Christopher Nolan, le célèbre réalisateur britannico-américain du film Oppenheimer, a récemment établi un parallèle glaçant entre l'avènement de l'IA et l'invention de la bombe atomique.
Christopher Nolan, connu pour le succès de ses nombreux films (Memento, Inception, Batman Begins, Interstellar ou Dunkerque) a convaincu une fois de plus son audience avec la sortie de son film Oppenheimer. Véritable œuvre du cinéma postmoderne, ce long-métrage retrace une partie de la vie du « père de la bombe atomique », J.R. Oppenheimer et son rôle pendant la Seconde Guerre mondiale. Alors que les appels des experts à une régulation internationale de l'IA se multiplient, le réalisateur met en parallèle le développement de cette technologie avec la création de la bombe A.
Le contrôle délicat des technologies émergentes
C'est dans une interview donnée au journal britannique The Guardian que Christopher Nolan a tenu ce discours. Il a souligné le fait que l'appel émis par J.R. Oppenheimer en faveur d'un contrôle international de la technologie nucléaire semblait s'être réalisé, d'une certaine manière. Selon ses mots : « Il est possible aujourd'hui de surveiller efficacement les armes nucléaires, car elles sont complexes à fabriquer. À l'époque, Oppenheimer a rassemblé des milliers de personnes autour du Projet Manhattan, qui aura coûté 2 milliards de dollars à l'état américain. La difficulté de construction des armes nucléaires est dans un certain sens, relativement rassurant ; il est facile de repérer un pays qui serait en train d'en fabriquer une. Pour l'instant, je n'ai pas l'impression que ce soit le cas pour l'IA. »
Selon lui, il faudrait donc appliquer les mêmes principes de régulation à l'IA, mais cela reste très délicat. En effet, développer cette technologie ne nécessite pas de processus industriels massifs comme c'est le cas pour des armes de destruction massive comme les bombes atomiques.
Qui peut réguler l'IA ?
La régularisation de l'IA fait l'objet de demandes de plus en plus pressantes, que ce soit de la part d'institutions officielles ou d'experts. Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, s'est exprimé cette semaine à ce sujet. Il a affirmé que l'ONU était l'institution la plus valable pour établir des normes mondiales concernant l'IA et ses utilisations.
À ce propos, Christopher Nolan soulève deux aspects intéressants. Le premier, c'est que les Nations Unies ont fortement perdu de leur influence depuis la Seconde Guerre mondiale. Des blocs régionaux et des organisations internationales bien plus puissantes ont émergé depuis, ce qui a mené l'ONU à perdre progressivement son rôle d'arbitre. Le second aspect, soulevé par le réalisateur, est lui aussi important. Il a fait remarquer que le contrôle international de l'énergie nucléaire souhaité par J.R. Oppenheimer a été rendu possible notamment grâce à une concession des pays concernés : la cession d'une part de leur souveraineté et un transfert de leur responsabilité pour la placer entre les mains de l'ONU. L'affaiblissement de cette institution pourrait être alors un obstacle important dans ce processus de régulation.
Avec cet interview donné à The Guardian, Christopher Nolan établit un parallèle que personne n'attendait. Son constat, aussi effrayant qu'intelligent, invite clairement à nous pencher sur nos capacités à contrôler le développement de certaines technologies. Alors que bon nombre de géants de la tech comme Microsoft ou Google plaident pour une démocratisation de l'IA, d'autres insistent à l'inverse sur la responsabilité des dirigeants quant à l'usage de cette technologie. L'IA sera-t-elle une bombe à retardement que n'importe qui pourrait actionner depuis son PC ?
Sources : The Guardian, Fagen Wasanni