Quelques semaines après nous avoir fait parvenir son MP600 Core, un modèle axé sur le rapport qualité / prix, Corsair nous a envoyé son SSD le plus haut de gamme, un produit qu’il n’hésite pas à qualifier de « pro », mais une question nous brûle les lèvres, est-il en mesure de tenir tête aux cadors déjà commercialisés ?
- Rapidité du PCIe GEn 4 4x
- Dissipateur thermique livré
- Échauffement maîtrisé
- Excellente endurance
- Cinq ans de garantie
- Un tarif qui monte, qui monte
- Le cache SLC coince autour de 100 Go
- Retour de température décalé de 10°C
Souvenez-vous, à la sortie des premiers SSD NVMe PCIe 4.0, Corsair avait été parmi les pionniers. En réalité, il n’avait été devancé par Gigabyte et sa gamme Aorus que de quelques jours. Pourtant, cette fois, l’Américain est nettement en retrait et cela fait plusieurs mois que Western Digital d’un côté, mais aussi Samsung de l’autre et, plus récemment Sabrent ou PNY ont commercialisé leur vision des très hautes performances en matière de SSD, débits de 7 Go/s à la clé.
Fiche technique du Corsair MP600 Pro
Si vous suivez les produits Corsair en général et les SSD de la marque américaine en particulier, vous n’êtes pas sans savoir qu’il a renouvelé plusieurs de ses gammes en nous proposant successivement les Force MP600 puis les MP400 et, enfin, les MP600 Core que viennent aujourd’hui compléter les MP600 Pro. Le Core est le modèle « accessible » quand le Pro se veut plus « rapide ».
Le Corsair MP600 Pro, c’est :
- Format : NVMe M.2 2280
- Interface : PCIe NVMe Gen 4 4x
- Contrôleur : Phison PS5018-E18
- Puces mémoire : Micron 3D TLC NAND 96 couches
- Capacité : 1 To ou 2 To
- Endurance annoncée en écriture : 700 To (version 1 To) et 1 400 To (version 2 To)
- Débits annoncés en lecture séquentielle : jusqu’à 7 Go/s (toutes versions)
- Débits annoncés en écriture séquentielle : jusqu’à 5,5 Go/s (version 1 To) et jusqu’à 6,5 Go/s (version 2 To)
- Dimensions : 22 x 80 x 1,5 mm (sans dissipateur thermique) ou 22,6 x 80 x 8,8 mm (avec dissipateur)
- Température opérationnelle : entre 0°C et 70°C
- Logiciel : non
- Prise en charge du Trim : oui
- Garantie : 5 ans
- Prix et disponibilité : déjà disponible, à 239,99 € (version 1 To) et 464,99 € (version 2 To) pour les moutures avec dissipateur thermique
La fiche du Corsair MP600 Pro est un modèle de classicisme. On notera que seules deux versions du SSD existent – 1 To ou 2 To – et on soulignera qu’il est l’un des rares constructeurs à distribuer ses modèles avec un dissipateur. Sur le principe, c’est une bonne chose, mais compte tenu de la fréquente présence de dissipateurs sur les cartes mères, il est dommage de ne pas avoir une version « basique ». En revanche, notons qu’il est aussi l’un des rares à vendre une version « hydro » sur laquelle le dissipateur se connecte à un système de watercooling.
Un PCB simple-face… sur notre version 1 To
Toute habillée de jaune et de noir, la boîte d’un produit Corsair se reconnaît entre mille et celle du MP600 Pro reprend les standards des SSD de la marque. De fait, on trouve notre unité de stockage bien protégée au creux d’une épaisse mousse : aucun risque qu’il nous parvienne endommagé dans ces conditions. Une minuscule notice d’utilisation est insérée au fond de la boîte et le SSD nous est livré avec son dissipateur d’ores et déjà monté.
Le MP600 Pro est ce que l’on appelle dans le jargon un modèle « 2280 ». Autrement dit, il se base sur un PCB de 22 millimètres de large pour 80 mm de long. Des dimensions à peine modifiées par la présence de cette gangue de métal constituée par le dissipateur. Vous vous en doutez, l’épaisseur en revanche est bien différente : on passe effectivement de 1,5 mm (sans) à près de 9 mm (avec le dissipateur). Notez que ce surcroît d’épaisseur ne nous pas empêché d’installer le MP600 Pro « sous » une GeForce RTX 3080. Vous devriez donc être en mesure d’installer le SSD sur n’importe quel emplacement de votre carte mère… pas comme le PNY XLR8 CS3140 que nous testions il y a peu.
