Un nouveau nom, un écusson de mission et des choix technologiques en cours… L'Agence spatiale européenne progresse pour l'un de ses trois nouveaux « accélérateurs », à savoir la protection des atouts spatiaux.
La petite sonde Vigil décollera pour se rendre au Point de Lagrange L5 et surveiller le Soleil, un enjeu peu connu. On en sait encore peu sur son design final.
Une étoile peut s'agiter…
C'est là l'un des cauchemars récurrents des opérateurs de satellites et de leurs assureurs, mais aussi de nombreux électroniciens sur Terre : une tempête solaire imprévue, avec des effets électromagnétiques importants.
Une étude réalisée par l'Agence spatiale européenne pointait en 2016 qu'un événement de ce genre pourrait coûter entre 13 et 15 milliards d'euros. Or, en anticipant l'arrivée de ces tempêtes solaires, voire en les observant plusieurs jours en amont, il serait possible de s'y préparer au maximum avec une large gamme d'actions. Ne pas lancer ses satellites en orbite très basse dans les jours qui suivent, par exemple… Ou bien éteindre les instruments et les antennes les plus sensibles sur les satellites déjà autour de la Terre, anticiper les effets sur les réseaux électriques, etc.
Observer le Soleil en décalé
Malheureusement, il est difficile de prévoir une telle activité solaire. Les observatoires braqués sur le Soleil depuis l'orbite terrestre ou le Point de Lagrange L1 peuvent dans certains cas être pris de court. Selon les scientifiques et spécialistes, il y aurait un intérêt certain à observer la partie du Soleil d'un autre point de vue, avant que sa rotation l'amène face à la Terre. Bonne nouvelle, car il est théoriquement possible d'envoyer une sonde au Point de Lagrange L5, où elle pourra rester « stationnée » sans trop dépenser de carburant, à surveiller notre étoile. Ce serait aussi une première pour une sonde spatiale, à 150 millions de kilomètres de la Terre.
La protection des atouts spatiaux est identifiée comme une priorité dans le mandat du directeur de l'ESA (elle fait partie des trois sujets « accélérateurs » avec l'observation de la Terre au service de l'écologie et la réponse spatiale rapide en cas de crise). Résultat, le concept de mission « Lagrange » a gagné en visibilité : son étude technique préliminaire est censée se terminer cette année. On en saura donc bientôt plus sur les instruments, le budget et la date de lancement.
Un projet de plus en plus concret
Pour attirer l'attention sur la mission, l'ESA a décidé en 2021 d'utiliser une campagne de « naming », avec un comité qui s'est finalement réuni (en virtuel, COVID oblige) pour délibérer entre les 9 derniers des 5 422 choix proposés et triés par la communication de l'agence.
Ils ont ainsi choisi Vigil, (vigile ou sentinelle en français), qui retranscrit assez bien la fonction de la future sonde. L'agence européenne a dévoilé ce nouveau nom ainsi que l'écusson de la mission il y a quelques jours.