En règle générale, on part du principe (physique) selon lequel il faut de l'espace pour générer du son, à plus forte raison si l'on souhaite que ce dernier soit de bonne qualité. Nouvelles technologies aidant, il est toutefois possible de s'affranchir de cette contrainte, comme en témoignent les hauts-parleurs basés sur un film piézoélectrique aperçus cette semaine à l'occasion du salon Ceatec de Tokyo.
Chez Kyocera par exemple, on présente un haut parleur qui ressemble à une simple plaque de plexiglas dont l'épaisseur se situe aux alentours de 1 mm. Il se révèle toutefois suffisamment performant pour que LG ait choisi d'en équiper sa première TV incurvée (le 55EA980V à dalle OLED, disponible en France depuis peu).
Répandus dans bon nombre d'objets du quotidien, les films piézoélectriques présentent pour mémoire la particularité de réagir de façon électrique à une contrainte physique. Pour faire simple, tordez-le et il produira de l'électricité. À l'inverse, envoyez un courant électrique le traverser et c'est lui qui se tordra.
C'est ce second cas de figure qui est employé ici : ces hauts parleurs « piezo » sont traversés par un film piézoélectrique qui se déforme en fonction de la tension électrique qu'on lui applique. Ce faisant, il fait entrer en mouvement la fine couche de céramique dans laquelle il est intégré. Les vibrations produites par cette dernière, contrôlées électriquement, entraînent la formation du son.
L'intérêt le plus évident de cette technologie consiste bien sûr en la réduction de l'espace occupé par le haut-parleur. Kyocera en identifie un autre : un son diffusé à 180 degrés face à la surface d'émission, à la différence d'un haut-parleur traditionnel, dont la forme conique entraîne une pression acoustique centrée sur une direction précise.
Avec aussi peu de recul, il est toutefois difficile d'imaginer produire des sons graves, et les chiffres que nous a communiqués le fabricant japonais confirment l'une des limites de cette innovation. Pour le modèle dit medium de sa gamme (intégré à la TV de LG) dont les dimensions s'établissent à 35 x 65 mm sur un 1 mm d'épaisseur, la réponse en fréquence avancée couvre ainsi le spectre allant de 500 Hz à 20 KHz. Aucun problème donc pour les aigus et les mediums, mais les basses ne seront pas restituées, à moins bien sûr de passer par un haut-parleur tiers.
Sur son modèle le plus grand (70 x 110 x 1,5 mm), Kyocera affirme parvenir à descendre jusqu'à 200 Hz. Une fois pris en compte cette lacune, la qualité est-elle au rendez-vous ? Sur l'espace bruyant et encombré du Ceatec, le rendu opéré par un duo de ces hauts-parleurs nous a paru fidèle, quoique peut-être un brin métallique, mais la technologie demande évidemment à être éprouvée dans des conditions plus adaptées.
En tous les cas, le concept du haut-parleur piezo a sans doute de beaux jours devant lui, d'une part parce qu'il répond à l'éternelle problématique de la miniaturisation des équipements (on pense ici aux tablettes, smartphones et autres ordinateurs ultra-portables, en plus des TV toujours plus fines) ; ensuite parce que les coûts ne sont a priori pas prohibitifs. Kyocera nous a ainsi indiqué que ses échantillons de test étaient ainsi facturés entre 15 et 25 euros environ, des sommes qui baissent de façon importante dès qu'on passe en production de masse.
La concurrence devrait par ailleurs favoriser ce phénomène : on trouve en effet des hauts-parleurs faisant appel au même principe chez NEC Tokin, mais aussi chez certains nouveaux venus de Chine qui ont bien compris la manne que représente déjà le film piézoélectrique.