De cette ponctualité visée et souvent atteinte (y compris pour les métros) découlent nombre d'applications qui permettent de prévoir un trajet de façon très aisée depuis un ordinateur ou un smartphone. C'est l'informatique qui calcule la meilleure combinaison entre lignes, trains et compagnies, ce qui est infaisable de tête. Mais prochainement, les applis offriront mieux encore: la possibilité de tout connaître (position des trains, retards, raisons des interruptions de trafic, etc.) en temps réel grâce à une vaste opération « open data ».
L'initiative a été lancée par 13 compagnies de métro, trains et bus de la seule mégapole de Tokyo (35 millions d'habitants) associées à des laboratoires de R&D informatique, dont l'YRP du professeur Ken Sakamura dont nous avons souvent parlé ici et qui préside l'instance nouvellement créée pour faire avancer le projet.
Il s'agit de mettre à la disposition des développeurs d'applications toutes les données informatiques de trafic générées par les trains lors de leurs déplacements, notamment grâce à des capteurs et autres équipements installés à bord, le long des voies ou encore sur les quais. Participent aussi à l'opération les sociétés exploitantes de bus et les gérants de lieux d'arrêt et transit comme les aéroports.
Concrètement, ce centre de recherche va créer et offrir des API et autres éléments logiciels pour faciliter la création d'applications diverses sur smartphone à partir des données rendues publiques par les compagnies. Un test a déjà été effectué récemment et s'est avéré concluant comme le montre cette vidéo.
Avec les données qui seront offertes et transformées en applications, tout un chacun pourra, avec un simple smartphone, voir en temps réel sur une carte où se trouve un train donné, où se situent les problèmes, pour quelle raison. Le tout est censé rendre plus aisés les déplacements en ayant davantage d'informations à partir desquelles prendre une décision pour effectuer un trajet.
Jusqu'à présent, en fournissant la liste des horaires et chemin à emprunter, les logiciels offerts ne prennent pas nécessairement en compte les incidents et retards. Ils se calent pour le moment sur les calendriers prévus (certes souvent respectés), en ajoutant éventuellement de façon séparée des alertes sur les problèmes rencontrés sur telle ou telle ligne. Avec la mise à disposition instantanée des données des compagnies, les applications devraient en théorie pouvoir être encore bien plus fiables et indiquer réellement l'état de la situation. Exemple pratique : il arrive, aux heures de pointes matinales, que des trains soient retardés.
Mais ne le sachant pas tant qu'ils ne sont pas arrivés sur le quai de gare, les passagers galopent dans les rues, bousculent des piétons dans les escaliers mécaniques afin d'être pile à l'heure prévue pour ne pas rater le train voulu. Bilan ils se sont essoufflés et ont semé le trouble pour rien, puisqu'ils doivent poireauter une fois arrivés sur le quai. L'auraient-ils su avant qu'ils auraient pris leur temps. CQFD.
Les informations pourront aussi a priori être non seulement affichées sous forme d'infographies, cartographies et textes sur l'écran, mais aussi être lues pour les personnes souffrant d'une mauvaise vue.
Un projet « open data » de telle ampleur constitue une première au Japon où pourtant l'information ferroviaire aux voyageurs est déjà bien plus développée qu'ailleurs dans le monde.
De surcroît, dans une mégapole comme celle de Tokyo, on comprend vite l'intérêt de ces données, surtout quand la région est potentiellement à la merci de violents séismes et autres catastrophes naturelles (typhon, tsunami) auxquelles sont extrêmement vulnérables les transports en commun.
Le mouvement « open data » est toutefois plus large au Japon, pays qui comparé aux Etats-Unis est peut-être un peu en retard. Désormais reconnu (en dépit des craintes d'utilisation à mauvais escient), l'enjeu est même cité dans le plan stratégique du gouvernement du Premier ministre de droite Shinzo Abe comme étant un facteur crucial afin de doper l'innovation dans les entreprises du secteur privé.
Il existe ainsi au Japon un « Consortium pour la promotion des données publiques » qui est censé présenter les projets les plus représentatifs, organiser des événements relatifs au bon usage des « open data » et autres actions en faveur du développement de l'accès de tous à des données informatiques pour les transformer en applications utiles.
Le gouvernement nippon s'est même fixé pour objectif de faire du Japon le champion du monde en terme de mise à disposition de données. Il entend refondre totalement le dispositif actuel de publication de statistiques étatiques en employant l'informatique mutualisée en nuage.
Il promet cependant de veiller au respect des libertés individuelles lors de la publication via Internet, sous forme brute exploitable par les entreprises commerciales, des données géographiques, démographiques, liées aux catastrophes naturelles et autres. Le tout est censé permettre la création d'une foultitude d'applications pour faciliter les affaires des développeurs et la vie des utilisateurs.