Un succès retentissant pour Aarogya Setu, l'application qui trace la diffusion du COVID-19 en Inde.
Alors qu'en France le débat est lancé quant à la future application de contact tracing StopCovid, en Inde l'application lancée par le gouvernement a atteint la barre des 50 millions d'abonnés en moins de deux semaines. Toutefois des voix s'élèvent quant au respect des données des utilisateurs.
Lutter contre la propagation du coronavirus en Inde
L'application, nommée Aarogya Setu, alerte ses utilisateurs s'ils sont rentrés en contact avec une personne infectée, et les informe, dans ce cas, des services de santé à contacter. Avec 50 millions de téléchargements en 13 jours, la croissance de l'application bat tous les records, « y compris Facebook », se réjouit le think-tank gouvernemental Niti Aayog.L'Inde n'est pas le premier pays à déployer une application de ce type pour mieux lutter contre le COVID-19. En mars, Singapour avait lancé TraceTogether. L'objectif : mieux identifier les foyers de contamination et favoriser la distanciation sociale.
De son côté, la Banque mondiale affirme son soutien à de telles initiatives : « les technologies numériques peuvent être utilisées pour monitorer la diffusion du COVID-19. De telles initiatives, largement volontaires, ont permis de lutter contre la pandémie en Asie de l'Est », souligne-t-elle dans son dernier rapport : South Asia Economic Focus, Spring 2020.
Dans la même lignée, Apple et Google ont récemment annoncé un partenariat, afin de développer une technologie capable d'informer et de conseiller les utilisateurs entrés en contact avec des personnes infectées.
L'utilisation des données personnelles inquiète
Si le gouvernement indien compare Aarogya Setu à TraceTogether, force est de constater que les deux applications gouvernementales diffèrent en ce qui concerne la collecte et le traitement des données personnelles. Tandis que TraceTogether se conforme au principe de minimisation de la collecte d'information, qui est limitée au strict nécessaire, l'autre en fait une toute autre lecture.À Singapour, on assure que le traçage des utilisateurs n'est en aucun cas utilisé pour faire respecter les mesures de confinement, servant uniquement à informer la population. En Inde, l'application gouvernementale s'autorise ce droit. Aussi, quand TraceTogether utilise le Bluetooth pour monitorer les interactions des personnes, Aarogya Setu combine Bluetooth et coordonnées GPS. Enfin, l'application indienne demande de nombreuses informations personnelles à ses utilisateurs, comme le montrent les captures d'écran ci-dessous.
« Il est nécessaire de retirer immédiatement l'application, ou d'accélérer les mesures visant à améliorer la conception et le déploiement de l'application en termes de confiance, de sécurité et de confidentialité des informations », appuie Sidharth Deb, conseiller à l'Internet Freedom Foundation.
Sources : Bloomberg, Internet Freedom Foundation