Vue d'artiste de la sonde Solar Orbiter de l'ESA (avec participation NASA), équipée d'un imposant bouclier. Crédits : ESA
Vue d'artiste de la sonde Solar Orbiter de l'ESA (avec participation NASA), équipée d'un imposant bouclier. Crédits : ESA

La sonde européenne Solar Orbiter, en transit depuis février 2020, va officiellement démarrer sa campagne scientifique. Mais avant, il lui reste à survoler la Terre, dans un freinage gravitationnel qui la fera passer à seulement 460 km de la surface. Un record, et une manœuvre à préparer avec attention !

Le test antisatellite russe n'arrange rien…

Une Formule 1 traverse l'orbite terrestre

Les équipes de l'ESA qui s'occupent de la sonde Solar Orbiter sont encore en phase d'observation avancée. Il leur reste quelques jours pour décider, en fonction des simulations et des prévisions de trajectoire des différents catalogues d'objets en orbite, s'il faut ou non faire une dernière petite manœuvre de correction. Car Solar Orbiter s'approche de la Terre à grande vitesse : une différence relative de plus de 35 000 km/h !

La sonde arrive dans la zone d'influence gravitationnelle de la Terre pour s'y freiner, et optimiser son parcours dans le Système solaire. Or pour économiser un maximum d'ergols (le carburant de Solar Orbiter), il est super pratique de pouvoir la faire passer au plus près de l'atmosphère terrestre. Près… très très près : 460 kilomètres seulement. Un record jusqu'ici tenu par la sonde Juno, en route vers Jupiter en 2013 (520 kilomètres environ).

Éviter le jeu de billard

Pour cette approche, l'agence spatiale européenne doit prendre beaucoup de précautions. Même si elle n'est pas spécialement alignée sur l'équateur, Solar Orbiter va traverser comme un bolide la « bande » de satellites en orbite géostationnaire (en s'approchant et en s'éloignant), avant de s'approcher beaucoup plus proche de la Terre, directement au milieu de l'orbite basse et de ses très nombreux satellites.

De quoi tenter de savoir très précisément où la sonde va passer, car il faut qu'elle évite les Starlink comme les autres satellites présents dans la zone, et même les débris qui s'y trouvent, y compris les milliers de morceaux de la récente destruction du satellite russe Cosmos 1408. Les dernières heures avant l'approche seront cruciales, notamment à cause de la vitesse de la sonde : elle passera de 460 km à plus de 36 500 km de distance en une heure à peine.

Même si elle passe très près de nous, Solar Orbiter ne sera pas visible dans le ciel de nuit. Crédits : ESA
Même si elle passe très près de nous, Solar Orbiter ne sera pas visible dans le ciel de nuit. Crédits : ESA

Un début de mission très réussi

C'est la dernière fois que Solar Orbiter va passer près de la Terre. Elle va perdre suffisamment de vitesse pour que son orbite, réduite, lui permette de modifier ses orbites suivantes en survolant Vénus. Cette fois, il ne s'agira pas que de freiner, mais aussi de changer son inclinaison. En effet, l'objectif scientifique principal de la sonde est d'étudier les zones solaires polaires, qui sont pour l'instant cachées de l'ensemble de nos capteurs. Et il faudra être patients, l'inclinaison suffisante ne sera acquise qu'entre 2027 et 2030.

La campagne scientifique, après une période d'environ un an d'étalonnages et autres essais, va rentrer dans son rythme de croisière dès le mois de décembre. En mars prochain, Solar Orbiter passera à seulement 50 millions de kilomètres du Soleil, une opportunité pour ses instruments de prendre des images deux fois mieux résolues que durant les passages précédents. Les équipes scientifiques attendent les résultats avec impatience.

Source : ESA