L'OLED en met plein les yeux aux amateurs de belles images et de cinéma, mais est-ce vraiment suffisant ? © Matthieu Legouge pour Clubic
L'OLED en met plein les yeux aux amateurs de belles images et de cinéma, mais est-ce vraiment suffisant ? © Matthieu Legouge pour Clubic

Phénomène rare ou réel sujet à inquiétude ? Inhérent aux dalles OLED, le burn in fait toujours parler de lui et est encore vu par beaucoup comme un frein à l’achat d’un écran OLED. Est-ce à raison et faut-il réellement s’en soucier ? Nous avons réuni quelques éléments de réponse pour tenter d’y voir un peu plus clair.

L’OLED a beaucoup évolué ces dernières années. Intégrée à de nombreux produits, de nos smartphones à nos téléviseurs, cette technologie d’affichage s’est assez largement démocratisée, si bien qu’on la retrouve désormais pour animer certains moniteurs PC et écrans gaming, mais aussi plusieurs références de laptops et autres consoles portables.

Malgré cette popularité croissante, conjuguée à des progrès significatifs en matière de performances et de qualité d’affichage, l’OLED reste souvent pointée du doigt en raison de l’usure de ses diodes organiques provoquant parfois des brulures d’images permanentes sur l’écran. Entre les retours d’expérience d’utilisateurs déçus et les différents tests disponibles sur la toile, la question mérite encore d’être posée en 2024. Alors, faut-il craindre le phénomène de burn in sur votre téléviseur flambant neuf ?

Nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont répondu à notre enquête sur le marquage OLED. Vos retours nous ont permis d’y voir plus clair sur la situation, de mieux comprendre la déception induite par ce phénomène chez de nombreux utilisateurs et de constater les dégâts sur des séries de téléviseurs plus ou moins récentes. Nous remercions également tous ceux qui nous ont envoyé des images de leur téléviseur marqué et donné leur autorisation pour les utiliser afin d'alimenter le dossier qui suit.

Qu’est-ce que le burn in et à quoi est-il dû ?

Le burn in, pour résumer

Comme c’était auparavant le cas avec les écrans plasma, et avant eux les écrans à tubes cathodiques, l’OLED peut lui aussi être sujet au phénomène de burn in, une rétention d’image d’abord temporaire, qui peut devenir permanente dans certains cas. En clair, les éléments statiques d’une image affichée trop longtemps peuvent continuer d’apparaitre en surimpression sur l’écran. Dans le meilleur des cas, cela ne durera qu’un court instant, hélas le marquage de la dalle peut aussi devenir permanent, cela se produit généralement après plusieurs milliers d’heures à revenir sur des programmes où les mêmes éléments statiques apparaissent.

Bel exemple de burn in sur le téléviseur Philips OLED de Loïc. La dégradation des sous-pixels est bien visible au centre de l'écran, mais aussi avec l'incrustation permanente de trois logos différents.
Bel exemple de burn in sur le téléviseur Philips OLED de Loïc. La dégradation des sous-pixels est bien visible au centre de l'écran, mais aussi avec l'incrustation permanente de trois logos différents.

Le burn in dans le détail

Contrairement aux affichages LCD qui utilisent un rétroéclairage, les écrans OLED disposent de pixels auto-émissifs, capables de produire leur propre lumière. Pour ce faire, ils utilisent des matériaux organiques qui, sous l’effet d’un champ électrique, vont produire les fameux photons : c’est le principe d’électroluminescence. C’est au niveau des sous-pixels que la couleur est créée, avec des structures horizontales de type WRGB (quatre sous-pixels) qui ont recours à une couche émissive blanche dans le cas des dalles fabriquées par LG Display, là où Samsung Display a recours à une couche émissive bleue et une structure RGB qui est donc constituée de trois sous pixels disposés en triangle pour ses dalles QD-OLED.

La différence entre le W-OLED de LG Display, à gauche, et le QD-OLED de Samsung Display, à droite

Le burn in est tout simplement causé par la dégradation de ces matériaux organiques. Exposés à une luminosité et à des températures élevées, ils vont progressivement se dégrader, de manière inégale la plupart du temps, pour la simple raison que certains pixels vont être plus sollicités que d’autres en fonction du contenu affiché à l’écran. Par conséquent, les images affichant des contenus lumineux statiques participent à cet inexorable processus de dégradation.

