Live Japon : Le hit-parade de l'année, revu et corrigé

Karyn Poupée
Publié le 30 décembre 2013 à 10h05
Tous les ans, Live Japon termine l'année avec le « hit shohin banzuke », le palmarès nippon des produits, services et concepts du millésime, tous secteurs confondus. Et tous les ans généralement, ce classement établi sur le mode de ceux des tournois de sumo (double tableau, ouest et est) nous donne matière à disserter sur les technologies-vedettes au Japon. Mais cette année, niet, rien, zéro. Pas un seul appareil numérique, pas une seule technologie électronique, pas un seul concept informatique n'a trouvé place dans ce hit-parade qui comporte quand même 36 éléments. À la place, en tête de liste, arrive... le café des supérettes !!!

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Dans le « hit-shohin banzuke » figure quand même un item qui se rapproche des technos. Il se trouve à la 3e place côté est : il s'agit de Puzzle & Dragons. Ce jeu pour mobiles et tablettes fait un véritable carton auprès de tous les types de population au Japon. Employés d'une cinquantaine d'années, lycéennes, mères de famille, enfants, étudiants, tous, absolument tous, tuent le temps dans les trains et métros de Tokyo en se déchaînant sur Puz & Dra. Ce divertissement a été conçu par le studio de développement GungHo. Et comme il rapporte très gros en ventes d'items pour progresser plus vite, bien qu'étant un jeu gratuit à la base, le très malin groupe de télécommunications SoftBank s'est précipité pour le racheter et augmenter ainsi à bon compte ses bénéfices.

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La folle fuite en avant de SoftBank

SoftBank : s'il se trouve une entreprise japonaise à distinguer cette année, c'est bien ce groupe, et il n'a pas fini d'alimenter la chronique. En effet outre GungHo, SoftBank s'est emparé cette année du troisième opérateur américain de services mobiles, Sprint, pour plus de 22 milliards de dollars. Et il est désormais décidé à s'offrir aussi le 4e opérateur américain, T-Mobile US. D'après la presse japonaise, il serait en discussions finales avec la maison-mère de ce dernier, Deutsche Telekom. SoftBank, qui ne souhaite pas commenter ces informations, serait prêt à débourser 20 milliards de dollars pour cette opération. L'idée serait de fondre dans un même bloc Sprint et T-Mobile US pour former le deuxième plus gros opérateur de services cellulaires du monde en termes de chiffre d'affaires, avec près de 70 milliards de dollars par an, derrière China Mobile (90 milliards). En nombre d'abonnés, en ajoutant les clients de T-Mobile US à ceux qu'il compte déjà au Japon et aux États-Unis, SoftBank totaliserait quelque 140 millions de personnes.

SoftBank gagnerait ainsi du poids supplémentaire dans les négociations avec les fabricants de mobiles et obtiendrait des tarifs préférentiels pour recruter des abonnés en proposant des rabais alléchants. SoftBank a déjà prouvé son savoir-faire en la matière au Japon où, depuis le rachat des activités cellulaires nippones du britannique Vodafone en 2006, il tient la dragée haute à ses concurrents locaux que sont NTT Docomo et KDDI.

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Fin des TV plasma

Qu'on le veuille ou non, la TV reste encore l'appareil audiovisuel vedette et il s'en vend continuellement des millions au Japon. Seulement, le marché ne cesse d'être bouleversé et les fabricants ne sont pas nécessairement à la fête. Cette année encore, ils ont souffert d'une trop forte concurrence qui tend à tirer les prix vers le bas et à les forcer à réduire tant que faire se peut leurs coûts de production en concentrant qui plus est leurs efforts sur les modèles a priori les plus novateurs ou les plus rentables.

C'est ainsi que Panasonic a annoncé jeudi qu'il allait cesser de produire des écrans plasma à compter de cette fin d'année à cause d'une demande trop faible. Panasonic va par conséquent stopper définitivement ses trois sites dédiés, à Amagasaki (centre-ouest du Japon), dont deux avaient d'ailleurs déjà suspendu leurs lignes. Panasonic avait investi des milliards dans des usines au Japon et en Chine, mais a subi un retournement du marché après la crise financière de 2008-2009, les écrans à cristaux liquides (LCD) prenant ensuite nettement le dessus. Le groupe n'avait pourtant cessé de démarrer de nouvelles usines en 2004, 2005 et 2007 avant de commencer à changer de braquet pour ralentir la fuite en avant, puis finalement de faire marche arrière à compter de 2011. Dans le cadre d'une vaste restructuration, il avait déjà nettement réduit sa production de dalles plasma au Japon et stoppé celle en Chine au début 2013, annulant des projets antérieurs d'augmenter la cadence dans son usine de Shanghai où il a finalement arrêté la fabrication de ces écrans.

