C'est que les possesseurs d'actions s'étaient rués sur Nintendo avant, pariant sur une vraie offensive du pionnier nippon vers les smartphones. Du coup, ils sont tombés de haut. Car le nouveau patron de Nintendo les a apparemment franchement déçus en se contentant de montrer des bribes de la nouvelle application de messagerie instantanée MiiTomo (que vous a aussi présentée Clubic dès jeudi) et en annonçant surtout que cette dernière ne serait pas disponible avant mars.
Or, Nintendo avait auparavant dit « dans l'année 2015 ». Le changement, même s'il n'est que de trois mois, a suscité l'ire des spéculateurs, et ils sont nombreux, et ils se sont vengés. Il faut dire que les analystes et une partie des actionnaires de Nintendo piétinent d'impatience depuis des années. Ils ont cru avoir remporté la mise quand Nintendo a annoncé en mars dernier un partenariat avec son compatriote DeNA pour développer des applications pour smartphones. Enfin, Nintendo allait franchir le Rubicon. Las, les annonces de jeudi les ont refroidis. Car l'appli montrée n'est peut-être pas du genre de celle qu'ils espéraient tous. « Les attentes envers Nintendo sont très fortes et les réactions aussi », nous a confié une personne de DeNA en marge de la conférence de Nintendo au cours de laquelle ces annonces ont été faites, à Tokyo.
Nintendo a en outre indiqué que seulement quatre autres applications pour mobiles verraient le jour sous sa houlette d'ici à mars 2017, sans donner la moindre indication sur leur nature ni sur les perspectives attendues.
De plus, MiiTomo sera proposé gratuitement (avec des additifs payants à télécharger en option ensuite), ce qui signifie que les rentrées sonnantes et trébuchantes ne devraient pas, du moins dans un premier temps, être très importantes. La preuve : même en différant le lancement de MiiTomo de trois mois, « l'impact sur les comptes sera quasiment inexistant », a assuré le patron.
Une semaine avant ces annonces jugées on ne peut plus décevantes, Nintendo avait pourtant enchanté la Bourse de Tokyo en faisant part d'un investissement dans le studio de développement Niantic, aux côtés de Google et Pokémon Company, pour la création de Pokémon Go, un jeu de réalité virtuelle basé sur Pikachu et sa clique.
En outre, la veille de la présentation de MiiTomo, Nintendo avait dévoilé ses comptes pour le premier semestre de l'année d'avril 2015 à mars 2016, et ce n'était pas si mauvais.
Nintendo a semblé alors confirmer qu'il se requinquait lentement d'une période difficile en revenant dans le vert sur le plan opérationnel grâce à des ventes en hausse de 19 %, même si le résultat net a chuté de 20 % à cause de l'enregistrement d'opérations comptables exceptionnelles.
Le déclin du bénéfice net s'explique en effet par l'absence d'une rentrée comptabilisée l'an passé via la cession d'actions d'une société affiliée.
Le pionnier japonais des jeux vidéo, qui a traversé des moments durs ces dernières années et a perdu cet été son charismatique PDG Satoru Iwata, a dégagé un résultat net semestriel de 11,5 milliards de yens (85 millions d'euros), contre 14,3 milliards un an plus tôt.
La maison-mère de Mario, qui n'avait pas réussi à sortir du rouge sur le volet de l'exploitation l'an passé à la même période, a dégagé un bénéfice opérationnel sur un chiffre d'affaires qui a dépassé 200 milliards de yens (1,5 milliard d'euros).
Le groupe de Kyoto a vendu un peu plus de consoles de la gamme 3DS, grâce à de nouvelles variantes. Toutefois, les ventes de jeux créés par Nintendo pour ces 3DS ont reflué, malgré quelques beaux succès avec des titres vedettes dont les Pokémon. Les ventes de consoles de salon Wii U ont, pour leur part, un peu augmenté et les achats de jeux pour ces appareils de salon ont aussi été meilleures, grâce à Super Mario et Spatoon notamment.