Reste que comme le montre le manga de J.P Nishi, les agents de Secom se déplacent souvent pour rien, si ce n'est la fierté de rendre service, avec le prestige de l'uniforme. Et puis madame a raison, quand le mari n'est pas là, autant en profiter, puisqu'il faut bien rentabiliser l'abonnement !
Tous les Japonais connaissent Secom, non seulement par ce que cette entreprise assure la sécurité de nombre de bâtiments d'entreprises ou institutions (y compris des ministères), mais aussi parce qu'elle ne se prive pas de publicité à la télévision pour présenter ses services destinés aux particuliers, ou bien encore parce qu'il n'est pas rare de croiser dans les rues de Tokyo des agents de Secom portant casque, gilet pare-balle et arme, se déplaçant en fourgon, à pied ou à vélo dans les rues de la capitale, et se dirigeant le cas échéant vers une des maisons sous surveillance d'où a émané un appel. « Parce que nous sommes en mesure de répondre précisément à toutes les inquiétudes découlant de la diversité des risques actuels », argue Secom, société fondée en 1981 comme première firme nippone de sécurité privée.
Secom propose ainsi un ensemble de prestations reposant sur un attirail technique développé par ses soins, le tout sur la base d'un abonnement mensuel dont le montant dépend de la surface et de la structure des lieux à surveiller. Une maison de plus de 100 mètres carrés sur deux niveaux au cœur de Tokyo exigera par exemple la pose de capteurs magnétiques à la porte et à toutes les fenêtres du rez-de-chaussée, y compris à celles jugées les moins aisées à violer (67% des intrusions sont opérées par les fenêtres), d'un capteur de présence dans les escaliers, d'un détecteur d'incendie dans la cuisine, d'une centrale d'alarme assortie d'un déport partiel de contrôle à l'entrée et d'un gyrophare extérieur, le tout en location. La pose de cet équipement est payante (comptez une demi-journée de chantier et environ 600 euros dans le cas cité). Un des techniciens de Secom est dépêché à la maison le jour choisi, samedi et dimanche compris, pour procéder à cette installation, laquelle est facilitée par des outils spécifiques que Secom a également mis au point.
L'abonnement mensuel, lui, coûte grosso modo 65 euros pour le service de base. Tous les éléments communiquent avec la centrale d'alarme par technologie sans fil, laquelle enferme un module cellulaire qui adresse les données au centre de contrôle de Secom à quelques kilomètres de distance. Au cas où il y aurait un problème sur le réseau de l'opérateur mobile (en l'occurrence KDDI), la centrale d'alarme est aussi reliée à la ligne téléphonique fixe. Concrètement, le système fonctionne selon plusieurs configurations : quand le propriétaire est à la maison, il peut choisir de tout désactiver en appuyant tout bonnement sur le bouton « présent » de la centrale d'alarme. Dans ce cas, les capteurs des fenêtres et de la porte ainsi que le détecteur de présence sont inopérants, mais la détection d'incendie et de fuite de gaz ainsi que l'appel d'urgence resteront néanmoins actifs.
Si une fenêtre est ouverte, il ne se passera en revanche rien. Tout en étant à la maison, s'il veut par exemple être sûr que personne ne pénètre au rez-de-chaussée pendant qu'il vaque à ses occupations ou dort au 1er étage, le propriétaire peut aussi choisir la fonction « présence sous surveillance Secom », auquel cas les capteurs aux fenêtres et porte ainsi que le détecteur d'incendie sont également activés. Il peut aussi, dans un tel cas, choisir un à un les blocs actifs et inactifs. Une fonction spéciale donne aussi la possibilité d'autoriser la porte d'entrée à être ouverte par un individu donné (le père de famille qui rentre tard), selon une procédure particulière, alors que les fenêtres resteront sous contrôle et que la porte le redeviendra totalement une fois la personne revenue. Si dans ce cas quelqu'un ouvre une fenêtre et que l'alarme qui se déclenche alors n'est pas annulée depuis la centrale ou le boîtier de télécommande spéciale dans les 30 secondes, Secom est prévenu.
Le cas échéant, un agent appelle et vérifie oralement, en exigeant un mot de passe, s'il s'agit bien d'une alarme ou d'une erreur de manipulation. En cas de doute, il débarque au domicile concerné dans les 10 minutes, Secom possédant des bureaux dans tous les quartiers de la capitale et 2 830 au total dans le pays. Tous les agents sont en outre munis d'une puce GPS ce qui permet de dépêcher sur place celui en patrouille le plus proche du lieu où s'est déclenchée une alarme. Au moment de la signature du contrat, les trajets les plus pertinents d'un centre vers le domicile de la personne sont également calculés. La loi exige pour sa part que le délai d'arrivée n'excède par 20 minutes.
