Nommée Unplugged, cette étude, en ligne depuis hier, se concentre donc sur les Français qui ne sont pas « connectés » : une frange de la population finalement assez souvent mise à l'écart des études concernant Internet et autres appareils mobiles, mais qui a pourtant une importance considérable, notamment quand il s'agit d'évoquer la fracture numérique. « L'accès aux nouvelles technologies plafonne depuis 2010. La fracture numérique s'explique par deux faits majeurs : le vieillissement de la population et la conjoncture économique » explique le document.
Néanmoins, les quasi 20% de la population française qui sont pour l'heure « déconnectés » ne le sont pas tous pour la même raison. L'étude sépare ainsi les Français en 4 groupes bien distincts.
On trouve ainsi, en premier lieu, une première catégorie (Les Minitélistes) qui rassemble environ 2,056 millions de Français « qui n'ont pas grandi avec Internet » et qui, de fait, n'est pas en phase avec l'aspect « connecté ». Une catégorie qui inclut notamment des personnes de 60 ans et plus et des personnes de la classe moyenne qui rejettent la technologie en prenant un retour aux « valeurs morales et spirituelles. »
En second lieu, 1,914 million de Français sont déconnectés en raison de leurs revenus très réduits, qui leur permet pas de s'équiper en conséquence. « La télévision est le média prioritaire par excellence » pour ces « Exclus », souligne l'étude, qui ajoute que, paradoxalement, « le média des bonnes affaires est inaccessible à ceux qui en ont le plus besoin. »
Le troisième groupe, dit des « Flippés », se constitue de 3,642 millions de Français qui sont, entre autres, soucieux de leur vie privée, et ne souhaitent pas mettre d'informations en ligne de peur que ces dernières soient manipulées ou exploitées. S'ils se connectent, ce n'est que pour de très courtes sessions de moins d'une heure, et avec le soin de ne laisser aucune trace - aucune opinion publiée, pas de connexion sur les réseaux sociaux - tout en étant très méfiants. Cette catégorie regroupe notamment des actifs entre 35 et 59 ans, des jeunes retraités ou encore de jeunes parents inquiets pour leurs enfants.
Enfin, la quatrième catégorie est peut-être la plus intéressante : c'est celle des « déconnectés 2.0 ». Ces derniers, qui regroupent 1,724 million de français, sont des déconnectés volontaires, qui aiment se couper de la technologie. Internet n'est pas leur source d'information prioritaire, et ils assument clairement ce choix de ne pas dépendre des réseaux sociaux ou des médias en ligne. Cette catégorie rassemble beaucoup de cadres entre 25 et 49 ans, souvent avec des enfants et des revenus aisés. « Ils souhaitent consommer avec sens mais avec des revenus aisés, il est plus facile de faire des choix et d'accepter des contraintes » explique l'analyse.
La déconnexion, une réponse à l'overdose ?
Si ce n'est pas toujours un choix de se déconnecter, beaucoup de connectés français voient également dans le Net un médium envahissant. Selon une étude MetrixLAB, 55,5%% des Français estiment qu'Internet « peut devenir une drogue », tandis que 39,5% considèrent qu'une absence de connexion à Internet est un « vrai problème ». Une forte majorité, 53,3%, n'éteignent pas leur téléphone au cinéma ou au musée.
Dans un tel contexte, on peut comprendre que des internautes français cherchent à couper le cordon (encore que, difficile en Wi-Fi) même si la démarche peut s'avérer difficile dans un monde de plus en plus connecté.