Internet, clé de voûte de la révolution ? Après avoir commencé par bloquer l'accès à des services tels que Twitter ou Facebook, sur lesquels ont été lancés les premiers appels à l'insurrection populaire, le gouvernement égyptien vient de prendre des mesures nettement plus radicales : la fermeture complète de l'accès à la Toile mondiale pour les internautes égyptiens. Plusieurs médias et agence de presse rapportent en effet une impossibilité totale de se connecter à Internet depuis le Caire ou d'autres villes du pays.
L'outil de surveillance BGPmon, qui se concentre sur l'analyse du trafic échangé entre les différents fournisseurs d'accès et opérateurs réseau de la planète, confirme cet état de fait et livre vendredi matin une analyse alarmante. « Hier, on comptait 2903 réseaux égyptiens, émanant de 52 fournisseurs d'accès. Aujourd'hui, à 2h GMT, il ne restait plus que 327 réseaux égyptiens sur Internet, provenant de 26 FAI. 88% des réseaux égyptiens sont donc inatteignables ! ».
Même constat du côté de la société Arbor Networks qui, mesurant le trafic entrant et sortant de la Toile égyptienne, montre une subite réduction des échanges intervenue dans le courant de la nuit. « Chaque fournisseur égyptien, chaque commerce, banque, cyber-café, site Web, école, ambassade ou bureau gouvernemental qui comptait sur les quatre grands FAI égyptiens pour leur connexion à Internet est maintenant coupé du reste du monde », souligne pour sa part la société Renesys, selon qui jamais une coupure d'une telle ampleur n'avait encore été organisée par un état. L'usage des téléphones mobiles, qu'il s'agisse d'appels voix ou d'envoi de SMS, semble également affecté selon différents rapports d'agences.
Pendant que se prépare une quatrième journée de manifestations et de violences, une partie de la Toile mondiale s'émeut des efforts entrepris pour museler l'opinion publique. Certains, comme les suédois de Telecomix, vont même jusqu'à plancher sur des solutions alternatives qui permettraient aux activistes égyptiens de reprendre contact avec le reste du monde.