Ces petits serpentins au milieu des étoiles et des galaxies ne sont autres que des astéroïdes qui se baladent "dans le champ"... © NASA, ESA, and B. Sunnquist and J. Mack (STScI)
Ces petits serpentins au milieu des étoiles et des galaxies ne sont autres que des astéroïdes qui se baladent "dans le champ"... © NASA, ESA, and B. Sunnquist and J. Mack (STScI)

En fouillant dans les archives de Hubble, un projet participatif qui associe intelligence artificielle et identification par des amateurs a permis d'identifier 1 701 nouvelles traces d'astéroïdes.

Plus d'un millier de ces traits parasites correspondent à de petits astéroïdes inconnus, probablement situés entre Mars et Jupiter. Comme quoi, tout est bon sur ces clichés !

Des traits et des astéroïdes

Ce sont 37 000 images identifiées, capturées par le télescope spatial Hubble (et plus précisément par ses instruments ACS et WFC3) entre 2002 et 2021, qui ont été passées au crible d'un projet participatif. Lancée en juin 2019, l'initiative se nommait « Hubble Asteroïd Hunter » et venait de scientifiques et astronomes européens. Elle s'est faite en collaboration avec la plateforme zooniverse, qui permet au grand public de prendre part à différents petits projets de science participative.

11 400 personnes ont répondu à l'appel et identifié des courbes sur les poses longues du télescope orbital. Lorsqu'il prend des photos qui durent jusqu'à 30 minutes, un astéroïde « proche » (à l'échelle astronomique) apparaît comme un trait sinueux en « S » ou en « C ». Puis, à partir de cette base de connaissances, une intelligence artificielle a été entraînée et a complété l'étude.

Des cailloux qui laissent des traces

Finalement, ce sont 1 701 traces qui ont été formellement identifiées, sur 1 316 images prises par Hubble… Et ces traits donnent des informations importantes sur la distance de l'astéroïde, sa vitesse et parfois même sur sa période de rotation.

Grâce au gigantesque catalogue des objets mineurs présents dans le Système solaire, les chercheurs ont déterminé que 1 031 de ces traces ne font pas partie des relevés connus. Certains traits sont en effet trop courts ou trop peu marqués pour donner des indices. De plus, les petits astéroïdes qui ont été détectés font majoritairement partie de la ceinture située entre Mars et Jupiter, où résident une grande quantité de petits corps encore non détectés.

Trajectoires variées pour les astéroïdes qui forment les "traits" sur les poses longues du télescope orbital... © ESA/Hubble & NASA, S. Kruk (ESA/ESTEC), Hubble Asteroid Hunter citizen science team, M. Zamani (ESA/Hubble)
Trajectoires variées pour les astéroïdes qui forment les "traits" sur les poses longues du télescope orbital... © ESA/Hubble & NASA, S. Kruk (ESA/ESTEC), Hubble Asteroid Hunter citizen science team, M. Zamani (ESA/Hubble)

Est-il possible d'aller plus loin ?

L'étape suivante, logique, serait de pouvoir identifier ce millier de nouveaux astéroïdes et de les caractériser… Mais même s'il sera possible d'en apprendre beaucoup, les astrophysiciens estiment pour le moment qu'il est impossible de calculer avec fiabilité et précision les paramètres orbitaux de ces astéroïdes, en particulier s'ils n'ont été observés qu'une seule fois durant quelques minutes.

Cette nouvelle référence d'objets « parasites » pourra néanmoins donner des informations de taille et de distance, et permettra de mieux documenter la Ceinture d'astéroïdes. De plus le projet a pu capitaliser sur le soutien du public en science participative, mettre en avant des algorithmes d'apprentissage et de détection, et enfin… rappeler que tous les éléments des clichés astronomiques d'un télescope comme Hubble peuvent receler des données scientifiques !

Source : ESA