L’agence spatiale européenne (ESA) a annoncé aujourd’hui avoir sélectionné la société franco-italienne Thales Alenia Space pour livrer deux modules essentiels à la future station spatiale lunaire LOP-G. Les futurs modules ESPRIT et I-HAB constitueront la principale participation européenne au programme Artemis, mené par la NASA.
La LOP-G (Lunar Orbital Platform – Gateway) pourra servir de camp de base pour les astronautes devant fouler le sol lunaire.
Les ambitions internationales d’Artemis
Lancé en 2017 par la NASA, le programme Artemis avait pour but de succéder à la fois au programme Apollo des années 1960 et à la Station Spatiale Internationale, qui arrive lentement en fin de vie. Outre de nouveaux lanceurs lourds, des atterrisseurs lunaires et des ébauches de bases lunaires, Artemis comprend également le développement d'une nouvelle station spatiale en orbite lunaire. Capable d’accueillir des expériences scientifiques, à l'instar de l’ISS, la LOP-G doit surtout servir d’étape intermédiaire pour les humains en route pour le sol lunaire.
Et comme l’ISS avant elle, la LOP-G devait initialement être construite (et opérée) conjointement par les agences spatiales américaines, russes, européennes, japonaises et canadiennes. Depuis, la Russie a cependant déclaré publiquement qu’elle refusait de participer à ce programme international. Qu’à cela ne tienne, Nord-Américains, Japonais et Européens restent résolument investis dans la LOP-G.
Un contrat en or pour Thales Alenia Space
Dans le cadre du partage des tâches, l’ESA s’est vu confier la responsabilité de plusieurs modules de Gateway. Le premier est le module de service ESPRIT (European System Providing Refuelling, Infrastructure and Telecommunications), qui doit comprendre les réserves de carburant, des propulseurs et les communications. Le second est I-HAB (International Habit) qui, comme son nom l’indique, offrira un espace de vie pour l’équipage international de la station.
Pour la conception de ces modules, l’ESA a mis en concurrence les deux champions européens du secteur spatial, Airbus et Thales Alenia Space. Finalement, c’est TAS qui a été sélectionnée pour un contrat qui pourrait, à terme, porter sur plusieurs centaines de millions d’euros (327 millions pour le seul I-HAB).
Airbus, moins expérimenté dans le secteur des modules habités, se consolera grâce à un contrat important sur la mission robotisée Mars Sample Return.
Trois lancements devraient être nécessaires entre 2024 et 2027 pour mettre en orbite lunaire ces deux modules, ESPRIT étant scindé en deux éléments. Toutefois, la crise économique actuelle et un possible changement d’administration à la Maison Blanche pourraient changer la donne. Si une annulation d’Artemis est toujours possible, le plus probable reste tout de même un report de certains lancements, ou une révision à la baisse des ambitions du projet. Cela pourrait alors impacter la LOP-G, dont le développement devra aussi composer avec l’annulation de la participation de l’agence spatiale russe.
Source : Thales Group