Facebook a officiellement annoncé mercredi l'acquisition de l'application de messagerie instantanée WhatsApp. Le montant total de la transaction donne le tournis : il est en effet question de 16 milliards de dollars, répartis sous la forme de 4 milliards de dollars en cash, et 12 milliards de dollars en actions Facebook. L'opération a d'ores et déjà éfait l'objet d'un dépôt de dossier auprès de la SEC, le gendarme de la bourse américain.
L'accord de rachat prévoit par ailleurs que 3 milliards de dollars supplémentaires en action soient attribués aux fondateurs et aux employés (quelques dizaines, dont 32 ingénieurs) de WhatsApp dans les quatre ans qui suivront la conclusion de la transaction, soit une valorisation totale de l'ordre de 19 milliards de dollars.
Chaque utilisateur WhatsApp valorisé près de 40 dollars
Dans sa communication, Facebook met en avant les chiffres revendiqués par WhatsApp, à savoir 450 millions d'utilisateurs par mois dont 70% seraient actifs sur une base quotidienne et un volume global de messages échangés qui approcherait, chaque jour, la quantité globale de SMS envoyés dans le monde. WhatsApp recruterait en outre plus d'un million de nouveaux utilisateurs par jour.
« WhatsApp est en route pour connecter un milliard de personnes. Les services qui atteignent un tel cap revêtent une valeur incalculable », déclare Mark Zuckerberg, fondateur et CEO de Facebook, dans un communiqué.
Entre autres statistiques, WhatsApp verrait ses utilisateurs envoyer 600 millions de photos, 200 millions de messages vocaux et 100 millions de messages vidéo... par jour.
Qu'adviendra-t-il du service ? Facebook indique chercher à favoriser un environnement dans lequel des services complémentaires du sien peuvent progresser tout en profitant de ses ressources et de sa puissance. « Cette approche fonctionne avec Instagram, et WhatsApp fonctionnera de cette manière », indique le réseau social. La marque WhatsApp et ses différentes applications seront donc conservées, aux côtés de l'actuelle application de messagerie développée par Facebook (Messenger).
« Facebook Messenger est largement utilisé pour discuter avec vos amis Facebook, et WhatsApp pour communiquer avec tous vos contacts et des petits groupes de personnes. Dans la mesure où WhatsApp et Messenger répondent à des besoins différents et importants, nous continuerons à investir dans les deux », complète Mark Zuckerberg.
La culbute se révèle phénoménale pour les actionnaires et fondateurs de WhatsApp. « Bien que nous soyons capables de gagner de l'argent aujourd'hui, nous ne sommes pas concentrés sur la monétisation. Nous la voyons à cinq ou dix ans », déclarait en décembre dernier Jan Koum, fondateur et dirigeant de WhatsApp, affirmant alors qu'il n'était question ni de rachat, ni d'entrée en bourse. Il y a manifestement des offres qu'on ne peut pas refuser...
Aujourd'hui, WhatsApp n'affiche pas de publicité. Le service est gratuit, de façon illimitée, pendant douze mois, puis facturé 0,99 dollar par an.
Oublié le milliard pour Instagram ?
On se souvient à quel point le montant consenti par Facebook pour s'offrir Instagram avait interpellé en avril 2012 : à l'époque, beaucoup se demandaient quelle mouche avait piqué Zuckberberg pour que lui et sa société décident de dépenser plus d'un milliard de dollars pour s'offrir une application de partage de photos, là encore complémentaire des services déjà développés en propre par Facebook. Le montant, ici seize voire dix-neuf fois supérieur, ne manquera pas donc logiquement pas d'alimenter les spéculations. À titre de comparaison, le japonais Rakuten vient tout récemment de dépenser 900 millions de dollars pour s'offrir Viber, une application de messagerie instantanée revendiquant quelque 300 millions de membres.