Coucou Thomas ! Accroché par les pieds, à 400 km d'altitude... Crédits ESA/T.Pesquet
Coucou Thomas ! Accroché par les pieds, à 400 km d'altitude... Crédits ESA/T.Pesquet

Malgré une longue préparation, la première sortie pour installer les nouveaux panneaux iROSA sur leurs supports de la grande poutre centrale de la station spatiale internationale fut émaillée de complications. Ces soucis, dont un problème de scaphandre pour Shane Kimbrough, ont retardé les opérations.

La prochaine sortie aura-t-elle lieu dimanche ?

La Loi de Murphy nous guette tous !

Après l'arrivée des nouveaux panneaux solaires déroulants sur l'ISS le 5 juin, il ne restait plus qu'à sortir pour les accrocher sur leurs supports ! Du moins, en théorie. Thomas Pesquet et son collègue américain Shane Kimbrough (qui avaient déjà réalisé une sortie en scaphandre en commun en 2017) s'étaient entrainés à ce véritable ballet pour déplacer ces deux imposants cylindres de 340 kg sur la poutre centrale de l'ISS depuis pratiquement un an et demi… Mais parfois, le matériel refuse de participer aux efforts ! La sortie (officiellement US-74) avait pu démarrer à l'heure, après un réveil matinal, quelques heures à respirer de l'oxygène pur, puis le test des scaphandres avant de passer dans le sas et d'entamer la dépressurisation. A 14 h 09 (Paris), l'écoutille était ouverte et les deux astronautes avaient débranché leur combinaison du support-vie de la station. Toujours reliés par des filins de sécurité à différents points d'ancrage, ils sont sortis et ont vérifié une fois de plus leur équipement.

Thomas Pesquet sort du sas Quest en première position.crédits NASA/ESA/T.Pesquet
Thomas Pesquet sort du sas Quest en première position.crédits NASA/ESA/T.Pesquet

Un souci, deux soucis, trois..

Pour Shane Kimbrough, les ennuis ont démarré dans la foulée. Thomas Pesquet est allé s'occuper des panneaux, stockés sur un site temporaire car ils ne pouvaient pas être amenés jusqu'au bout de la poutre centrale de l'ISS avec le bras robotisé. Il fallait donc d'abord les séparer de leur palette de transport. Mais l'opération a pris du retard : la couverture thermique refermant le sas refusait obstinément de tenir en place, et l'américain a dû se démener pour y arriver. Presque un détail, mais en réalité une mise en bouche avant le reste des pépins techniques qui se sont accumulés. Car après avoir desserré quasiment toutes les fixations de sécurité pour détacher les panneaux, et une fois que Thomas était debout sur le bout du bras robotisé Canadarm2, le système ventral du scaphandre de Shane Kimbrough (le DCM ou Display and Control Module) est entré en anomalie.

C'est que mine de rien, c'est encombrant... Crédits NASA

Rien de grave ou de dangereux pour l'astronaute, mais ce dernier comme les équipes au sol doivent être informés en permanence de l'état de la combinaison, et pouvoir régler différents paramètres. Du coup, Shane Kimbrough a dû s'arrêter, puis revenir au sein du sas pour rebrancher son scaphandre au système central de l'ISS et pouvoir redémarrer le DCM. On s'en doute, ce n'est pas une opération qui ne dure que quelques minutes : entre le début de la panne et le moment où Shane Kimbrough a pu revenir aider Thomas Pesquet, ce sont pratiquement 90 minutes qui ont filé. D'autant que les équipes au sol ne devaient pas faire le mauvais choix : pas question d'autoriser Thomas à embarquer les cylindres jusqu'à leur point de fixation si c'est pour se retrouver tout seul au milieu de l'opération !

Ne pas tomber dans le panneau

Les deux astronautes ont été efficaces ensuite, mais ils avaient perdu trop de temps pour pouvoir rattraper l'agenda d'une sortie déjà très dense. Après un véritable numéro de Thomas Pesquet au bout du bras robotisé (techniquement peu complexe mais visuellement ahurissant) pour transporter le panneau, les deux hommes ont pu les installer sur le support prévu, et s'assurer qu'ils resteraient en sécurité. Mais le déploiement n'a pas pu avoir lieu suite à un ennui supplémentaire : un équipement a bloqué le dépliage des deux cylindres contenant le panneau roulé, les empêchant de se mettre dans leur position finale. Ce dernier élément, qui est pour l'instant le plus ennuyeux pour la suite des opérations, a tout de même été photographié sous plusieurs angles différents par les astronautes, avant qu'ils ne quittent leur site de travail.

La sortie aura finalement duré 7 heures et 15 minutes et fut fatigante et frustrante pour les astronautes comme pour toute la grande équipe qui a permis que cette EVA puisse avoir lieu. Les astronautes ont cependant été félicités par leurs agences respectives, ayant réussi à faire du mieux qu'ils pouvaient dans ces conditions.

Si on ne retient que les passages à l'extérieur, une EVA c'est aussi une longue préparation... Crédits NASA/JAXA/A. Hoshide

Une deuxième installation de panneaux est prévue dimanche, et pour l'instant maintenue : Thomas et Shane devront ressortir pour terminer le déploiement du premier panneau avant de répéter toute l'opération. Reste que réussir à tout concentrer en « seulement » six à sept heures de travail sera compliqué, même dans le cas où ils ne rencontreraient aucun point bloquant. Les équipes au sol étudient un éventuel report, le temps de bien documenter le souci pour le déploiement avant de demander aux astronautes de sortir à nouveau.

Source : YouTube