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Alors que les retards d’Ariane 6 jettent une ombre sur les activités de l’ESA, l’agence s’apprête à nommer son nouveau directeur. Josef Aschbacher, candidat autrichien, est pressenti pour le poste.

Pour la première fois en 30 ans, l’ESA ne serait plus dirigée par un membre issu de ses plus gros contributeurs financiers.

Un candidat autrichien désigné à la tête de l’ESA

Les délégations spatiales des 22 pays membres de l’Agence spatiale européenne ont voté pour désigner le nouveau directeur général de l’agence devant succéder à l’Allemand Jan Wörner le mois prochain. Parmi les 220 candidats de tous horizons, c’est l’Autrichien Josef Aschbacher, bien connu à l’ESA, qui a emporté la majorité des voix. Un vote du Conseil de l’ESA, mi-décembre, devrait ratifier cette nomination.

Pour la première fois depuis 36 ans, l’ESA sera dirigée par un représentant d’une « petite nation » spatiale. D’ailleurs, à l’exception du Danois Erik Quistgaard qui a exercé de 1980 à 1984, l’agence a systématiquement été dirigée par un membre issu de ses quatre plus gros contributeurs financiers : la France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni.

Redresser la barre

Si Josef Aschbacher est issu d’un pays finançant moins de 1 % de l’ESA, il a surtout la particularité de faire déjà partie de la maison. Un point important dès lors que certains candidats des « grandes nations » étaient proposés avant tout pour des motifs politiques.

Docteur en sciences naturelles, Josef Aschbacher est aujourd’hui le directeur des programmes d’observation de la Terre au sein de l’ESA. À ce titre, il a dirigé efficacement le programme Copernicus, tant dans ses aspects techniques que politiques. Destiné à surveiller en permanence la Terre, ses océans et son atmosphère, Copernicus dispose de sa propre constellation de satellites Sentinel qui, contrairement à Ariane 6 ou au système de positionnement Galileo, a connu un développement sans accroc majeur.

Grâce à ses bons résultats sur Copernicus, mais aussi à ses connaissances étendues sur le fonctionnement de l’ESA et de la Commission européenne, Josef Aschbacher s’est imposé comme un choix logique. Il aura pour mission principale de redresser la barre du programme Ariane 6, mais aussi de gérer les conséquences du Brexit sur certains programmes, comme Galileo.

Enfin, il devra sans doute piloter la réponse européenne aux réseaux Starlink et OneWeb, mais aussi la participation européenne au programme américain Artemis, le retour de l'Homme sur la Lune. Une tâche techniquement complexe qui demandera également de vrais efforts diplomatiques et une certaine neutralité dans les arbitrages. Ce qu’un représentant français, allemand ou italien aurait eu du mal à obtenir sans être accusé de favoritisme politique et industriel.

Source : Les Échos