À peine le SSD sorti de sa boîte que nous voulions déjà lui retirer son dissipateur afin de vérifier les composants embarqués ! Bonne nouvelle, Corsair reste fidèle au dissipateur que nous avions expérimenté sur les Force MP600 ou les MP600 Core : un modèle qui se clipse / déclipse le plus simplement du monde. Il convient juste de faire attention aux pads thermiques qui se chargent de conduire la chaleur depuis le PCB vers le dissipateur. Corsair en a placé sur les deux côtés du PCB, mais celui plaqué sur les composants a tendance à partir en lambeaux à la moindre tentative, nous avons été contraints de le remplacer.
Oui, vous aurez peut-être remarqué sur nos photos, mais Corsair n’a placé de puces électroniques que sur un côté du PCB du MP600 Pro. Rappelons toutefois que nous avons reçu la version 1 To. Nous n’en avons pas eu la preuve, mais tout porte à croire que la version 2 To intègre des puces mémoire des deux côtés du PCB. Pour cette mémoire, Corsair s’est d’ailleurs associé à Micron qui lui a livré de la NAND 3D TLC sur 96 couches. Aucune surprise, à ce niveau, cela fait maintenant plusieurs années que la TLC a pris le pas sur les puces MLC, plus performantes, mais aussi nettement plus onéreuses.
De gauche à droite, le contrôleur Phison PS5018-E18, la puce de DRAM Hynix et l'une des puces de NAND TLC © Nerces
Heureusement, en revanche, Corsair n’a pas souhaité passer à de la QLC : cela aurait fait mauvais genre pour un modèle estampillé « pro ». Il associe à sa mémoire un contrôleur que nous connaissons bien, le Phison PS5018-E18. C’est lui qui œuvre sur le Rocket 4 Plus de Sabrent et, en dehors des modèles « privés » fabriqués en interne par certains constructeurs comme Western Digital, il est ce que l'on peut appeler un « standard ». Il est ici épaulé par une puce Hynix de DDR4 2666 de 1 Go : elle est principalement là pour le stockage des tables utilisées ensuite par le contrôleur.
En d’autres termes, on ne peut pas dire que sur un plan technique, Corsair se soit montré innovant. Son MP600 Pro ressemble beaucoup au Rocket 4 Plus signé Sabrent. Comme ce dernier, Corsair peut d’ailleurs s’enorgueillir de proposer l’endurance en écriture la plus élevée pour ces modèles PCIe Gen 4 4x de nouvelle génération : 700 To pour la version 1 To et 1 400 To sur le 2 To, c’est 100 To / 200 To de mieux que Samsung ou Western Digital notamment. À contrario, les débits annoncés en lecture / écriture sont identiques à ceux des « copains » et Corsair reste fidèle à cette très confortable garantie de 5 ans.
Débits en lecture / écriture et échauffement
Configuration de test
- Carte-mère MSI MPG B550 Gaming Carbon WiFi
- Processeur AMD Ryzen 9 3900X
- Mémoire Corsair Dominator Platinum RGB 32 Go DDR4 4000 CL19 (20-23-23-45)
- Carte graphique Asus TUF RTX 3080 Gaming OC
- SSD système Sabrent Rocket 4.0 2 To
- Refroidissement Corsair iCUE H150i RGB Pro XT 360mm
La campagne marketing de Corsair insiste sur les « vitesses ultrarapides de lecture et d’écriture séquentielle ». Nous attendions évidemment au tournant l’ancien roi du SSD PCIe Gen 4 alors que Samsung et surtout Western Digital lui ont gentiment volé sa couronne.
De manière on ne peut plus classique, nous débutons nos tests avec des mesures réalisées sous ATTO Disk Benchmark. Vous le savez, cet outil a l’avantage de présenter les choses en fonction de la taille des fichiers. Ce faisant, on remarque que les SSD avec contrôleur Phison PS5018-E18 sont plus performants que les modèles de Samsung et Western Digital. Le Corsair MP600 Pro fait même un peu mieux que le Sabrent Rocket 4 Plus.
Hélas, cet avantage ne concerne que les plus petits fichiers, jusqu’à 2 Ko. Ensuite, l’équilibre des forces tourne nettement en faveur de Sabrent, lequel l’emporte aussi bien en lecture qu’en écriture, et ce, jusqu’aux plus gros fichiers. Notre Corsair MP600 Pro s’en sort toutefois avec les honneurs : il est second en écriture et garde une honorable troisième place en lecture, à un cheveu du Western Digital Black SN850.
Notre second test, toujours un outil de mesure synthétique, n’est autre que CrystalDiskMark. Là, c’est une autre partition que nous joue le Corsair MP600 Pro et pour être tout à fait honnête, il est décevant. Bien sûr, ses performances sont élevées, mais il reste à quelques encablures de ses concurrents directs, et ce, que ce soit en lecture / écriture séquentielle ou en lecture / écriture aléatoire. Corsair ne semble pas devoir reprendre la couronne perdue par le Force MP600 il y a déjà quelques mois.
