Le stockage des données est un des enjeux majeurs du numérique. Une fusion entre Western Digital et KIOXIA permettrait de concurrencer le leader Samsung.
Dans un accord à plus de 20 milliards de dollars, KIOXIA et Western Digital (WD) pourraient parvenir à une fusion dès le mois de septembre. Toutefois, rien n'est conclu et en cas d’échec des pourparlers, KIOXIA poursuivra son introduction en bourse prévue pour octobre.
Une fusion pour relever les défis actuels
Avec l’émergence de la 5G, les experts prévoient une explosion du volume de données et, dans ce sens, le marché du stockage informatique est un secteur-clé. De la mobilité du numérique aux objets connectés, le stockage est requis partout. Pour ces questions, la mémoire flash a un atout : elle ne consomme pas d’énergie pour conserver les données.
Le marché de la mémoire NAND Flash est un marché avec peu d’acteurs et dont Samsung est le leader. Le Chaebol sud-coréen détient près d’un tiers des parts quand ses concurrents (KIOXIA, Western DIgital, Micron, SK Hynix et Intel) plafonnent entre 20 et 10 %. La fusion entre WD et KIOXIA viendrait alors contester l'ordre établi et mettre en porte-à-faux les autres concurrents.
Les deux entreprises ont décliné tout commentaire. Toutefois, les rumeurs autour d’une possible fusion ont permis aux groupes concernés (Western Digital et Toshiba qui détient 40 % des actions) de clôturer leurs exercices respectifs en hausse à la suite de cette annonce.
Affaires de famille ou effet de manche ?
Depuis les années 2000, Toshiba et Western Digital entretiennent des rapports étroits. Si à l’époque les deux entreprises disposaient d’usines en commun, les rapports se sont complexifiés en 2017. Toshiba, qui traversait une crise économique importante depuis 2015, se défaisait de ses filiales une à une. De par leur partenariat, la firme américaine était en bonne position pour reprendre l’entreprise quand finalement, il fut question qu’elle lui échappe au profit d’une joint-venture ayant soumis une offre de rachat bien supérieure aux prises de participation prévues.
S’ensuit une longue période de négociation, ponctuée par des procès, qui aboutit en juin 2017 lors de la vente des activités de semi-conducteur de Toshiba à un consortium d’investissement mené par Bain Capital. Dans un premier temps, Western Digital a cherché à bloquer la vente dont une partie de l’investissement provient d’un concurrent direct (SK Hynix), avant de finalement se rétracter. En effet, fin 2017, les partenaires d’antan parviendront à un accord concernant leurs co-entreprises et l’investissement dans la création d’une usine de mémoire flash dont Toshiba mènera le chantier via une nouvelle entité : Toshiba Memory Corporation, qui devient KIOXIA en 2019.
À l’instar du dénouement de la vente de la filiale concernée de Toshiba, le secteur de la mémoire est sous tension. Si l’avènement d’une fusion entre Western Digital et KIOXIA peut sembler proche, il reste un grand nombre d’incertitudes. D’une part, l'entreprise japonaise est toujours en instance d’introduction en bourse et une telle menace pour la concurrence fera naturellement monter les enchères. Puis, d’autre part, une fusion de cette envergure requiert la régulation d’un grand nombre d’autorités, ce qui ne saurait pas faciliter la création d’une entité aussi puissante.