Le LG OLED de David a conservé les traces de bandeaux de chaines d'information en continu. Il a néanmoins pu remplacer son téléviseur acheté en 2019 grâce à la garantie de 5 ans proposée par LG

Pour vous donner un autre exemple concret, l’image ci-dessous, issue des tests de burn in menés par Rtings, montre parfaitement la dégradation inégale des sous-pixels.

© Rtings

Le sous-pixel rouge a ici été beaucoup plus sollicité que les autres au niveau du logo CNN, tandis que le bandeau blanc de la chaine d’information en continu laisse lui aussi une surimpression sur l’image. Logiquement, l’affichage d’une mire de gris à 50 % nécessitant l’usage de l’ensemble des sous-pixels, montre bien ce phénomène de dégradation inégale. Pour information, précisons que ces tests menés par le site spécialisé ne constituent en rien un usage normal de ces téléviseurs, mais au contraire des conditions extrêmes de diffusion en boucle d’un même contenu, 20 heures sur 24, pendant 10 mois, afin d’identifier et de déterminer la survenue de ce phénomène.

Forcément, les zones marquées affichent des teintes différentes de celles diffusées, comme on peut le constater sur le Panasonic TX-65EZ950E d'Artur Angelo

Certes, il est vrai que tous les écrans OLED sont amenés à se dégrader dans le temps, rien n’est éternel et le problème du burn in laissera toujours un doute. Il y a toutefois une bonne nouvelle, car si l’OLED s’est largement amélioré ces dernières années en matière d’intensité lumineuse notamment, de gros efforts ont également été réalisés au sujet du burn in. Naturellement, ces deux évolutions ne vont pas l’une sans l’autre puisqu’il aurait été impossible pour les fabricants d’augmenter le pic lumineux si la rétention d’image était encore l’une des problématiques majeures avec l’OLED. Alors, comment ont-ils fait pour réduire au maximum les risques de burn in, et devez-vous toujours craindre ce phénomène en achetant un téléviseur, ou un écran PC qui affichera de nombreuses zones statiques à l’image ?

Quelles solutions les constructeurs ont-ils trouvés pour prévenir le marquage des dalles OLED ?

Vous l’aurez compris, le burn in est un phénomène auquel l’OLED sera toujours potentiellement sujet. La question est toutefois de savoir si les écrans actuellement produits sont toujours aussi sensibles au marquage permanent et si vous risquez de le rencontrer durant le laps de temps où vous conservez votre téléviseur, moniteur, ou autre écran OLED.

Des améliorations matérielles constantes

Depuis le lancement de cette technologie d’affichage sur le marché, les constructeurs ont mis plusieurs solutions en œuvre afin de réduire les risques au maximum. Les progrès les plus importants ont été le fruit de recherches sur les matériaux organiques. Elles ont permis d’améliorer significativement l’efficacité lumineuse de ces derniers, mais aussi de les rendre chimiquement plus stables, ce qui a eu pour conséquence d’améliorer leur résistance thermique. En outre, les modèles les plus lumineux ont aussi le droit à des dissipateurs thermiques qui permettent d’évacuer la chaleur de manière optimale, et donc d’éviter la dégradation prématurée des matériaux, comme c'est le cas du LG OLED G3 ci-dessous.

Le LG OLED G3 © Matthieu Legouge pour Clubic

Des solutions logicielles efficaces ?

D’un autre côté, les constructeurs qui ont recours à des dalles OLED ont développé des solutions logicielles pour prévenir le marquage. Leurs noms diffèrent selon les marques, mais l’objectif est le même. On trouve ainsi des fonctions de décalages de pixels (pixels shifting) : généralement imperceptibles à l’œil, elles consistent à faire varier légèrement la position des pixels dans différentes directions, à intervalles réguliers. De cette manière, l’utilisation des pixels est plus uniforme, permettant à certains pixels de ne pas être exposés à des zones d’image statiques trop longtemps.


