De surcroît, il est habituellement riche en articles à connotation technique. ... Las, cette fois, la part techno y est pitoyable... et l'on trouve à la place des choses comme le film musical « Les Misérables »... Misérable, ce n'est pas le cas des acheteurs nippons qui ont au contraire plutôt tendance ces derniers temps à se tourner vers des produits chers...
Depuis deux ans environ, la part technique ne cesse de reculer dans le « Hit-Shouhin-Banzuke », ce classement censé refléter les goûts du moment du consommateur nippon. Serait-ce à dire que les Japonais, ultra-équipés, sont blasés et que plus rien dans l'offre électronique ou informatique ne les excite? Eh bien, c'est fort possible. Oh bien entendu, les smartphones se vendent comme des petits pains (parce que les opérateurs ne proposent pour ainsi dire plus d'autres téléphones), mais ils ne sont plus considérés comme des produits-vedettes, juste comme des accessoires relevant désormais de la banalité.
Et pour le reste, à part peut-être pour certains types d'appareils photo numériques, pour des systèmes de home-cinéma et quelques autres produits, le matériel technique est à la peine. Les fabricants ont du mal à proposer des objets qui soudain suscitent un intérêt massif et trouvent d'emblée un public, comme ce put être le cas dans le passé avec par exemple les consoles de jeu de poche, les premiers caméscopes, les baladeurs iPod, etc. Au contraire, les espoirs sont parfois très déçus, tels ceux un temps portés sur les liseuses électroniques. On voit encore peu de personnes dans les transports en commun du Japon avec des livres numériques du type Kindle d'Amazon, Reader de Sony ou Kobo de l'entreprise canadienne éponyme (rachetée par le groupe de vente en ligne japonais Rakuten).
A la place, que trouve-t-on dans le « Hit-shouhin Banzuke » et pourquoi ? Eh bien d'abord, en première place à l'ouest, des montres de luxe. Eh oui, l'embellie sinon de l'économie réelle du moins du climat économique général contribue à donner confiance aux citoyens et ces derniers sont plus enclins à acheter ce qui leur fait plaisir, ce dont ils se sont peut être privés pendant des années. Toujours est-il qu'il y a affluence aux rayons horlogerie-bijouterie des grands magasins huppés comme Takashimaya et Matsuzakaya. Et au premier rang à l'est, ce sont les prêts immobiliers, car les Japonais s'endettent pour acheter une maison en profitant des crédits à taux très bas que proposent les établissements financiers où coule à flot l'argent alloué à faible coût par la banque centrale du Japon.
« En à peine six mois, le moral des consommateurs a radicalement changé: grâce à la politique économique appelée abenomics conduite par le Premier ministre Shinzo Abe, les valeurs à la Bourse ont bondi comme les achats de produits chers », souligne à raison le Nikkei MJ.
Mais dans le même temps, ajoute-t-il, on trouve aussi dans le classement des articles qui reflètent la volonté de se prémunir contre les changements à venir. C'est en effet le cas lorsque l'on acquiert un logement où lorsque l'on dépense beaucoup pour entretenir sa santé comme le font les Japonais en étant plus vigilants par exemple sur la sélection de leur habillement.
Le quasi seul objet technique que l'on trouve ce semestre dans le palmarès est appelé « action camera ». Il s'agit de modèles de petite caméra à fixer sur soi ou un objet pour filmer dans le feu de l'action, les mains et le champ libres. Récemment, Panasonic en a sorti une largement présentée dans la presse nippone et son rival Sony est tout fier de montrer sur son site internet des images tournées avec un modèle étanche arrimé à une planche de surf en pleine mer agitée. Un mini-camescope de ce genre, qui permet des utilisations très variées, coûte aux environs de 250 euros. Cela restera toutefois sûrement un marché assez limité, pour ceux qui veulent faire des vidéos dans des circonstances particulières. Les sportifs, en tout cas, apprécient.
Plus loin dans le hit-parade, en troisième place à l'est, on remarque le jeu Puzzle et Dragons. Pas étonnant, ce divertissement pour smartphones et tablettes, créé par la société nippone Gungho, fait un malheur: 15 millions de téléchargements au compteur. Du coup, le groupe de télécommunications nippons SoftBank (un ogre qui s'apprête à avaler l'opérateur américain Sprint pour devenir le troisième géant mondial du secteur) a aussi dévoré Gungho.
Dans le registre des applis qui cartonnent et qui ont l'honneur de figurer dans ce classement, on trouve aussi, au 3e rang à l'ouest, Line Game, des jeux (comme Line Pop ou Line Wind Runner et Touch Touch) qui viennent se greffer sur la populaire appli de réseau social et téléphonie gratuite « Line », déjà téléchargée plus de 100 millions de fois.
Dans un genre très différent, se vendent aussi très bien les purificateurs d'air (12e à l'est) ainsi que tout ce qui est censé permettre de se protéger contre la pollution. Selon l'Association des fabricants nippons d'appareils électriques, les ventes de purificateurs d'air ont augmenté de 50% en volume sur un an au mois de février.
Une des raisons de cet engouement tient au fait que la densité de pollens dans l'air a été particulièrement élevée cette année, mais le motif premier est surtout de lutter contre les particules de 2,5 micromètres ou moins qui proviennent de Chine où sévit une énorme pollution ignorant les frontières. On les appelle aussi PM2,5 ou particules respirables, car elles pénètrent dans l'appareil respiratoire plus profondément que les particules plus larges. Dans plusieurs villes de l'ouest du Japon, les limites légales ont été allègrement franchies, au point de fortement inquiéter les habitants. Or, les purificateurs électroniques sont censés faire disparaître, dans un espace donné, la quasi intégralité des particules fines en combinant le filtrage passif d'air avec un traitement actif qui capture les saletés en suspension, tout en émettant des ions positifs et négatifs pour les supprimer. De ce fait, les ventes de purificateurs d'air japonais ont également bondi en Chine-même.
Enfin, on remarque aussi dans le classement un sujet souvent abordé ces derniers temps, la vente de certaines catégories de médicaments par internet. Interdite jusqu'à présent, elle va être autorisée, ce qui réjouit au plus haut point le patron de la galerie marchande Rakuten, Hiroshi Mikitani, lequel a fait de la levée de cette barrière un de ses chevaux de bataille, au prétexte que les nombreuses réglementations au Japon freinent l'activité commerciale.
Pour finir sur une note d'actualité, notez que l'on trouve aussi dans le classement, en dernière place à l'est, un des symboles du Japon, le Mont-Fuji, qui devait justement être inscrit ce samedi au patrimoine culturel mondial de l'Unesco.
