Annoncé il y a un peu plus d'un mois au CES, le MX200 reprend le flambeau du MX100. Il intègre tous les ingrédients, dans les grandes lignes, mais se dote pour certains modèles d'un dispositif qui améliore ses performances en écriture.
Un petit changement du point de vue de ce SSD, donc, mais une transformation du positionnement de ce MX dans la gamme de SSD de Crucial. Le tout nouveau BX100, que nous testerons rapidement, constitue désormais l'entrée de gamme de la marque, et le MX200 grimpe logiquement les échelons.
Ce SSD est-il digne de cette évolution ? Crucial n'en a-t-il pas profité pour faire grimper ses tarifs, qui constituaient l'argument fort du MX100 ? Réponse dans ce test.
Entre MX100 et MX200, peu de différences
Entre le MX100 et le MX200, les changements ne sont pas flagrants, loin s'en faut. D'apparence, rien ne bouge : ni les formats disponibles (2,5 pouces, 7 mm d'épaisseur, mSATA, M.2 2260 et 2280), ni la coque, toujours en aluminium gris et dotée du même logo.Les modifications ne concernent pas non plus les puces de mémoire : Crucial utilise ici les NAND flash MLC produites par Micron, sa maison-mère. Ces puces sont gravées en 16 nm, et le MX200 est donc le second SSD du marché à en être pourvu. Seul Crucial profite d'ailleurs de cette finesse de gravure, alors que Samsung a pris une autre voie avec ses V-NAND présentes dans les 850 Evo et 850 Pro.
Le contrôleur employé par Crucial reste également inchangé : le 88SS9189 de chez Marvell officie, depuis l'entrée sur le marché du M550, soit depuis un peu moins d'un an. Ce contrôleur est toujours associé à de la mémoire cache dont la quantité varie en fonction du modèle.
Il gère, pour rappel, la protection thermique adaptative chère à Crucial, qui opère sur les NAND afin de réduire leur activité en cas de surchauffe, c'est-à-dire si leur température atteint les 65°C. Une température qu'un pad thermique aurait pu permettre d'éviter, mais que Crucial n'a, cette fois, pas jugé utile d'installer. Le contrôleur prend toujours en charge le chiffrement AES 256 bits, est compatible avec le eDrive de Microsoft, et est conforme aux normes IEEE-1667 et TCG Opal 2.0.
La protection contre les coupures d'alimentation introduite avec le M550 est aussi de la partie. Crucial utilise des condensateurs dont le rôle est d'assurer l'alimentation après une coupure de courant, de façon à terminer les écritures en cours. Ce qui existe sur d'autres SSD, comme le 730 Series d'Intel. Une protection presque insignifiante toutefois, puisque les condensateurs prévus par Crucial ne permettent pas d'écrire plus de 4 Mo de données.
Crucial reconduit également sa technologie RAIN (pour Redundant Array of Independent NAND) dans son MX200, inaugurée par le M500. Il protège les données à la manière d'un RAID, avec ici un bit de parité pour une certaine quantité de bits. Un dispositif qui consomme de l'espace disque, que Crucial aurait pu compenser par l'introduction de NAND dédiées.
Un gain d'endurance supposé, mais surtout un changement de gamme
Est-ce le RAIN qui implique une diminution de l'espace disponible pour l'utilisateur final ? Le MX200 existe en effet en version 500 Go, quand le MX100 était décliné en 512 Go. Cela provient plus vraisemblablement d'une augmentation de l'over-provisioning, hypothèse d'autant plus crédible que l'endurance annoncée par Crucial est bien supérieure sur ce MX200 qu'elle ne l'était sur le MX100.Le constructeur affirme que ses SSD 240, 500 et 1 000 Go peuvent supporter respectivement 80, 160 et 320 To d'écriture, quand le MX100 en assumait 74.
On tient là le principal changement opéré par Crucial : un sacrifice sur la capacité de stockage, mais un gain annoncé sur l'endurance. Ce qui tend à faire de ce SSD un modèle plus haut de gamme que le MX100. Dommage que la garantie (de 3 ans seulement) ne suive pas.
Autre indication quant au changement de position de la série MX dans la gamme de Crucial : la disparition pure et simple de la version 128 Go, et l'apparition d'une déclinaison 1 To (seulement au format 2,5 pouces).
La « case » entrée de gamme est d'ailleurs reprise par le BX100, annoncée en même temps que le MX200.