Autre fonction importante : le nettoyage ou rafraichissement des pixels. Il s’agit d’une fonction automatique qui va se lancer lorsque le téléviseur est en veille, sur des cycles plus ou moins longs selon la durée d’utilisation de la dalle. Un nettoyage des pixels survient ainsi au bout de quelques heures d’utilisation, cumulées ou non, dès lors que l’on éteint son téléviseur. Un nettoyage avec un cycle plus long et en profondeur est généralement proposé à l’utilisateur au bout de plusieurs centaines ou milliers d’heures d’utilisation.

Le premier geste pour protéger son écran OLED consiste à bien laisser actives toutes les options de protection et à ne pas débrancher son téléviseur © LG

Outre ces deux fonctions principales, nous avons vu naitre plus récemment des fonctions à base d’intelligence artificielle qui peuvent grandement aider à diminuer les risques de burn in. C’est notamment le cas de la détection de logo qui analyse et détecte automatiquement les zones statiques afin d’abaisser leur luminosité. Bien d’autres méthodes ont été adoptées par la majorité des constructeurs, on pense par exemple à l’affichage automatique d’un fond d’écran animé lorsque le téléviseur ne détecte pas de signal durant quelques minutes, la réduction globale de la luminosité de l’écran après quelques dizaines de secondes à afficher une image statique, ou encore la détection de la barre de tâche sur certains moniteurs PC qui ont recours à une dalle OLED.

Quelles sont les précautions à prendre pour éviter le burn in ?

Le problème soulevé par le burn-in est celui de la dégradation des sous-pixels, le marquage est en effet perceptible en raison d’une dégradation inégale, comme précisé précédemment. Nous estimons bien sûr que les utilisateurs ne devraient pas avoir besoin de prendre de disposition particulière pour éviter un quelconque burn in et les solutions offertes par les différents constructeurs devraient théoriquement suffire pour éviter le marquage. Néanmoins, cela ne nous empêche pas de vous prodiguer quelques conseils qui peuvent aider à prolonger la durée de vie de vos écrans OLED.

La base, c’est évidemment de laisser activer toutes les options prévues par le constructeur, que nous avons déjà citées plus haut. Celles-ci permettront d’agir sur les zones statiques en modulant leur luminosité et en décalant les pixels et offrent diverses fonctions de protection qui sont notamment réalisées lorsque le téléviseur est en veille.

© serhatctk / Shutterstock

Cela nous mène à notre deuxième conseil : ne déconnectez pas votre téléviseur du secteur afin de le laisser effectuer ces opérations de nettoyage lorsqu’il est en veille. Enfin, il est important de s’assurer que le firmware de votre appareil soit à jour. Ce dernier peut contenir des améliorations visant à réduire le risque de burn in.

Pour ceux qui en sont équipés, nous vous conseillons également de recourir à la gestion automatique de la luminosité. Cette fonctionnalité, dont le but est d’adapter le rendu de l’image en fonction de la luminosité ambiante, peut vous permettre d’avoir un usage moins intense en abaissant la luminosité du téléviseur automatiquement lorsque la luminosité baisse dans votre pièce.

Enfin, évitez la diffusion prolongée et répétée d’éléments statiques, par exemple via les chaines d’information en continu. Par diffusion prolongée et répétée, nous entendons par là un usage de plusieurs heures par jour, tous les jours, sur une période relativement longue. Si vous consommez chaque jour le même contenu et de manière prolongée, l'OLED n’est peut-être pas ce qu’il vous faut. Dans ce cas, un téléviseur MiniLED pourra sans doute répondre à vos attentes.

Le burn in est-il toujours à craindre à l’heure actuelle ?

Les générations successives de dalles OLED ont apportées des optimisations importantes pour réduire les risques autant que possible, notamment avec des mesures préventives efficaces. On estime aujourd’hui qu’un marquage permanent peut apparaitre lorsque l’écran est soumis à une forte luminosité tout en affichant des zones statiques récurrentes, ce durant plusieurs milliers d’heures. Il peut néanmoins arriver de constater une rétention d’image sur votre écran : celle-ci est temporaire et devrait disparaitre après quelques minutes.

