« La décision de forcer les développeurs de jeux à utiliser les Facebook Credits et seulement les Facebook Credits comme monnaie virtuelle à l'intérieur de leurs jeux place probablement Facebook du mauvais côté des lois antitrust fédérales », estiment les cabinets d'avocats Newman Du Wors et Strange & Carpenter. Pour défendre cette idée (et incidemment inciter les éventuels mécontents à faire appel à leurs services...), ils ont inauguré cette semaine un site de campagne, stopfacebookcredits.com, visant à dénoncer l'hégémonie de Facebook sur le terrain des monnaies virtuelles.
Depuis l'été 2011, Facebook impose en effet aux développeurs d'applications (jeux sociaux par exemple) qui souhaitent vendre certains biens ou services virtuels d'utiliser sa propre monnaie, le Facebook Credit. Cette décision a, pour les avocats, deux conséquences immédiates. La première est qu'elle prive les développeurs de la possibilité de faire appel à un autre prestataire, dont les conditions tarifaires pourraient se révéler plus intéressantes que celles pratiquées par Facebook. La seconde, qui découle de la précédente, est qu'elle permet au réseau social de s'arroger 30% de toutes les transactions réalisées à l'aide de ses Credits.
Selon eux, la démarche viserait clairement à évincer la concurrence, et tomberait surtout sous le coup de la loi américaine contre les abus de position dominante, en relevant de la vente liée. Sur leur site, ils arguent ainsi des efforts de Facebook qui profiterait « de sa position de plateforme dominante en matière de jeu social pour devenir le fournisseur dominant de monnaie virtuelle sur le marché ».
Facebook n'a pour l'instant pas réagi à ces accusations. En juillet dernier, il justifiait toutefois de la sorte le fait d'imposer ses Credits comme la monnaie virtuelle unique en vigueur sur son réseau : « les Facebook Credits sont une monnaie virtuelle qui constitue une part intégrante de la plateforme Facebook. Ils offrent une expérience cohérente à quiconque veut acheter, gagner ou dépenser une monnaie virtuelle au travers des jeux sur Facebook. Nous voulons également aider les développeurs à dégager des revenus et se concentrer sur la création de jeux. Cela ne fonctionne que si tout le monde prend en charge la même devise virtuelle ».