Nous enchaînons ensuite sur des mesures « pratiques » où nous prenons notre fichier exemple pour vérifier le comportement de nos SSD : il s’agit simplement de copier ce fichier particulièrement gros (plus de 200 Go) de / vers notre MP600 Pro et de constater ses résultats.
De prime abord, le SSD est excellent : sur les 100 premiers gigaoctets, il est le seul à se maintenir au-dessus des 2,7 Go/s par exemple. Hélas, sur la seconde partie de la copie – au-delà des 100 Go – ses débits en écriture chutent à environ 1,1 Go/s. La faute à un cache qui ne « tient pas la charge ». En lecture, aucun problème en revanche et on se tient au niveau des meilleurs, à 3,2 Go/s.
Nous voulions vérifier cette impression d’un cache qui ne « tient pas la charge » et, pour ce faire, nous avons comme souvent utilisé le module d’écriture linéaire d’AIDA64 : cet outil vient saturer l’intégralité du SSD et renvoie donc impitoyablement la moindre chute de débit.
Il n’y a guère d’ambiguïté avec le MP600 Pro qui tient d’excellents débits – battu seulement par le WD_Black SN850 et le Rocket 4 Plus – sur le premier tiers de sa capacité.
En revanche, il chute dès lors que l’on atteint 35-40% de sa capacité et on oscille alors entre 800 Mo/s et 1 Go/s. Ne soyons toutefois pas trop durs, ce test est surtout là pour montrer les limites du MP600 Pro : son cache gère bien les choses tant que on ne dépasse pas 100 Go de copie directe d’un seul tenant, une tâche peu fréquente.
Enfin, avant d’aborder la question du logiciel compagnon, faisons notre aparté « température ». Aucun souci, Corsair équipant son MP600 Pro d’un dissipateur efficace. Au repos, on ne s’attend pas à ce que le SSD surchauffe, mais là, on reste bien calé à tout juste 17°C ! La chose est trop belle pour être vraie.
En réalité, il s'avère que le retour d'information est erroné : il faut ajouter environ 10°C et on tombe à un plus classique 27°C au repos. En revanche, même avec ce décalage, en charge, le MP600 Pro reste l'un des plus frais des SSD PCIe Gen 4 4x : il plafonne à 56°C quand le WD_Black SN850 flirtait avec les 65°C. Seul le PNY XLR8 CS3140 fait mieux, mais il n'y a déjà aucun risque de throttling !
Vous en avez maintenant l’habitude, nous concluons toujours nos tests de SSD par un petit tour du côté du logiciel compagnon imaginé par le constructeur. Hélas, dans le cas de Corsair les choses sont plus tristes chaque mois qui passe. En effet, l’Américain ne met plus à jour son SSD Toolbox depuis déjà plusieurs années et, aujourd’hui, il n’est même plus mis en avant sur son site officiel. Dans l’attente de nouvelles à ce niveau-là, nous ne pouvons donc que regretter l’absence d’une application digne de ce nom alors que Western Digital par exemple propose un Dashboard aussi complet qu’il est agréable à utiliser.
Corsair MP600 Pro : l’avis de Clubic
Quand vous habituez vos utilisateurs à l’excellence, vous risquez forcément de les décevoir à la moindre petite baisse de régime et c’est exactement ce qui arrive à Corsair avec ce MP600 Pro qui ne parvient à reprendre cette couronne perdue il y a quelques mois déjà par le Force MP600. Ce dernier avait été l’un des plus performants, des plus ambitieux SSD NVMe passés entre nos mains, mais le MP600 Pro semble arriver « après la bataille ».
Bien sûr, il ne s’agit pas d’un mauvais produit et ses débits sont très bons… trop bons même pour un usage « classique » qui ne lui permettra pas de s’illustrer. Hélas, le SSD est un peu moins rapide que notre nouveau roi, le WD_Black SN850. Plus embêtant encore la gestion du cache est sensiblement plus capricieuse que chez Western Digital et, dans certains cas bien précis, cela peut nettement dégrader les performances.
En outre, il serait bon que Corsair nous propose un logiciel compagnon digne de ce nom : Samsung (avec Magician) ou Westen Digital (avec Dashboard) ont largement revu leur proposition. Reste tout de même un point sur lequel Corsair ne laisse rien au hasard : son MP600 Pro signe la meilleure endurance des modèles PCIe Gen4 x4 de nouvelle génération et pour certains utilisateurs, c’est très important.
Un produit rapide, qui ne chauffe pour ainsi dire pas et qui dispose d'une endurance remarquable. Hélas, sur le strict terrain des performances, le MP600 Pro est un petit peu en retrait des meilleurs SSD PCIe Gen 4 4x.
- Rapidité du PCIe GEn 4 4x
- Dissipateur thermique livré
- Échauffement maîtrisé
- Excellente endurance
- Cinq ans de garantie
- Un tarif qui monte, qui monte
- Le cache SLC coince autour de 100 Go
- Retour de température décalé de 10°C