Si un marquage permanent apparait alors même que l’utilisation de votre écran n’est pas sortie d’un cadre « normal » d’usage, il y a des chances pour que celui-ci soit affecté par un défaut de fabrication. Dans ce cas, cela ne devrait pas être un problème de faire fonctionner la garantie.

La production des dalles W-OLED comme QD-OLED reste en effet contrainte par de nombreux facteurs en raison de matériaux organiques qui, même s’ils sont plus stables au fil des évolutions, restent particulièrement sensibles, ce pour quoi un grand soin est de mise sur les chaines de production. Vu les résultats de notre enquête, notamment avec de nombreux témoignages qui font mention d’une utilisation tout à fait normale de leur téléviseur OLED (pas plus de quelques heures par jour, sans forcément afficher beaucoup de contenus statiques et sans être en mode dynamique), sur des modèles récents comme plus anciens, il y a fort à parier que de nombreux modèles font preuve d’une dégradation anormale des sous-pixels qui ne devraient pas avoir lieu aussi prématurément.

La question la plus pertinente qui se pose à nous est finalement de savoir le niveau d’exigence des contrôles qualité en bout de chaines de production est suffisamment élevé. Sachant déjà que la fragilité de l’OLED mène à l’évacuation d’un grand nombre de dalles au moment de la production, ce qui entraine par la même occasion une nette hausse de l’empreinte écologique de cette technologie par rapport au LCD, il est probable que les constructeurs fassent du mieux qu’ils le peuvent, du moins, espérons-le.

Les plus
  • De l'OLED 4K à 240 Hz pour un rendu extrêmement fluide et détaillé
  • HDMI 2.1, eARC, G-Sync, Dolby Vision
  • Rendu du texte largement amélioré
  • Image précise avec de superbes couleurs
  • Excellente uniformité
Les moins
  • Risque de burn-in
  • Luminosité encore limitée
  • Consommation électrique

Vous trouverez désormais la mention "Risque de burn-in" ou similaire dans les points faibles de nos tests de téléviseurs, moniteurs et laptops OLED.

Ayant à cœur d’orienter du mieux que possible nos lecteurs, l’enquête que nous avons initiée à propos du marquage aura finalement un impact sur nos tests. Après avoir recueilli vos témoignages, pris en compte vos commentaires et visualisé les photographies de vos téléviseurs OLED marqués, nous avons désormais décidé d’inclure systématiquement le risque de burn-in dans les points faibles de nos tests de téléviseurs et de moniteurs OLED, des produits pour lesquels nous estimons que la durée de vie se doit d’être bien supérieure à d’autres types d’écrans, comme ceux des smartphones par exemple.

Ce qu’il faut retenir à propos du burn-in

  • Ces dernières années, les écrans OLED sont parvenus à améliorer significativement leurs performances en matière de qualité d’affichage. Les constructeurs ont également travaillé à les rendre plus fiables sur le long terme, si bien que le burn-in est aujourd’hui considéré comme un problème rare, qui survient surtout dans le cadre d’un usage « extrême », autrement dit en diffusant du contenu statique à forte luminosité pendant des milliers d’heures.
  • Les solutions matérielles et logicielles mises en place permettent de réduire drastiquement les risques. Les utilisateurs doivent toutefois prendre garde de laisser leurs téléviseurs et moniteurs effectuer les opérations de nettoyage et de maintenance de la dalle et de s’assurer que le firmware de leur appareil est à jour.
  • Malgré tout, le risque existe si vous consommez énormément de contenus avec des zones statiques (sports, chaines d’informations en continu, jeux-vidéo, etc.). Si c’est le cas, le choix d’un téléviseur LCD (QLED, MiniLED, etc.) est sans doute plus pertinent pour votre usage.
  • Parallèlement, il convient également de noter que les écrans LCD ne sont pas exempts de problèmes de longévité. Bien que moins sensibles au burn-in, ils peuvent également présenter des problèmes de rémanence et de dégradation de l'image avec le temps. L’écart s’est resserré au fil des années, la technologie LCD semble toutefois avoir encore une longueur d’avance en matière de fiabilité. Finalement, cela souligne surtout la nécessité pour les consommateurs de faire des choix éclairés en matière de technologie d'affichage, mais aussi d’adapter quelque peu leur usage en fonction de la technologie choisie.