Elle est ultra-risible, irrésistible et pourtant elle ne sert qu'à attraper les ordures. Conçue quasiment à 100% par un seul et même jeune Japonais dans son studio, la poubelle intelligente a la faculté de se mouvoir pour attraper une boule de papier, une canette ou tout autre objet jeté en l'air avant de (normalement) s'écraser au sol. Grâce à une caméra 3D, elle prédit le point de chute en fonction du calcul de la trajectoire empruntée, puis s'y précipite grâce à son socle à trois roulettes télécommandées.
La mise au point de cette poubelle intelligence a exigé bien des efforts mécaniques et informatiques mais le résultat est probant.
Le robot non pas supra-intelligent, mais arnaqueur, se présente lui sous la forme d'une main conçue pour jouer à "pierre-papier-ciseaux" face à un être humain. Elle est capable de prendre trois positions distinctes: poing fermé = pierre, tous les doigts allongés = papier, l'index et le majeur seulement allongés et écartés = ciseaux. En japonais, ce jeu s'appelle "jan-ken-pon" et est extrêmement fréquemment utilisé lorsqu'il s'agit de désigner quelqu'un de façon la plus neutre possible, tout comme l'on tirerait à la courte-paille.
Il peut se pratiquer à deux ou bien davantage jusqu'à ce que ne reste qu'une personne, en appliquant la règle suivante: on secoue sa main deux fois le poing fermé en disant "saisho ha gu, jan-ken" puis une troisième fois en choisissant une des trois positions possibles (papier, pierre ou ciseaux) et en prononçant "pon". Le papier l'emporte sur la pierre (en l'enveloppant), la pierre sur les ciseaux (incapables de la couper), et les ciseaux sur le papier (en le coupant).
À ce jeu, la main robotique, conçue par le laboratoire Ishikawa Oku de la prestigieuse Université de Tokyo, est imbattable. Elle gagne absolument à tous les coups.Vous pouvez jouer avec elle 100 000 fois, c'est garanti à 100% , elle vaincra, selon ses concepteurs. La raison ? Elle triche.
Explications : muni d'une caméra ultra-rapide, le système auquel elle est rattachée reconnaît en un millième de seconde la position de votre main et donne instruction à la main robotique de prendre la posture gagnante. Vous ne le percevez pas parce que c'est très très rapide, mais la main robotique affiche en réalité sa position après vous, d'où le fait qu'elle ne se trompe jamais.
La finalité de ces recherches n'est évidemment pas seulement de faciliter la vie des paresseux maladroits incapables de se déplacer jusqu'à leur poubelle ni de battre la planète entière à "jan-ken-pon", mais d'expérimenter des technologies susceptibles par exemple de permettre à un robot de travailler avec des humains en anticipant les effets de ses actions ou en reconnaissant leurs gestes et en s'y adaptant rapidement. Une multitude d'applications sont possibles grâce à ces principes. De même, lorsque Sony a conçu son chien Aibo, l'idée n'était pas seulement de commercialiser un objet étonnant, mais aussi (voire surtout) de mettre au point des algorithmes d'intelligence artificielle. Idem pour le robot joueur de trompette de Toyota (faculté de remuer indépendamment ses cinq doigts de façon ultra-précise) ou pour l'androïde Asimo de Honda lorsqu'il serre une main (capacité à doser sa force) ou saute à pieds joints (équilibre).
Dans un genre différent, un autre robot a fait jaser ces dernières semaines au Japon, Kuratas, conçu par la pseudo entreprise d'industries lourdes "Suidobashijuko". Il s'agit d'un engin de plus de 4 mètres de haut et 4,5 tonnes que l'on croirait tout droit sorti d'un manga ou d'un "anime" Gundam ou Goldorak. Il est conçu pour accueillir une personne et est censé être capable de se mouvoir, certes de façon un peu pataude, mais quand même. Kuratas se pilote depuis la cabine dans son corps (où peut entrer un humain), ou bien peut être télécommandé, y compris depuis un smartphone.
Avec plus ou moins de sérieux, les concepteurs disent ambitionner de produire des Kuratas en série, de les adapter aux desiderata des acheteurs (couleurs, armes, etc.) et de les vendre en ligne. Le premier spécimen de Kuratas a récemment fait une apparition remarquée lors du Wonder Festival, une manifestation publique réunissant des fanatiques des figurines (tirées ou non d'animations), à quelques encablures de Tokyo.
Kuratas tire son nom de celui de son créateur, Kogoro Kurata, un artisan-forgeron, autrement connu pour des portails, des statues, des objets domestiques en fer, etc. L'homme travaillait à ses heures perdues sur sa créature depuis deux ans. Il s'est associé pour la mettre au point à un spécialiste de la mécatronique, Wataru Yoshizaki, concepteur du système de commandes V-Sido dont est doté Kutatas.