Le cas du modèle 240 Go et des formats M.2 et mSATA
En plus de l'endurance annoncée, l'autre nouveauté apportée par ce MX200 se situe du côté du firmware et concerne les modèles 240 Go en 2,5 pouces, et toutes les versions mSATA et M.2 (capacités 240 et 500 Go).À l'image de ce que font Samsung depuis son 840 Evo avec son Turbo Write, SanDisk depuis son Ultra Plus avec son nCache, ou OCZ avec son « Mode SLC », Crucial utilise donc un stratagème qui lui permet d'améliorer significativement les performances de son SSD en écriture, appelé « accélération d'écriture dynamique », ou DWA (pour dynamic write acceleration).
Comment ? En réservant une partie des cellules MLC, qui vont être utilisées comme des cellules SLC, c'est-à-dire dans lesquelles un seul bit sera écrit. On gagne ainsi en performances, puisqu'écrire un bit à la fois est bien plus rapide que d'en écrire deux, voire trois dans le cas de la TLC. Dès que le SSD est moins sollicité, les données sont redistribuées sur des puces MLC, rendant ainsi le cache disponible pour l'opération suivante.
Fort de ce nouveau dispositif Crucial annonce les mêmes débits sur chacun de ses trois modèles, à savoir 550 Mo/s en lecture, et 500 Mo/s en écriture, alors que le nombre d'opérations d'entrées / sorties par seconde grimpe à 100 000 en lecture, et 87 000 en écriture. Pour rappel, le MX100 en version 256 Go était plafonné à 330 Mo/s en écriture.
Ce procédé a des effets bénéfiques évidents sur les performances, mais il n'est pas exempt de contreparties. Il a tendance à niveler les performances des SSD, du moins sur les fiches techniques, ce qui peut induire le consommateur en erreur, les SSD d'entrée ou milieu de gamme se confondant avec les SSD haut de gamme.
Il a surtout le tort de dépendre fortement de l'usage que fait l'utilisateur de son SSD. Tout dispositif comme le nCache, le Turbo Write ou le DWA montre ses limites quand il est soumis à une écriture séquentielle importante. Dans ce cadre, la quantité de mémoire octroyée à ce procédé est un critère prépondérant. Au-delà de ce seuil, les débits redeviennent plus classiques, avec une perte significative à la clé en termes de performance. Quel espace Crucial a-t-il décidé de réserver à sa technologie ? Nous avons posé la question au constructeur, sans réponse de leur part. Tout juste le constructeur précise-t-il que la portion de NAND réservée dépend de la capacité du SSD et de l'utilisation que fait son propriétaire. Aucune information chiffrée nous permettant de juger de la pertinence du DWA.
Cet artifice a pour autre conséquence d'augmenter la consommation globale du SSD : au lieu d'être au repos, il doit assumer des écritures différées. De même, il réduit l'espace de stockage pour l'utilisateur final, puisque certaines cellules sont réservées pour n'être utilisées qu'à la moitié de leur capacité.
Enfin, il est probable que l'usure des puces soit accentuée par cette gestion de l'écriture, puisqu'elle implique une lecture et une écriture supplémentaires, cette dernière étant cependant moins pénalisante dans ce domaine qu'une écriture « classique » (un seul bit à la fois au lieu de deux). Crucial vient toutefois contredire cette crainte avec une endurance en théorie largement accrue sur son MX200, mais qui s'effectue en sacrifiant une partie du stockage. On gagne en performance, on perd en espace disponible.
Storage Executive : enfin une toolbox pour Crucial... ou pas
Ce logiciel est pour l'heure compatible avec les BX100 et MX200, mais aussi MX100, M500 et M550 de la marque, et apporte des informations concernant les éventuels SSD (même ceux d'une autre marque) présents dans votre PC.
Mais Crucial est encore loin de proposer l'équivalent de ce qu'offre Intel, OCZ, SanDisk ou Samsung, puisque le constructeur se contente ici d'une interface Web et d'une applet java. On attend donc de la marque qu'elle investisse enfin sérieusement en la matière, et livre un véritable logiciel, capable de fonctionner sans un navigateur dont on ne sait combien de temps il restera compatible avec son application.
Performances
IOmeter est un outil qu'il faut manipuler avec précaution lorsqu'il s'agit de tests de SSD. Ici, nous avons travaillé sur des secteurs et des fichiers de 4 Ko, avec des accès aléatoires à 100% (ce sont ceux qui sollicitent le plus le contrôleur), et selon deux scénarios différents :- une activité comprenant 25% de lecture, 75% d'écriture ;
- un protocole qui comprend 75% de lecture et seulement 25% d'écriture.
Sans surprise, IOMeter met ce MX200 à peu près au niveau du MX100, et pour cause : les composants sont inchangés. Ce qui fait du nouveau SSD de Crucial un modèle offrant un bon niveau de performances sur les accès aléatoires.
