Blend Web Mix - Pharmanity, une passerelle vers la Pharmacie 2.0

Guillaume Belfiore
Par Guillaume Belfiore, Rédacteur en chef adjoint.
Publié le 28 octobre 2015 à 17h12
Le secteur de la santé commence à évoluer en France et depuis quelques années, il est possible de vendre des médicaments via Internet. Dans cette tendance, la start-up Pharmanity se positionne comme un annuaire incontournable.

On le sait, les Français sont de gros consommateurs de médicaments et souvent, lorsqu'on se rend dans une pharmacie, non seulement on se retrouve face à une file d'attente, mais il faut également espérer que l'établissement dispose les produits prescrits bien en stock. La jeune pousse Pharmanity entend révolutionner ce domaine en proposant à chacun de prendre connaissance des médicaments disponibles en temps réel dans la majorité des pharmacies de son quartier, et le cas échéant, de les réserver pour passer les chercher plus tard. A l'occasion du salon Blend Web Mix, qui se déroule actuellement à Lyon, nous avons rencontré Samuel Mottin, fondateur de la jeune pousse et pharmacien.

Depuis combien de temps travaillez-vous sur Pharmanity ?

Samuel Mottin : Cela fait deux ans qu'on y travaille. Cela fait un an et demi que Pharmanity.com est en ligne. Nous ne sommes pas encore très connus du grand public puisque nous sommes encore essentiellement concentrés sur Grenoble. Mais l'ambition est bien sûr de nous déployer massivement au niveau national.

Si la réservation de médicaments est principalement disponible sur Grenoble il est possible de suivre les stocks des pharmacies dans toute la France. Comment y accédez-vous ?

S.M : Les pharmacies sont les premiers professionnels de santé à s'être informatisés, notamment avec l'arrivée du Tiers-Payant. Il y a trois logiciels leader qui équipent les pharmacies pour la gestion du stock. Aujourd'hui, nous sommes capables de nous connecter avec deux logiciels représentant 10 000 pharmacies sur les 22 000 établissements en France. Dans les prochaines semaines, nous serons en mesure d'ajouter le troisième logiciel et donc de communiquer en tout avec 18 000 des 22 000 pharmacies.

On récupère la quantité des produits ainsi que leur prix. Et on reformule ces informations pour les rendre lisibles par l'internaute

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De combien de partenaires disposez-vous pour la réservation de médicaments ?

S.M : Il y a la moitié des pharmacies de Grenoble, soit une trentaine, et plus de 150 pharmacies sur l'ensemble de la France.

Pour le client, l'idée est de faire gagner du temps parce que tous les produits ne sont pas disponibles dans tous les établissements. Par ailleurs, il sera possible de repérer ceux qui sont spécialisés dans un domaine en particulier, comme le dépistage du diabète ou du cholestérol. Aussi, ils paieront les médicaments au juste prix avec cette transparence.

Et quelle est votre stratégie commerciale ?

S.M : Nous apportons de la visibilité aux pharmacies. Il faut savoir qu'en tant qu'établissement de santé, elles n'ont pas le droit de faire de la publicité en dehors de leur officine. Elles tentent donc de se spécialiser avec un choix quasi-exclusif de produits sans toutefois avoir la possibilité de communiquer dessus.

Nous permettons aux pharmacies de gagner en visibilité sans faire de publicité pour l'aider à générer des ventes en plus.

Avez-vous déjà levé des fonds ?

S.M : Non, pas encore. Aujourd'hui on a une solution qui fonctionne. Nous devons encore affiner notre business model. Nous faisons aussi des sites connectés en marque blanche pour les pharmacies avec leur catalogue produit mis a jour en temps réel.

Mais ces sites ne sont-ils pas associés à de la publicité ?

S.M : Non, parce que le pharmacien n'en parle que dans son officine.

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Si le site ne dispose pas de compte utilisateur, l'internaute à la recherche d'un médicament est géolocalisé et reçoit des cookies. Cela pourrait-il éventuellement soulever des questions en ce qui concerne la sécurité de leur vie privée ?

S.M : Effectivement, on traque ce que font les gens sur le site, mais nous ne sommes pas capables de savoir qui se trouve derrière. Ça peut être vous, votre frère, ou quelqu'un qui utilise votre connexion Internet... On ne peut pas rattacher une recherche à une personne. La notion de géo-localisation n'est pas nominative, ça ne veut pas dire grand chose.

Comment avez-vous eu l'idée de Pharmanity ?

S.M : Je suis moi-même pharmacien et j'ai travaillé dans six établissements. J'ai été frappé par l'intensité du réseau à Paris et je savais que nous disposions de produits que les autres n'avaient pas. Début 2013, la vente de médicaments est devenue légale mais 90% des pharmaciens s'y opposaient. Cela engendre des coûts relativement chers notamment pour développer la plateforme et payer l'hébergement agréé Données de Santé. En plus ils ne pouvaient pas acheter d'AdWords pour le référencement, et puis il y a la partie logistique à assurer qui n'est pas le coeur de leur métier. J'ai donc voulu référencer leurs bons plans pour que toutes les pharmacies qui ne peuvent pas développer un site commercial ne soient pas lésées.

Avez-vous une vision internationale ? Les pharmacies des autres pays reposent-elles sur les mêmes logiciels ?

S.M : En France, la pharmacie est un marché un peu spécifique. Chaque pays dispose de son propre système de santé. Chaque ministère de la Santé publie ses propres règles pour la conception de logiciels de santé. Aussi, dans les autres pays, les médicaments ne sont pas organisés de la même façon, tous ne sont pas sur ordonnance, etc. C'est assez compliqué en termes de gestion.

En France, il y a un time to market mais la vente de médicaments est déjà autorisée dans d'autres pays depuis longtemps.

Envisagez-vous de déployer votre technologie en marque blanche auprès de prestataires de services tiers ?

S.M : Oui, en ce moment nous discutons avec plusieurs mutuelles. D'une part, on référence les pharmacies proposant des dépistages. Les mutuelles cherchent à faire des économies en faisant de la prévention. Donc ce type d'information pourra être présentée dans l'application mobile d'une mutuelle par exemple. Aussi, elles ont intérêt à promouvoir l'automédication pour ne pas payer les consultations médicales et ne rembourser que les médicaments. Il y a même des mutuelles qui remboursent des médicaments qui ne sont pas pris en charge par l'assurance maladie pour encourager l'automédication.

Je vous remercie
Guillaume Belfiore
Par Guillaume Belfiore
Rédacteur en chef adjoint

Je suis rédacteur en chef adjoint de Clubic, et plus précisément, je suis responsable du développement éditorial sur la partie Logiciels et Services Web.

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