Au mois de novembre nous rapportions que Bruxelles avait ouvert une enquête sur les pratiques de Google dans le domaine de la recherche en ligne. Plusieurs éditeurs soupçonnent en effet la société de favoriser ses produits au travers de son moteur. Benjamin Lockwood et Benjamin Edelman, deux chercheurs de l'Université de Harvard, viennent de publier les résultats d'une analyse mettant en lumière ces pratiques.
L'expérience consiste à taper une trentaine de requêtes relatives à des services généralement proposés par les moteurs de recherche comme mail, calendrier, maps, chat ou encore news. L'objectif est donc de savoir comment se positionnent ces derniers au sein des résultats. Le rapport est illustré d'un tableau complet au sein duquel sont répertoriés les trois premiers résultats pour chacun des moteurs. Sur les cinq fournisseurs principaux (Google, Yahoo, Bing, AOL et Ask), deux se démarquent : Google et Yahoo.
En effet, sur les 32 requêtes génériques, Google pointent 21 fois vers ses propres services, 11 d'entre eux étant en première place. C'est notamment le cas des mots-clé "academic article", "blog", "book", "email", "finance" ou encore "images". Pour sa part, Yahoo! retourne également 21 fois vers ses propres sites avec également une dizaine de résultats en pôle position et notamment pour les requêtes "calendar", "chat", "directions", "email", "finance", "health" ou encore "movies".
En analysant le taux de clics MM. Lockwood et Edelman ont également constaté que si Google plaçait Gmail en tête de liste, seuls 29% des utilisateurs cliqueraient sur ce lien contre un taux de 54% sur le second résultat : Yahoo! Mail. Un effet inverse est également observé du côté de la concurrence. Pour le mot-clé "video" Yahoo! place son service en premier lequel n'est cependant visité que par 21% des visiteurs contre 39% pour le second, YouTube. Chacun a donc intérêt à pousser davantage ses propres solutions vis-à-vis de la concurrence. Sur ces 32 requêtes, Bing ne mentionnerait jamais les produits Windows Live.
Contacté par le magazine The Register, un porte-parole de Google déclare : « M. Edelman est un consultant embauché par Microsoft depuis longtemps. Il n'est donc pas surprenant qu'il construise un test biaisé mettant en avant son employeur et rabaissant Google ». Il ajoute : « Chez Google nous ne favorisons jamais nos propres services au sein de nos résultats organiques et nous pratiquons des tests poussés pour nous assurer que les résultats de recherche fournissent la réponse la plus utile ».
Si Google nie donc avoir altéré manuellement l'algorithme de son moteur, la société n'a de toute façon aucune obligation en la matière. Les plaintes qui ont été formulées s'appuient sur la part de marché du moteur et accusent un abus de position dominante. Reste à savoir ce qu'en penseront les autorités de la Commission Européenne.
Retrouvez l'étude dans son intégralité ici (anglais) et un tableau complet là.