© Pixabay
© Pixabay

L'entité indépendante a détaillé les premières affaires dont elle s'est saisie, sur les 20 000 affaires soumises, dont une majorité à la suite d'appels d'utilisateurs, et rappelé l'importance de sa mission.

Né de l'imagination de Mark Zuckerberg pour contribuer, en toute indépendance, à améliorer la politique de contenus et de modération de Facebook, et pour bloquer ses décisions le cas échéant, le Conseil de surveillance (ou Oversight Board) a publié, mardi 1er décembre, la liste et les détails des six premiers cas qu'elle a décidé d'examiner, souvent intéressants et relevant la complexité de la modération de contenus ou commentaires sensibles. Deux d'entre eux, liés à la Covid-19 et à des commentaires violents d'un ancien Premier ministre malaisien relayés par un internaute, concernent la France.

Le Conseil de surveillance invité à s'exprimer sur les contenus violents et haineux

Plusieurs mois après sa création officielle et la nomination de ses membres, le Conseil de surveillance de Facebook a publié la liste des premiers cas qu'il va se charger d'étudier. Sur les 20 00 soumis au Conseil, cinq ont été choisis à partir d'appels interjetés par des utilisateurs du réseau social, et un sixième cas a été transmis directement par Facebook.

Le premier cas résulte d'une affaire concernant les propos tenus par l'ancien Premier ministre de Malaisie, Mahatir Mohamad, qui dans deux messages publiés sur Twitter avait déclaré que « les musulmans ont le droit d'être en colère et de tuer des millions de Français pour se venger des massacres du passé », regrettant au passage que « dans l'ensemble, les musulmans n'ont pas appliqué la loi du talion » et appelant les Français au « respect des sentiments d'autrui ».

La capture d'écran des deux tweets fut publiée sur Facebook par un utilisateur, qui a vu sa publication supprimée par le réseau social, pour avoir enfreint les règles en matière de discours haineux. Sauf que l'internaute s'est défendu en affirmant que sa seule intention était de faire connaître les « horribles paroles » de l'ancien Premier ministre malaisien. Au Conseil de surveillance de trancher désormais.

Raoult, hydroxychloroquine et azithromycine au menu des membres de la « Cour suprême de Facebook »

Le second cas français, cette fois soumis par la plateforme directement, concerne, lui, une publication postée dans un groupe Facebook lié à la pandémie prétextant que l'hydroxychloroquine et l'azithromycine sont un remède contre la Covid-19. Au passage, la publication, une vidéo vue plus de 50 000 fois et partagée près de 1 000 fois accompagnée d'un texte, retirée par Facebook pour avoir enfreint sa politique sur la violence et l'incitation à la violence, critiquait ouvertement la réponse du gouvernement français face à la pandémie.

La vidéo et le texte l'accompagnant voulaient pointer du doigt un prétendu scandale de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), qui aurait refusé l'utilisation du traitement à l'hydroxychloroquine et à l'azithromycine, tout en autorisant l'envoi de mails promotionnels sur le remdesivir. L'utilisateur à l'origine de la publication évoquait ainsi « le remède de Didier Raoult ». Dans sa saisie, Facebook a indiqué au Conseil de surveillance que ce genre de publication constitue un défi pouvant causer de la désinformation sur la pandémie.

Les quatre autres cas, tous provenant d'appels d'utilisateurs, concernent la photo du petit Aylan, retrouvé mort sur une plage, utilisée dans une publication sur le traitement de la communauté des Ouïghours par l'État chinois ; des photos historiques indiquant le mépris du peuple azerbaïdjanais et le soutien à l'Arménie dans le conflit au Haut-Karabagh, avec de soi-disant photos d'églises de Bakou ; la publication sur Instagram de photos de nudité liées aux symptômes du cancer du sein ; et une dernière affaire sur un message qui contiendrait une citation de Joseph Goebbels, ministre nazi de la Propagande.

Le Conseil de surveillance, présidé par Paul G. Haaga Jr, devra se réunir pour prendre une décision pour chacun des six cas, qui pour certaines feront peut-être jurisprudence et seront agrégées aux règles de Facebook.