Après avoir refusé en premier lieu, Facebook a finalement décidé de plier faces aux critiques et condamnations des médias et des internautes en supprimant une vidéo très violente qui circule depuis plusieurs jours sur le réseau social.
La vidéo au cœur de l'affaire est très violente : on y voit une femme agenouillée qui se fait égorger, puis décapiter par un homme posté derrière elle. Postée sur Facebook sans commentaire ni précision géographique, elle serait l'œuvre du cartel mexicain Los Zetas, tristement réputé pour ses exécutions filmées. Extrêmement perturbante, cette vidéo a circulé plusieurs jours sur le réseau social, avant que ce dernier accepte, au final, de la supprimer.
C'est à ne rien y comprendre : alors qu'il est généralement très réactif pour supprimer du contenu jugé violent ou agressif, le réseau social Facebook a, durant plusieurs jours, fait la sourde oreille. Interrogé en début de semaine par nos confrères du 20 Minutes suisse, le réseau social expliquait alors que sa « décision de ne pas supprimer ce contenu est basée sur le fait que les gens ont le droit de décrire le monde dans lequel nous vivons, de présenter et de commenter les actions », ajoutant au passage être un endroit où il est possible « d'attirer l'attention sur les injustices en postant un contenu dramatique ou inquiétant ».
Une réaction d'autant plus étonnant que Facebook a précédemment déjà eu la main leste en supprimant du contenu de ses pages, allant jusqu'à bannir des photos de femmes allaitant leurs enfants, ou le profil d'un utilisateur qui utilisait une image de L'Origine du Monde, de Gustave Courbet, comme avatar. Dans ses conditions d'utilisation, le réseau social met en garde ses utilisateurs : « Vous ne publierez pas de contenus: incitant à la haine ou à la violence, menaçants, à caractère pornographique ou contenant de la nudité ou de la violence gratuite. » Sur ce dernier point, la vidéo de la polémique atteint pourtant des sommets.
Revirement de situation
Depuis, la branche américaine de Facebook a finalement réagi et annoncé à la BBC la suppression de la vidéo, et de ses copies, de sa plateforme. « Nous allons supprimer les vidéos qui nous ont été signalées et réévaluer notre politique quant au traitement de ce genre de contenu » précise le service, qui ajoute néanmoins que « les gens partagent cette vidéo pour la condamner. Comme les journaux TV montrent souvent des atrocités bouleversantes, les utilisateurs peuvent partager ces mêmes contenus de manière à sensibiliser ».
Pour Facebook, il semblerait donc qu'une vidéo « abstraite », sans commentaire et sans détail sur sa provenance qui oriente son message, soit acceptable sur ses pages, aussi choquante soit-elle. Une démarche qui rappelle certaines des consignes affichées dans un document de modération dévoilé en février 2012 et qui explique que, dans certains cas, un contenu peut à première vue être une violation des règles du site, mais que sa légende ou un autre contenu lié peuvent démontrer le contraire. Il est alors du devoir des modérateurs de débattre du contenu pour juger s'il doit être retiré ou pas.
Reste que dans un tel cas, Facebook a mis plus d'un milliard d'internautes face à un contenu très perturbant, que les utilisateurs ont paradoxalement propagé en voulant (ou pas) le dénoncer. Si ce type de vidéos est malheureusement monnaie courante du côté sombre du Web, il faut avoir la volonté de le chercher pour tomber dessus, alors que Facebook l'expose sans avertissement au regard de ses adeptes, dont certains sont mineurs. Carton rouge pour le réseau social, dont on espère qu'il présentera rapidement de nouvelles mesures face à ce type de contenu.