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Le groupe avait commencé en 2001 à produire des dalles plasma, une technologie qui présentait quelques avantages techniques sur le plan de la restitution de l'image dans les grandes dimensions, mais qui a été balayée par les modèles à cristaux liquides plus économes en électricité et dont les progrès ont été fulgurants. A présent, Panasonic n'arrive plus du tout à rentabiliser sa production d'écrans plasma, qui occupent un créneau très minoritaire dans le marché mondial des téléviseurs.

Sous-traitance maximum

Toshiba, lui, a décidé en septembre dernier de se séparer d'ici à mars 2014 de deux de ses trois sites de production de télévision dans le monde. Le groupe, qui a cessé de produire des télévisions au Japon en mars 2012, compte actuellement trois sites en propre dans ce domaine à l'étranger, en Pologne, en Indonésie et en Chine. Seul le site indonésien sera conservé. Toshiba dispose en outre d'un centre de production en Égypte, sous la forme d'une coentreprise qui n'est pas concernée par ces changements. Toshiba va avoir recours à des assembleurs pour des TV et les récepteurs sous-traités représenteront bientôt 70% des TV vendues sous marque Toshiba, contre 40% précédemment.

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Mauvaise passe pour les OLED

Enfin, on s'attend du jour au lendemain à une annonce de Sony et Panasonic sur l'abandon de leur coopération dans le domaine des TV à écran organique électro-luminescent (OLED). Faisant le constat d'une difficulté à réduire les coûts de conception et de production des TV OLED, les deux mastodontes préfèrent affecter davantage de ressources à l'évolution des écrans à cristaux liquides (LCD). La collaboration Sony/Panasonic, parfois qualifiés d'éternels rivaux, avait débuté mi-2012.

Il s'agissait de mettre en commun leurs savoir-faire respectifs dans les techniques de façonnage des écrans OLED sur lesquels ils travaillaient séparément depuis plusieurs années. Ils pensaient notamment exploiter des technologies dérivées de l'impression pour répartir les matériaux électroluminescents sur les substrats, un moyen à haut rendement censé permettre de fabriquer des TV OLED à prix raisonnable. Leur association devait accélérer les travaux pour être en mesure de proposer le plus rapidement possible, chacun sous leur propre marque, des modèles susceptibles de concurrencer ceux que les compétiteurs de Corée du Sud, Samsung Electronics et LG Electronics, ont déjà mis sur le marché. Panasonic et Sony étaient parvenus à créer un large prototype de TV OLED au format 4K dont ils semblaient fiers. La production de masse aurait toutefois buté sur les coûts.

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Place aux TV Ultra HD

Du coup, et c'est la même chose pour Toshiba ou Sharp, ils vont désormais allouer plus de moyens au développement de modèles 4K, un format qui est d'ailleurs déjà très en vue dans les hypermarchés de l'électronique de Tokyo, tous les grands fabricants de TV nippons présentant leurs modèles. La chaîne publique NHK franchit quant à elle un pas de plus en présentant le 8K qui sera testé aux Jeux Olympiques de Rio de Janeiro en 2016 avec l'espoir de diffuser dans ce format ceux de 2020 à Tokyo. La NHK avait été la première à proposer les J.O. en couleurs. C'était déjà à Tokyo, en 1964.

Qualité audio "high-res", quand Sony reprend l'avantage

Fut une époque où, passant du vinyle ou de la cassette magnétique au CD, on n'imaginait pas revenir en arrière en termes de qualité. Mais beaucoup le firent pourtant en acceptant d'écouter des fichiers compressés MP3 avec leur iPod ou autre baladeur numérique. Aujourd'hui, si on a la chance (ou le malheur pour son porte-monnaie) de goûter à la musique en qualité high-resolution ("high-res", 96 ou 192 kHz sur 24 bits par exemple, formats de qualité master de studio DSD ou compressés comme FLAC, ALAC), et bien on a un mal fou ensuite à se satisfaire d'un autre format numérique, de niveau inférieur.

Pour écouter du "high-res" en mobilité, il faut oublier l'iPod ou l'iPhone et se tourner vers un Walkman Sony, comme l'excellentissime (mais cher) Sony NW-ZX1 (500 euros environ) ou dans une version plus classique et moins ciblée audiophile, les NW-F880 (à partir de 170 euros au Japon). Avec ces produits, sur lesquels figure le logo "high-res" qui commence à être très visible, il faut bien sûr un très bon casque capable de restituer la même qualité. Et là aussi, Sony a bien réussi son coup cette année avec notamment les intra-auriculaires à 3 voies que sont les modèles XBA-H3.

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