Et si c'était un vrai ballon de rugby ? On ne sait pas. Crédits : ESA
Et si c'était un vrai ballon de rugby ? On ne sait pas. Crédits : ESA

Pour la première fois, les observations révèlent une exoplanète qui n'est pas sphérique, mais présente une forte déformation due à sa densité et à l'influence de son étoile ! WASP-103b est un cas unique pour l'instant, qui intrigue à plus d'un titre. Idéal pour CHEOPS, qui caractérise les exoplanètes…

Il faudra surveiller pour savoir s'il passe la ligne des 22…

WASP sans points de pénalité

On connaissait déjà les formes allongées de certaines planètes mineures aux orbites lointaines dans notre propre Système solaire, mais jusqu'à présent parmi les quelques milliers d'exoplanètes observées, aucune n'avait montré cette forme « en ballon de rugby ». Jusqu'à ce que le télescope orbital CHEOPS (CHaracterising ExOPlanet Satellite) puisse étudier le transit de WASP-103b devant son étoile ! Dès sa découverte en 2014, les astrophysiciens prévoyaient qu'elle soit « significativement déformée » par les effets de marée, mais la confirmation aura donc attendu 2021. L'étoile WASP-103 elle-même est un astre impressionnant, d'environ 1,7 fois la taille de notre Soleil et au moins 200°C plus chaud.

Et autour d'elle, il y a donc cette grosse planète, qui orbite très, très proche de son étoile, en un jour seulement (rappel, même Mercure met 88 jours) ! WASP-103b a une masse estimée à 10 % de celle de son soleil, et une taille équivalente à 1,5 fois Jupiter. En tant que géante gazeuse, son intérieur doit être comparable, mais compte tenu des autres paramètres, les astrophysiciens estiment que la température y est 20 fois supérieure !

Les Européens au raffut

Si CHEOPS a pu réaliser des observations suffisamment précises pour estimer ces différents paramètres, c'est parce que le petit télescope orbital (à 700 km d'altitude environ) est spécialisé pour caractériser les exoplanètes connues, et en particulier pour contraindre leur taille, ce qui a des implications ensuite pour leur masse et leur densité (mais aussi leur âge, leur composition, etc.).

CHEOPS utilise son capteur spécialisé pour enregistrer plusieurs transits, donc une période orbitale d'une journée environ est idéale pour WASP-103b… « C'est assez incroyable que CHEOPS soit capable de révéler cette déformation », explique Jacques Laskar, de l'Observatoire de Paris (Co-Auteur de l'étude). « C'est la première fois que nous menons ce type d'analyse, et nous espérons qu'une observation sur un intervalle plus long la renforcera, et mènera à une meilleure compréhension de la structure interne de l'exoplanète ».

La méthode des transits permet d'observer les baisses de luminosité lorsqu'une planète passe devant (et derrière) son étoile. Crédits : NASA
La méthode des transits permet d'observer les baisses de luminosité lorsqu'une planète passe devant (et derrière) son étoile. Crédits : NASA

Essai non transformé

Caractériser WASP-103b ne veut pas dire que tous ses mystères sont levés. À part sa forme en ballon de rugby, il reste encore beaucoup à apprendre. Sur la nature de son cœur, par exemple, qui le rend plus sensible qu'une autre au titanesque effet de marée de son étoile. Sur sa densité aussi, ou sa composition. Enfin, il reste des étrangetés dans les mesures, en particulier le fait que WASP-103b s'éloigne de son étoile.

En général, les exoplanètes dans cette situation finissent par se désintégrer et être absorbées par leur astre… Mais pas elle, au contraire, elle lui tourne le dos. Dérive d'une orbite plus elliptique qu'elle n'y paraît ? Erreur de mesure ? Influence d'une autre étoile ou d'un astre inconnu ? Comme souvent en astronomie, il n'y a qu'une façon de le découvrir : observer et observer encore !

Sources : ESA, aanda