Le réalisateur de Kill Bill et Pulp Fiction n'est pas à prendre avec des pincettes : après avoir annoncé, la semaine dernière, renoncer à tourner son prochain film The Hateful Eight suite à la fuite du scénario sur Internet, le cinéaste attaque désormais le site Gawker en justice. La raison : le média a publié un lien menant vers le fameux script, après le début de l'affaire et les premières fuites.
Une fuite anonyme
L'affaire remonte à la mi-janvier : le nouveau scénario de Quentin Tarantino, en théorie en possession de 6 personnes seulement en lien avec le projet, se retrouve en ligne sur le site AnonFiles. Le 21 janvier, le réalisateur, en colère, déclare qu'il ne tournera finalement pas le film en raison de cette fuite sur Internet. « Je vais le publier. J'en ai terminé. Je veux passer à autre chose » déclarait-il alors au site Deadline.
Suite à cette annonce du réalisateur, de nombreux sites relaient l'information et certains n'hésitent pas à poster un lien vers le fameux script, sans pour autant l'héberger eux-mêmes. C'est le cas de Defamer, la branche de Gawker dédiée aux infos cinéma. A la fin d'un article daté du 23 janvier, on trouve bien un lien qui mène vers le scénario.
C'est cet article qui a suffisamment irrité Quentin Tarantino pour que ce dernier dépose plainte contre le site, accusé d'être un « prédateur » qui « ne respecte pas le droit des gens de se faire de l'argent » : « Plutôt que de simplement publier un article sur l'affaire, Gawker a franchi la ligne journalistique en faisant lui-même la promotion auprès du public de la première source permettant de lire le scénario illégalement. »
Atteinte indirecte au droit d'auteur
De son côté, Gawker se défend d'avoir participé à la fuite du script. « Nous sommes poursuivis pour atteinte indirecte au droit d'auteur, pour avoir fait un lien vers un site qui est poursuivi pour violation directe de droit d'auteur. Nous ne sommes pas poursuivis pour la publication d'informations sous copyright » explique le média, face à la confusion entraînée par cette affaire.
Le site, qui estime n'avoir rien fait d'autre que d'informer ses lecteurs concernant un fait connu depuis plusieurs jours déjà, compte bien se battre devant la justice pour faire valoir ses droits. On peut également souligner que le réalisateur, qui réclame 1 million de dollars de dommages et intérêts au groupe média, ne cible pas d'autres sites Internet. Gawker estime au passage que « c'est Tarantino lui-même qui a médiatisé cette histoire de script, ce qui a attiré l'attention sur lui. » Une affaire qui va potentiellement permettre de voir la question de l'atteinte au droit d'auteur sur Internet d'une autre manière.