Pour son année fiscale 2011, Facebook UK a payé 243 242 euros d'impôts sur les sociétés auprès du fisc britannique, révèle The Guardian. Un montant étonnant, sachant que l'entreprise californienne dépense en moyenne 341 000 euros de salaires par mois pour ses 90 employés travaillant au siège européen de Dublin. L'astuce est connue : les recettes de la société sont déclarées dans la filiale irlandaise, permettant de réduire l'assiette d'imposition à seulement 11% des résultats.
Ainsi, le réseau de Mark Zuckerberg a déclaré un chiffre d'affaires au Royaume-Uni imposable de seulement 25,3 millions d'euros, alors que les analystes tablent sur un résultat plutôt de l'ordre de 218 millions. Par une simple règle de trois, on calcule que Facebook aurait dû payer 2,1 millions d'euros d'impôts. Selon l'expert-comptable Richard Murphy, interrogé par le quotidien britannique, « Facebook s'adonne à une pratique courante dans le domaine des entreprises informatiques ». Contacté par The Guardian, le cabinet chargé d'auditer les comptes de Facebook, Ernst & Young, n'a pas souhaité répondre.
La capitale irlandaise compte d'autres sièges européens de grands groupes high tech : Yahoo!, Google ou encore eBay. Le texan Dell est situé quant à lui à Limerick, en Irlande également. Microsoft, Apple (iTunes), Sony (Reader Store) et Amazon ont eux choisi d'autres contrées : le Luxembourg. Un pays fiscalement attractif pour le e-commerce, dans la mesure où les produits achetés sont soumis à la TVA du pays de facturation, et non celui du client - une disposition qui changera au premier janvier 2015 avec l'entrée en vigueur de la directive européenne 2008/8/CE.
Ces nombreux exemples mettent ainsi sérieusement en doute la version officielle de Facebook sur les raisons qui ont motivé son implantation irlandaise... « Dublin est le meilleur endroit que nous avons trouvé pour recruter le personnel ayant les compétences requises pour gérer nos opérations en Europe ». Dans cette région, la société devrait améliorer son chiffre d'affaires de 37% en 2012, pour frôler les 300 millions de dollars. Mais le fisc n'en verra qu'un dixième.