étaient « 4 gus dans un garage ». Malheureusement, ceux du début sont partis et ceux qui restent sont outranciers, n’hésitent pas à tout caricaturer, critiquant tout ce qui ressemble à une institution, souvent par posture. Ils ont critiqué par exemple la CNIL d’avoir infligé Google d’une amende « que de 50 millions », alors que la CNIL est la seule en Europe à l’avoir fait, et au niveau juridique c’était un peu limite.
Pour ce qui est de l’application, tout le monde y va de sa critique, c’est le propre des français.

Le premier argument avancé par LQDN est irréfutable, mais je trouve ridicule de refuser l’application sous le prétexte qu’elle ne suffira pas. C’est évident qu’elle ne suffira pas, puisque tout le monde n’a pas ou n’utilise pas de smartphone. C’est un des moyens.
Le confinement est la seule stratégie à l’heure actuelle pour stopper le virus mais elle a ses limites.
Simon Cauchemez, responsable de l’unité de modélisation mathématique des maladies infectieuses à l’institut Pasteur, sans ce prononcer sur le fait que le dispositif doive être obligatoire ou pas, a dit lors de l’audition de la CNIL du 8 avril à ce sujet,
« le niveau d’efficacité requis pour atteindre l’objectif fixé : la réduction des éléments de transmission de deux tiers. En tant que scientifique, ce que je peux dire, c’est que l’utilisation massive des outils numériques sera importante, qu’elle soit obligatoire ou fondée sur le volontariat. Il reviendra aux autorités d’apprécier l’approche qui doit être privilégiée, en sachant que si l’on ne parvient pas à contrôler l’épidémie, on risque d’être confronté à une seconde vague et de devoir imposer un nouveau confinement. »
Tout est dit : soit on reste confinés des mois, avec la catastrophe sociale et économique qui va avec, soit on se déconfine, avec le risque d’une deuxième vague et des milliers de morts à la clé, soit on met des moyens de contrôle de l’épidémie, dont numériques comme font Singapour, et comme y pensent les allemands et les anglais aussi.

Les autres arguments de LQDN sont bidons : de la pure conjecture, alors le COVID lui est bien réél. Pour ce qui est de l’absence de tests, ce sera résolu.

Je ne sais pas si je vais installer l’application, si elle sort. Et encore moins si elle sera utile en tout état de cause, mais ce qui serait idiot ça serait de ne pas la proposer simplement parce que quelques personnes pensent qu’elle pourrait être utilisée à mauvais escient, alors qu’aujourd’hui on n’a pas de vaccin, qu’on a pas beaucoup d’autres solutions que de rester enfermés chez soi avec le risque du chômage en bout de course et qu’il y a des centaines de morts tous les jours

Vulcain

Ben moi j’aimerais bien avoir l’avis de tous ceux qui, par exemple, sont morts de la grippe espagnole si on leur avait proposé une telle application ? bien amicalement à tous.

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