Vue d'artiste de la sonde en configuration « de voyage » pour son survol de Mercure. Crédits : ESA
Vue d'artiste de la sonde en configuration « de voyage » pour son survol de Mercure. Crédits : ESA

Grand moment pour les équipes européennes et japonaises qui gèrent la mission BepiColombo : la sonde va survoler Mercure, son objectif final, pour la première fois dans la nuit du 1 au 2 octobre. La première de six rencontres avec la petite planète avant d'entrer en orbite à la fin d'année 2025.

Un long voyage, mais pas ennuyeux !

Agiter le Mercure

Une véritable petite partie de billard dans le Système solaire, voilà à quoi ressemble le trajet de la sonde BepiColombo depuis son départ de la Terre en octobre 2018. C'est que, pour pouvoir entrer en orbite de Mercure, il faut beaucoup d'énergie afin de freiner et d'atteindre la planète la plus proche du Soleil !

Pour un véhicule aussi massif que la « multi-sonde » composée d'un module de voyage, de la partie européenne MPO (Mercury Planetary Orbiter), de la partie japonaise MMO (Mercury Magnetospheric Orbiter) et d'un grand cache de protection, pas question d'embarquer de gigantesques réservoirs dédiés au freinage. BepiColombo se repose donc sur des propulseurs ioniques très peu puissants, mais à très haut rendement, et sur les planètes qu'il croise pour bénéficier d'un freinage par décélération gravitationnelle.

Sa mission en prévoit neuf, un près de la Terre, deux survols de Venus (le dernier a eu lieu en août dernier) et six proches de Mercure. À chaque fois, son orbite se rapproche de celle de Mercure, et les intervalles entre les survols diminuent. Mais pour ça, il faut pouvoir manœuvrer avec une précision exquise…

La sonde BepiColombo lors de sa préparation avant décollage. Le module avec panneaux solaires est celui du transport, on retrouve au-dessus le MPO puis tout en haut le MMO. Crédits : ESA/CNES/Arianespace/Optique video du CSG/JM Guillon
La sonde BepiColombo lors de sa préparation avant décollage. Le module avec panneaux solaires est celui du transport, on retrouve au-dessus le MPO puis tout en haut le MMO. Crédits : ESA/CNES/Arianespace/Optique video du CSG/JM Guillon

C'est un oiseau, c'est un avion, c'est BepiColombo

Car oui, foncer vers une planète pour en survoler sa surface à uniquement 200 km (198 exactement, si tout se passe bien), ce n'est pas qu'un exercice de physique théorique. Il faut une confiance absolue, non seulement dans le positionnement exact du véhicule, mais aussi dans les effets directs du survol.

Toute erreur de calcul sera définitive, sachant que BepiColombo et Mercure seront distants de plus de 100 millions de kilomètres de la Terre lors de la manœuvre. La sonde fera ainsi honneur au nom qui lui a été attribué, Giuseppe « Bepi » Colombo étant le scientifique de renom qui a proposé le concept d'assistances gravitationnelles multiples pour les sondes d'exploration.

Au point le plus proche de Mercure, la sonde sera « côté nuit » de la petite planète, aussi les photos qui vont capturer le survol seront prises d'un peu plus loin (1 000 km à minima). Toutefois, les équipes sont très impatientes de découvrir les premières images de leur objectif d'étude ! Ce seront aussi les premiers résultats capturés près de Mercure en six ans, puisqu'aucun véhicule ne s'est approché d'elle depuis la fin de la mission Messenger en avril 2015.

L'une des photos du survol de la Terre prises en 2020. Crédits : ESA

Peu de science, mais de l'efficacité !

Il faut préciser que, scientifiquement, le résultat du survol sera beaucoup plus pauvre que ce que BepiColombo sera capable de produire une fois ses modules séparés et en orbite de Mercure en 2025. La partie japonaise de la mission est actuellement dans son cache et peu d'instruments de la partie européenne sont disponibles dans la configuration de voyage actuelle.

Cependant, en plus des photos minimalistes prises par le module de propulsion, les scientifiques de la mission activeront les instruments pour prendre des mesures du champ magnétique de Mercure ainsi que des particules chargées et du plasma dans son environnement proche. C'est aussi une bonne répétition générale pour les séquences des cinq prochaines rencontres !

Rendez-vous avec Mercure pour le prochain survol le 23 juin prochain.

Source : ESA