Dans les allées du Ceatec de Tokyo se promène un olibrius tâtonnant, la tête surmontée d'un casque qui lui bouche la vue. Intrigué, on s'approche de lui et on lui effleure la main. Les diaphragmes qui cachent les yeux s'ouvrent, et l'on découvre que cet étrange couvre-chef dissimule un jeune japonais. Quelques secondes plus tard, le bruit d'un déclencheur se fait entendre, et l'on finit par se voir immortalisé sur un écran installé à l'arrière du casque.
On espérait avoir découvert un casque neuronal d'un nouveau genre, capable de mesurer les ondes gamma du cerveau pour changer le monde. On aura finalement fait la connaissance de Touchy, un drôle de projet artistique. Sous ses airs incongrus, ce casque à appareil photo intégré veut porter un message humaniste sans trop se prendre au sérieux : à l'heure des communications ubiquitaires et des réseaux sociaux, il est sans doute bon de ne pas oublier d'entrer en contact physique avec un autre humain, histoire de ne pas complètement abandonner ce bon vieil IRL (in real life).
« No touch, I'm blind. Touch me, I can see », résume Eric Siu, l'auteur du projet. Autrement dit : « pas de contact, je suis aveugle. Touchez moi et je me mets à voir ». Pour renforcer l'interaction, Eric Siu a installé un décompte de dix secondes pendant lesquelles le contact physique doit être maintenu pour que la photo soit prise. Depuis 2012, il promène son casque dans les rues de Tokyo et dans les grands événements liés aux technologies et collectionne les clichés.