L'équation est simple : LINE = Skype + Twitter + Facebook + Mixi + Mobage + Pinterest etc. En effet, cette application regroupe de nombreuses fonctions similaires à celles des services précités, de la communication vocale par internet gratuite aux plates-formes communautaires en passant par la messagerie instantanée ou les jeux dits sociaux. C'est ce cocktail d'applis en vogue et une interface graphique qui, manifestement, plaît, qui expliquent l'adoption massive de LINE.
Jugez plutôt. Créée mi-2011, LINE comptait un peu plus de 11 millions d'abonnés début 2012 et 75 millions le 16 novembre, avec récemment une progression au rythme de 5 millions toutes les trois semaines. Plus de la moitié des utilisateurs (40 millions) se trouvent à l'étranger, répartis dans 230 pays (Asie et Amérique du Nord en tête), le reste au Japon, soit 35 millions ou encore l'équivalent de plus d'un quart de la population nippone. Particuliers, institutions et entreprises peuvent s'enregistrer sur LINE et partager des informations, sous la forme de fils de conversation. Même le bureau du Premier ministre japonais a un compte LINE, pour délivrer à ses citoyens amis/followers des informations (surtout en cas de catastrophes naturelles) tout comme il le fait via Twitter.
Selon l'un des administrateurs de NHN Japan, interrogé par le site internet Techwave, ce sont la catastrophe du 11 mars 2011 et les difficultés rencontrées par les Japonais pour communiquer et se tenir informés qui ont été à l'origine du développement de LINE.
Basiquement, LINE est un outil de communication privée, une application qui ressemble à Skype, utilisée pour établir des conversations vocales gratuites entre smartphones. Contre toute attente, les opérateurs de services cellulaires japonais ne considèrent pas nécessairement cela comme un mal, preuve en est, LINE a un partenariat avec le groupe prestataire de téléphonie mobile nippon KDDI (service Au). C'est que la voix n'est plus la première source de revenus pour eux et qu'ils savent depuis belle lurette que, nolens volens, comme sur le fixe, l'avenir est inéluctablement au mode IP.
LINE est aussi une messagerie instantanée dont l'interface graphique très colorée sied aux jeunes, grâce à ses fioritures ludiques, dont les « stamps », sortes d'avatars aux expressions diverses à utiliser lors des échanges à la place d'une photo. Ces collections de « stamps » sont payantes et constituent une source importante de revenus pour NHN et des fournisseurs tiers exploitant des personnages connus comme Doraemon, Evangelion, Kitty-chan, Chibimaruko-chan, Makoto-chan, Mickey ou Snoopy. Ces fonctions sont très utilisées entre collégiens, lycéens et étudiants mais aussi entre parents et enfants.
Des applications additionnelles LINE Camera, LINE Brush, LINE CARD ou encore LINE Birzzle permettent en outre de trafiquer des photos, de dessiner, d'envoyer des cartes d'invitation ou de voeux, ou bien de jouer et de partager ces contenus personnels avec des amis, comme sur Facebook, Mixi (en perte de vitesse) ou autre plate-forme communautaire.
La fonction LINE assimilable à Twitter fonctionne quant à elle selon deux modes: en « push » (les informations arrivent directement dans un fil de conversation) ou bien en « pull », sur demande, sous forme de discussion. Par exemple dans ce cas, le service « LINE Hoshano » donne instantanément le niveau de radioactivité du lieu dont on entre le nom dans le fil de conversation. Pour info, il était ce samedi de 0,71 microsievert/heure dans la ville de Fukushima (70 km de la centrale) et de 0,05 microsievert/heure à Tokyo (équivalent au niveau pré-accident).
Depuis le mois d'octobre, LINE s'assimile aussi à un espace de « soldes privés », faisant bénéficier des utilisateurs inscrits à un compte spécial de promotions « flashs » sur des objets très prisés. Quelque 4 300 peluches de la mascotte du service se sont ainsi vendues en l'espace de seulement 30 minutes.
L'objectif de NHN Japan (qui est aussi devenue en 2010 la maison-mère du portail nippon Livedoor) est de totaliser 100 millions d'abonnés à LINE dans l'année. Ce but risque toutefois d'être difficile à atteindre car la concurrence s'accentue dans ce domaine dit des « smartphone messengers ».
Récemment, le créateur de la plate-forme communautaire de jeux sur mobile Mobage, le groupe DeNA a lancé sa propre application similaire, Comm, qui, ce samedi 17 novembre, était première au palmarès des applis gratuites du magasin Appstore. Une jeune pousse sud-coréenne nommée Kakao propose pour sa part Kakao Talk qui se classait 17e, tandis que LINE était 22e. Kakao Talk revendique 66 millions d'utilisateurs dans le monde.
Par ailleurs, à l'instar de Twitter, LINE est au centre d'une myriade d'applications développées par des tiers pour en enrichir les fonctions ou en faciliter l'usage. Reste que cela n'est pas sans danger et que beaucoup hésitent à utiliser LINE et ses dérivés ou applications concurrentes en raison des risques de fuites incontrôlables de données personnelles.
En effet, pour simplifier la recherche des amis et contacts et en constituer immédiatement une liste, LINE puise directement dans le répertoire du smartphone.
LINE est aussi devenu un outil de drague en ligne, via des sites, forums ou applications connexes de rencontre, où des individus postent de véritables petites annonces sans ambiguïté en donnant leur identifiant LINE permettant ainsi ensuite l'établissement de communications privées avec des inconnus. Bien que NHN dise lutter contre, la firme aura du mal à enrayer cet usage indésirable.