Enfin, en cas d'absence, la mise sous surveillance intégrale est déclenchée via une clef à puce qu'il faut brièvement enficher dans un boitier spécial situé à l'entrée ou dans la centrale d'alarme. Dans ce cas, toute intrusion dans la maison est détectée et les services de Secom alertés si la personne qui entre n'enfiche pas la clef magnétique dans le boîtier dans les 30 secondes. Si un agent de Secom débarque sur les lieux, il va d'abord s'assurer à l'extérieur qu'il n'y a rien d'étrange, puis, pénétrer dans la maison grâce à une des deux clefs qu'a confiées le propriétaire au moment de la signature du contrat. S'il ne voit rien d'anormal, il laissera un mot pour prévenir qu'une intervention de contrôle a eu lieu. S'il y a un intrus ou une anomalie quelconque, il préviendra la police.
La manipulation de la centrale d'alarme et toutes les procédures à effectuer ne sont pas évidentes à retenir, ce qui fait que les agents de Secom sont souvent sollicités pour des erreurs de manipulation: « dans votre quartier, depuis que j'y suis, il n'y a pas eu une intervention pour réelle intrusion dans une habitation, mais uniquement pour vérifications ou erreurs de manutention », nous a confié l'agent rencontré le jour de l'installation. Ce qui ne veut pas dire que les incursions sont totalement inexistantes, mais la seule présence sur toutes les façades de la maison d'autocollants « Sous surveillance Secom » est sans nulle doute dissuasive.
Reste que l'abonnement à ce type de service est surtout lié à d'autres craintes que celle du cambriolage: le déclenchement d'un incendie ou d'une fuite de gaz, un malaise, la peur de perdre ses clefs, la sensation d'être en danger parce quelqu'un au comportement bizarre rôde dans les parages ou bien la volonté de ne pas se faire de soucis même en s'absentant plusieurs semaines d'affilée. A toutes ces hantises, Secom prétend répondre. Typiquement, si un abonné Secom se rend compte en arrivant devant chez lui qu'il a oublié ses clefs au bureau où que quelqu'un d'autre de la maisonnée a fermé alors qu'il était parti sans son trousseau, un coup de fil à Secom, et dans les dix minutes la porte lui sera ouverte (à condition bien entendu d'avoir prouvé son identité). Pour les personnes âgées où à la santé fragilisée, le fait de pouvoir très simplement joindre un agent de Secom par la pression d'un bouton « urgent » sur un boitier portable ou depuis la centrale d'alarme est aussi potentiellement très rassurant.
Toutes ces fonctionnalités font partie du service de base, mais Secom propose aussi d'autres options, grâce notamment à un nouveau modèle de centrale d'alarme à écran vidéo tactile qui se comporte comme une tablette multimédia. Parmi ces options figurent notamment l'alerte précoce de séisme (en fonction des signaux adressés par l'agence de météo), la conservation sur un serveur de Secom de données personnelles comme les numéros de carte d'identité ou passeport, les photos personnelles, le répertoire téléphonique et autres précieux documents ou bien l'historique des allées/venues. Le tout est stocké n double dans des centres de données antisismiques situés en lieu secret et très surveillé, Secom se voyant aussi confier des informations d'entreprises et institutions exigeant des précautions extrêmes.
La nouvelle centrale d'alarme personnelle permet aussi de déclencher la mise sous surveillance depuis l'extérieur grâce à son téléphone mobile ou bien de passer des commandes auprès de différents prestataires de services divers : ménage, livraison de matériel de soins/secours (extincteur, alimentation longue-conservation - pour se préparer à un éventuel séisme, etc.) ou encore récupération du courrier en cas d'absence prolongée.
A noter pour finir que Secom n'est pas la seule entreprise privée nippone à fournir ce genre de services de sécurité aux particuliers. Son rival Alsok propose une offre assez similaire reposant également sur des équipements high-tech en grande partie développés spécifiquement. Outre des maisons particulières, Alsok surveille aussi des entreprises (y compris en partie avec des robots tout comme Secom) ou des lieux publics divers dont des lignes de train et gares de la capitale et de ses environs.
Reste à savoir si pour les particuliers tout ceci n'est pas un tantinet superflu à Tokyo ou dans les autres mégapoles nippones où les risques relatifs à la délinquance sont in fine moins importants que dans d'autres contrées. On verra à l'usage, mais il est vrai que les Japonais sont prêts à payer pour être rassurés dans ce pays et où existent quand même des dangers avérés liés aux désastres naturels et autres sinistres.