© Meta / Facebook
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L'autorité de la concurrence du Royaume-Uni s'apprête à bloquer le rachat du spécialiste des GIF par Facebook, nouvellement Meta. Elle craint que ce marché des images animées ne se concentre dans les mains du seul géant américain.

Les chances de voir Giphy avalé par Facebook s'amenuisent. Pour la première fois de son histoire, la Competition and Markets Anthority (CMA), l'autorité de la concurrence britannique, s'apprête à bloquer une acquisition effectuée par un membre des Big Tech, les géants des nouvelles technologies. Le régulateur, qui avait déjà sanctionné une première fois Facebook à ce sujet le mois dernier, devrait bien forcer la firme de Mark Zuckerberg à se séparer de Giphy.

Facebook dispose de moins de 48 heures pour se conformer à la décision du régulateur britannique

Au-delà du fait que Facebook, qui avait annoncé le rachat de Giphy en mai 2020 pour environ 400 millions d'euros, va sans doute déjà devoir revendre l'entreprise, c'est surtout le caractère inédit de la chose qui est à retenir. Jamais la CMA n'avait encore contraint un mastodonte de la Tech à dénouer un accord. Le régulateur britannique a pourtant longtemps discuté avec Facebook.

Dès le mois de juin 2020, le rachat fut suspendu par l'autorité, qui avait alors lancé une enquête visant à savoir si avaler Giphy pourrait causer une diminution de la concurrence favorable au groupe Meta sur le marché des images animées sur le territoire britannique. La CMA, qui redoutait que Facebook coupe l'accès aux GIFs à ses concurrents TikTok, Snapchat, Twitter et autres, avait ainsi demandé au groupe américain de prouver sa bonne foi.

Giphy

Au terme de son enquête, l'autorité de la concurrence du Royaume-Uni avait décidé cet été, au mois d'août, que Meta devait vendre Giphy pour ne pas entraver la concurrence sur ce marché. Elle avait condamné Facebook à une amende record de 70 millions de dollars le mois dernier – l'accusant de ne pas avoir fourni suffisamment d'informations sur sa mise en conformité vis-à-vis du marché des images animées – et laissé jusqu'au 1er décembre à l'entreprise pour livrer de nouveaux éléments en appel. Mais moins de 48 heures avant la date limite, rien de nouveau sous le soleil.

Stopper le rachat de Giphy, une réponse à la jurisprudence WhatsApp et Instagram ?

Outre le marché du GIF, le chien de garde britannique pense que le rachat de Giphy par Facebook pourrait éliminer un concurrent de l'entreprise sur le marché de la publicité display, et ce malgré l'absence même de Giphy sur ce marché. Aujourd'hui, Meta contrôle près de la moitié du marché britannique de la publicité d'affichage en ligne, et l'autorité rappelle qu'aux États-Unis, Giphy avait proposé de la publicité payante, redoutant ainsi qu'elle étende cette pratique au marché britannique.

En réponse aux agissements de l'autorité de la concurrence, Meta l'accuse « d'envoyer un message effrayant aux entrepreneurs qui démarrent : ne créez pas de nouvelles entreprises, car vous ne pourrez pas les vendre ». Le géant californien avait indiqué, en août, que le rachat de Giphy était dans l'intérêt des personnes et des entreprises britanniques et que sous la pression de la CMA, le spécialiste du GIF aurait de toute façon eu une activité relativement limitée. On imagine que l'ampleur prise par WhatsApp et Instagram, à l'époque petites entreprises devenues des mastodontes après leur rachat par Facebook, a pu jouer dans ce dossier. Est-ce donc une idée de génie du régulateur britannique ? Chacun se fera son avis.