Derrière le succès de Summly (plus de 500 000 téléchargements sur iOS) réside une idée simple, et efficace : la plupart des articles de presse ne sont pas, du fait de leur longueur, adaptés à la lecture sur un écran de téléphone mobile. Cette application, disponible jusqu'à aujourd'hui en langue anglaise pour les terminaux Apple, se proposait donc de retravailler les écrits des grands médias aussi bien sur la forme que sur le fond.
Sur la forme, d'abord, avec une interface très aérée, inspirée de ce que proposent les Flipboard et consorts. Sur le fond, ensuite, avec le passage du texte au sein d'une moulinette censée permettre d'en extraire la substantifique moelle de façon à former un unique écran de lecture, cohérent et résumant l'article.
Pour les éditeurs, la promesse délivrée par cette application gratuite réside dans sa capacité à proposer des résumés succincts susceptibles d'entraîner ensuite l'internaute mobile vers la version complète de l'article pour plus d'information. Bref, une proposition de valeur très dans l'air du temps (pensez à l'incontournable « curation » vantée par tous les spécialistes du Web), qui a rapidement suscité l'intérêt général, en dépit d'algorithmes tout à fait perfectibles.
La raison de cet engouement tient, au moins en partie, au parcours de son fondateur, Nick D'Aloisio, jeune londonien aujourd'hui âgé de 17 ans. En 2011, à seulement 15 ans, celui-ci réussit en effet à intéresser un véritable fonds d'investissement (Horizon Ventures) avec son projet d'application capable de résumer les articles. Son projet, baptisé Trimit avant de devenir Summly, attire ensuite plusieurs investisseurs privés de renom, parmi lesquels Ashton Kutcher, Seb Bishop (RED, GOOP), Mark Pincus (Zynga) et quelques autres, pour une levée globale dont le montant atteindrait 1 million de dollars. Caution business supplémentaire : le milliardaire hong-kongais Li Ka-Shing (Hutchinson)... excusez du peu !
Summly passe aux mains de Yahoo
De quoi valoir à Nick D'Aloisio quelques articles enthousiastes dans la presse britannique au lancement officiel de Summly fin 2012. Entre autres groupes média ayant témoigné de leur intérêt pour le projet, un gros poisson nommé Yahoo se serait, d'après la rumeur, rapproché du jeune homme dès le mois de décembre 2012.
Cette prise de contact se transforme aujourd'hui en une acquisition pure et simple, réalisée pour un montant non communiqué. Yahoo indique que le jeune homme et son équipe rejoindront ses rangs dès que la transaction sera bouclée, soit dans le courant du deuxième trimestre.
« Avec plus de 90 millions de résumés lus en seulement quelques mois, c'est simplement le départ de notre technologie. Tandis que nous nous dirigeons vers un Web mobile plus fin, plus libéré et plus intelligent, les résumés continueront à faciliter la navigation au sein de cet univers de l'information en constante expansion », se réjouit de son côté Nick D'Aloisio.
Sa technologie, qui a immédiatement disparu de l'App Store, devrait à terme être intégrée à certains des produits Yahoo, indique le géant américain, très en veine d'acquisition sur le terrain des start-ups depuis que Marissa Mayer en a pris les commandes.