ATTO se charge quant à lui de tester le SSD sur des lectures et écritures séquentielles. Ici, le gain est conséquent par rapport au MX100, et le MX200 se comporte davantage comme le M550 de la marque. De quoi accréditer notre hypothèse sur la position dans la gamme que nous évoquions plus haut.
CrystalDiskMark combine pour sa part une partie de tests séquentiels (sur un fichier de 1 Go) et une partie de tests aléatoires, avec différents scénarios (lecture et écriture d'un fichier de 512, puis 4 Ko, et de plusieurs fichiers de 4 Ko simultanément). Dans ce cadre, le MX200 fait jeu égal avec ses prédécesseurs et se montre même un peu plus véloce en écriture aléatoire de fichiers de 4 Ko.
Nous avons également effectué quelques tests pratiques, comme la décompression d'un fichier WinRAR de 1,85 Go contenant des fichiers de tailles diverses comprises entre quelques Ko et plusieurs Mo.
Tous nos SSD montrent des performances très proches sur ce test. Il n'en reste pas moins que le MX200 ne se distingue pas franchement en bien sur cette opération, bien au contraire.
Des tests de transfert sont évidemment de la partie : 1 fichier de 3,9 Go pour voir comment se comportent nos SSD sur les données de taille importante, et 1 Go de petits fichiers compris entre 12 et 34 Ko pour observer leurs performances sur les données de petite taille. Ces tests sont effectués à l'aide d'un RAMDisk de 4 Go fonctionnant sur de la mémoire cadencée à 1 866 MHz.
Là encore, les SSD se montrent tous très véloces, exception faite du modèle ADATA. Le MX200 ne souffre pas de faiblesses, ni du point de vue de l'écriture, ni de celui de la lecture, quel que soit le type de fichier utilisé.
Enfin, la copie proche, qui consiste à lire et écrire le même fichier, est une opération sollicitant beaucoup le contrôleur : il convient de voir comment nos concurrents s'en sortent.
Ici, le MX200 semble moins à son avantage et se contente du milieu du classement. Les performances, sur petits ou gros fichiers, restent cependant tout à fait convenables.
Notre avis
Que penser de ce MX200 ? Commençons par juger la version 500 Go que nous testions ici. Côté performances, le bilan est plutôt bon et le SSD ne souffre d'aucune faiblesse pénalisante. Et tout comme le MX100, il embarque un arsenal intéressant visant à assurer la sécurité des données.Nous regrettons en revanche la diminution de la capacité de stockage, qui s'accompagne d'une augmentation, au moins sur le papier, de l'endurance. Dommage que Crucial n'en ait pas profité pour passer sa garantie de 3 ans à une durée de 5 ans, plus cohérente. D'autant plus que ce MX200 a probablement pour vocation de prendre la place du M550. Et si Crucial a fourni un petit effort autour de son Executive Storage, nous attendons toujours du constructeur qu'il daigne offrir avec ses SSD une véritable toolbox.
Concernant la seule avancée technologique apportée par ce MX200, à savoir le DWA, nous sommes tout aussi mitigés. Bien sûr, cela permet à Crucial de proposer un SSD de 240 Go plus performant qu'il n'aurait dû l'être. Mais les contreparties sont nombreuses et il conviendra d'être prudent quant aux performances réelles de ce modèle.
Parlons finalement prix. Le MX200 240 Go est positionné en face du 850 Evo de Samsung, basé sur de la NAND TLC certes, mais qui utilise les mêmes artifices que le MX200 avec son Turbo Write. Ce dernier se trouve actuellement à 138 euros, quand le modèle de Samsung est vendu 123 euros.
Le cas des versions 500 Go et 1 To du MX200 est différent, puisqu'il n'utilise pas de DWA. Il est vrai que le 850 Evo est moins onéreux, particulièrement sur la version 1 To, mais le compromis offert par Crucial semble meilleur. Pour la version 1 To à 427 euros contre 478 euros pour le MX200, il y a match. À 230 euros contre 245 euros pour le MX200 en 500 Go, nous prenons sans hésiter le produit Crucial.
À moins que le meilleur ennemi du MX200 500 Go soit... le MX100 512 Go. Proposé à des tarifs bien plus attractifs à sa sortie, il demeure évidemment plus intéressant que le MX200, tout aussi performant et offre quelques gigaoctets supplémentaires. Seule la supposée amélioration de l'endurance peut faire hésiter, mais vaut-elle les 35 euros qui les séparent ? La solution est probablement d'attendre quelques semaines, afin de profiter d'un tarif plus intéressant.